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Mayerling : les potins de la comtesse de Martimprey

Publié le 17 août 2020 par Luc-Henri Roger @munichandco

À la fin de l'année 1920, la comtesse Floria de Martimprey publiait My Life with the Royal Spendthrifts (Ma vie avec les royaux dépensiers) en feuilleton dans le Washington Times. Dans le journal du 19 décembre, elle évoquait le drame de Meyerling.

Américaine, née Floria Drouillard à Nashville dans le Tennessee, elle avait rejoint sa tante Antoinette Polk à Cannes, qui avait épousé le général baron de Charette. Les familles royales et les grands nobles menaient alors grand train sur la Côte d'Azur. La villa Eucalyptus, résidence de la famille Charette, recevait le Prince de Galles, le futur Edouard VII, en ami. Le prince remarqua Floria et favorisa son entrée dans le monde. Elle y rencontra Bernard de Pourtalès, qui fit bientôt sa demande. Après quelques années, elle divorça pour épouser le comte de Martimprey.

Floria fréquenta des nobles qui jetaient leurs fortunes par la fenêtre. Elle connut les grands ducs russes, notamment le grand duc russe Boris, visita le sultan du Maroc et pénétra dans son harem, rencontra le maharajah de Kapurtalah, rencontra Aldul Hamid et put là aussi visiter son harem ; un grand d'Espagne tomba amoureux d'elle à Venise et menaça de se suicider si elle ne répondait pas à son amour, et devint amie avec Pauline de Metternich, qui lui raconta la vérité sur l'affaire de Mayerling, que cette princesse tenait elle-même de Léopold de Cobourg, fils d'un mariage malheureux, celui de Philippe de Cobourg, un des protagonistes du drame, et de Louise de Belgique.

La comtesse Floria nous raconte donc une histoire rapportée, dont les éléments sont ceux qui sont généralement admis, sauf qu'elle fait allusion à la rumeur qui prétend que Mary Vestera serait une enfant naturelle de l'empereur François-Joseph qui aurait été l'amant d'Hélène Vestera, tout en la démentant aussitôt. Un propos typiquement potinier.

Voici ma traduction de son texte sur le coeur du drame de Mayerling, expliqué comme un double meurtre [texte original anglais ci-dessous] :

[...] Le même après-midi, le prince héritier Rodolphe, accompagné de sa bien-aimée, partit dans un grand landau, très confortablement équipé, pour son luxueux domaine de chasse à Meyerling. Il avait invité un groupe de gais lurons et de bons vivants à le rejoindre. Il y avait des archiducs et des princes de la famille et plusieurs membres de la noblesse. Le prince Philip de Cobourg, me dit-on, venait d'être chargé par son beau-père, le roi Léopold de Belgique, de persuader Rodolphe de se séparer de la baronne et de cesser d'humilier la fille du roi. Par ailleurs, les Baltazzi, cousins de la baronne Mary, agissant au nom de la famille Vetsera, souhaitaient que Rodolphe trouvât un arrangement moins dégradant pour leur famille.La soirée se passa à festoyer et à boire abondamment. Rodolphe devint de plus en plus excité et offensant. La baronne se retira dans sa chambre.

La querelle reprit entre les hommes et une violente échauffourée eut lieu. Soudain, une bouteille de champagne pleine fut lancée à travers la pièce et vint frapper le prince héritier sur le côté de la tête. Il tomba au sol, la tête complètement enfoncée, de gros fragments de verre s'enfonçant profondément dans son cerveau.

A ce moment, la porte s'ouvrit et la baronne Mary entra. Tous les hommes de la pièce étaient complices, car ils avaient tous plus ou moins participé au drame. Mais voici que venait d'entrer une femme folle d'amour qui les dénoncerait sûrement au monde. Un revolver fut pointé et elle tomba morte, une balle avait traversé sa tête.

Cette version de la tragédie, qui m'a été racontée il y a longtemps, a récemment été publiquement confirmée par l'ancien Archiduc Léopold Ferdinand, cousin de l'empereur. Léopold était un personnage original, qui avait abandonné son rang impérial bien avant la chute de l'Empire pour épouser une actrice.

Certaines des personnes hautement placées impliquées dans la tragédie ont raconté à l'empereur ce qui s'était passé. Submergé par l'horreur et le chagrin, il donna l'ordre de supprimer les détails de l'affaire autant que possible à cause de la honte que cela causerait à sa maison impériale.C'est pourquoi elle a toujours été entourée de mystère, et le sera probablement toujours. [...]

[...] On the same afternoon Crown Prince Rudolph, with his sweetheart, set out in a great landau, loaded with all sorts of comforts, for his luxurious hunting estate at Meyerling.

He had invited a party of gay friends and bon vivants to join him. There were archidukes and princes of the famity and several lively members of the nobility

Prince Philip of Coburg, I was told, had just been commissioned by his father in law, King Leopold of Beigium, to persuade Rudolph to separate from the Baroness and cease to humiliate the King's daughter. On the other hand, the Baltazzi, cousins of the Baroness Mary, acting on behalf of the Vetsera family, wished Rudolph to make some arrangement less degrading to their family.

The evening was spent in feasting and copious drinking. Rudolph became wildly excited and offensive. The Baroness retired to her room. The quarrelling was renewed among the men and a violent scuffle took place.

Suddenly a full champagne bottle was hurled across the room and struck the Crown Prince in the side of the head. He fell to the floor with his head completely beaten in, great fragments of glass sticking deep into his brain.

At that moment the door opened and the baroness Mary entered. All the men in the room were bound together, for they had all been more or lses concerned in the deed. But here was a love-crazed woman who would surely denounce them to the world.

A revolver was raised and she fell dead with e bullet through her bead.

This version of the tragedy, which was told to me long ago, has recently been publicly confirmed by the former Archiduke Leopold Ferdinand, a cousin of the Emperor. Leopold was an original character, who abandoned his imperial rank long before the fall of the Empire and married an actress.

Some of the highly placed persons involved in the tragedy told the Emperor what had happened. He was se overwhelmed with borror and grief that he simply gave orders to suppress the details of the affair as far as possible because of the disgrace it would bring on his imperial house.That`s why it has always been involved in mystery, and probably always will be. [...]


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