Ground Up. 2 mots, 3 artistes et un projet hors norme initié par l’acteur immobilier le plus diversifié en Belgique, AG Real Estate. D’ici la fin de l’été, la tour technique de son emblématique IT Tower sera recouverte de la plus grande fresque d’Europe, faite de stickers géants et signée des mains d’ALVARI, KOOL KOOR et MINO1.
L’effervescence règne dans les couloirs d’AG Real à l’heure de lever le voile sur cet ambitieux projet. D’un côté, trois street artists de renom – ALVARI, KOOL KOOR et MINO1 – qui ont uni leurs forces et leurs signatures pour créer à six mains une fresque gigantesque. De l’autre, l’entreprise (Promo Signs) qui leur permit de décliner le fruit de leur travail en stickers géants et, surtout, les alpinistes pas comme les autres (d’Alpibat) chargés de les apposer et de les assembler depuis le sommet.
Sans oublier la société AG Real Estate, dont l’IT Tower de l’Avenue Louise servira de toile exceptionnelle pour l’œuvre… Un défi pharaonique qui conjuguera le savoir-faire de professionnels venus d’horizons multiples à une performance unique sur le Vieux Continent.
Les artistes
C’est en 2018 que les routes d’AG Real Estate, d’ALVARI, de KOOL KOOR et de MINO1 se croisent pour la première fois, à l’occasion de Brussels City Dolls. Une première campagne artistique menée au bénéfice d’une association caritative et couronnée de succès, qui donnera à chacun des envies d’encore. C’est donc naturellement qu’AG Real Estate fait à nouveau appel au trio pour le projet Ground Up. Pour ce faire, les trois hommes durent combiner leurs univers graphiques singuliers tout en respectant l’environnement urbain. « Nous avons dû apprendre à travailler en harmonie pour mener à bien ce projet plus grand que nature. Un résultat époustouflant de complicité. »
ALVARI, 46 ans, Néerlandais d’origine devenu Belge, installé depuis des années à Bruxelles et connu pour ses courbes gracieuses et organiques. « Je suis artiste-peintre professionnel depuis 2004. J’ai commencé par faire du graphisme publicitaire avant de faire un passage par les Beaux-Arts et de réorienter ma carrière. J’ai grandi à New York et suis arrivé en Belgique avec tout un bagage hérité de mon enfance aux Etats-Unis. Je suis issu de la culture skate, rock, DIY. Je travaille d’ailleurs encore souvent à partir de matériaux de récup’, en faisant ce qu’on appelle de l’upcycling… J’évolue sans CV, suis discret sur les réseaux sociaux et privilégie les rapports humains. Je suis heureux de faire partie d’un projet comme Ground Up, car je fais assez peu d’intervention urbaine. »
KOOL KOOR, l’ainé et âme sage du trio, est un artiste new-yorkais de 56 ans, originaire du Bronx et issu d’une famille d’artistes, qui s’inspire de l’architecture moderne et des civilisations utopiques. Il fut l’un des pionniers du street art en l’important en Belgique au début des années ‘80. « Le dessin a toujours été mon refuge. Dans mon enfance, j’étais très attiré par tout ce qui avait attrait à l’espace et à la science-fiction… Je me rappelle avoir regardé fasciné à la télévision les premiers pas de l’homme sur la Lune.» Créatif, il construit peu à peu son univers et se met d’abord au graffiti, griffonnant son nom dans toutes les cages d’escaliers dès 12 ans. A l’adolescence, il organise sa première expo, se lance dans des études d’art et… ne s’arrête plus jamais. Aujourd’hui basé à Bruxelles, KOOL KOOR célèbre cette année 40 ans d’exposition.
Enfin, MINO1 aka Victor Vector, pour le côté geek, l’amour des robots et l’univers digital… Fils d’une maman artiste mais sans réelle formation académique et totalement autodidacte, il explore un univers graphique aussi futuriste qu’énigmatique. « J’ai commencé par le tag et j’ai eu la chance de faire partie d’un collectif de DJs/ rappeurs/breakers/graffeurs créé à Bruxelles en ’89 : RAB… Une pépinière de talents qui forcément me tire vers le haut. J’ai toujours été fasciné par la culture US, les lettrages (celui des New York Yankees), les marques de sports (la NBA), les camions américains (la marque Peterbilt) … Et faire du logo reste mon péché mignon. Plus tard, je me suis penché sur la sérigraphie et j’ai évolué vers les stickers et l’impression textile. »
Trois hommes, dont les trajectoires se percutèrent il y a quelques années déjà et dont l’amitié depuis perdure. Trois artistes, qui s’expriment habituellement sur des supports très variés mais dans un but commun : transmettre aux passants une vision du futur stimulante et poser un autre regard sur le monde qui les entoure. Un message optimiste et inclusif qui, au travers de la fresque Ground Up, est adressé à tous les Bruxellois. « Notre société tente de trouver un fonctionnement par l’adaptation et l’évolution. Pour nous, artistes, c’est un choix de vie ! Peu importe qui vous êtes et d’où vous venez. Si vous vous octroyez du temps et de l’espace, le ciel est la limite de vos possibilités. »
Art de Haut Vol
Luc Dethine est le gérant d’Alpibat, une société d’alpinistes du bâtiment ou cordistes. « Je suis prof de gym à la base, mais je joue avec des cordes depuis 30 ans et exerce ce métier depuis 20. » Deux décennies au cours desquelles l’homme prit part à des missions hors-normes. « J’ai participé à la rénovation de l’Atomium par exemple, ou posé des paratonnerres à l’intérieur des cheminées de la centrale nucléaire de Tihange… » Chargés de coller les stickers qui formeront la fresque sur l’IT Tower, lui et ses collègues seront les chevilles ouvrières du projet Ground Up.« Le métier de cordiste est avant tout un moyen d’accès. Nous utilisons la corde et des nacelles pour atteindre des endroits difficiles, explique Luc Dethine, passionné. Cordiste c’est 20 métiers en 1 ! » Un métier où il faut donc savoir tout faire, comprendre vite et avoir deux mains droites. Un job dangereux qui demande d’analyser en permanence les risques de chutes et une véritable profession pour laquelle sont octroyés des brevets. « La météo est la difficulté principale. La pluie qui peut rendre la corde glissante et surtout le vent, dont nous avons fixé le plafond à 25 km/h pour ce projet. Au- delà, on ne travaillera pas, précise encore Luc Dethine. Ce sera le plus grand défi de ce chantier. »
Olivier Geelhand travaille quant à lui pour Promo Signs, entreprise qui gère l’aspect technique au niveau de la production. De la réalisation des fichiers en collaboration avec les artistes jusqu’à leur impression, en passant par leur conditionnement. « La totalité de la surface a été quadrillée grâce à une numérotation précise, et nous réalisons littéralement un puzzle géant, en imprimant coupons par coupons sur vinyle autocollant. Nous travaillons sur la tour technique du bâtiment, trois façades de 95 mètres de haut et d’une quinzaine de mètres de large. Soit plus ou moins 4000 m² de surface à couvrir et plus d’un millier de coupons autocollants à placer. »
Un projet aux mensurations vertigineuses, malgré plus d’un quart de siècle d’expérience au compteur de la société brabançonne. « Si Promo Signs est habituée aux tâches XXL, nous nous cantonnons le plus souvent à des campagnes commerciales. Et nous n’avions jamais pris part à un projet aussi conséquent que Ground Up. »
Projet Ground Up – IT Tower – ©archiurbain.be