Chadewick Boseman, acteur reconnu mondialement pour ses rôles de James Brown dans Get On Up ou T’Challa dans Black Panther est mort hier à 43 ans, sans que la police n’y soit pour quelque chose. Cancer du colon. Drame pour tout un tas de gamins noirs qui raccrochés à cette figure Marvel, la première du genre à mettre enfin un acteur de couleur en tête d’affiche d’un blockbuster moderne, dans un pays ravagé depuis 500 ans par le racisme et la suprématie blanche. Les colons, ce cancer. Eux-mêmes descendants d’hommes noirs, ayant pris le temps de pâlir au soleil d’une Europe qui n’en portait pas encore le nom, ni les envies délirantes de dominer un monde alors inconnu et sans frontières.
Puis lors, dès l’invention des bibles et des mythologies en tous genres (les mecs auraient pu écrire pour Marvel !), les religieux blancs ont décidé, d’un commun accord, que tout ceux qui ne seraient pas de la même couleur qu’eux seraient forcément inférieurs, ceux qui ne prieraient pas le même Dieu seraient forcément hérétiques et ceux qui vivraient en pagne en suivant les cycles naturels, de dangereux sauvageons psychopathes. Depuis Colomb, cet autre cancer érigé en héros des temps modernes, Hitler et d’autres génies aussi visionnaires qu’humanistes, les européens ont dominé à peu près tous les continents, pillant, massacrant et violant allègrement les cultures et les richesses, faisant de l’esclavage un métier rentable et respectable avant de laisser exsangue des dizaines de pays et de peuples.
En 2020, les mentalités n’ont guère évolué aux Etats-Unis, même si certains noirs sont devenus chauffeurs des bus où leur grands-parents étaient encore cantonnés aux sièges arrière dans les années 60. Il y a 60 ans…Certains sont devenus des stars du rap, du basket, du foot américain ou de la chanson pop. Mais dans l’Amérique de Trump, un noir reste seulement un délinquant et une menace potentielle. Dans un pays où les tueries de masses quotidiennes sont le fait d’anciens militaires blancs, de satanistes blancs ou de suprémacistes blancs, toujours prompts à aider Trump à sauver le pays d’une invasion généralisée et à gagner des élections qui semblaient perdues. A l’heure où la Nouvelle-Zélande condamne à vie le tueur de Christchurch, les raclures de bidet américaines qui hantent les rangs de la police et des groupes extrémistes semblent s’épanouir au grand jour, alors que semble s’approcher inexorablement l’idée d’une guerre civile, à laquelle American Nightmare et Hollywood nous préparent depuis quelques années. Le chaos comme seule réponse au manque d’intelligence. La haine comme seule alternative à la politique. Trump est un dangereux psychopathe à côté duquel, le Covid 19, l’ouragan Laura et le dernier Katy Perry sont des menaces bien dérisoires.
Jacob Blake a pris sept balles dans le dos, à bout portant, devant ses enfants. Même au Far-West les duels se faisaient de face, en bonhomme. Mais là, c’est toute l’Amérique qui vacille et qui pose un deuxième genou à terre, à peine trois mois après George Floyd. Le reste du monde regarde, impuissant, le rêve américain devenir cauchemar planétaire. Et les slogans brandis sous le coup de l’émotion, Black Lives Matter, Wakanda Forever, ne suffiront plus à l’heure d’éradiquer une des plus grandes menaces planétaires, Trump, ce cancer tenace et contagieux qui emporte avec lui tous ceux qui ont bâti leur vision d’un monde idéal sur des valeurs perfides et virtuelles : l’argent, la couleur de peau et la religion.
Aucun super-héros ne pourra malheureusement sortir le pays de l’ornière et de la violence dans lequel il s’est construit. Mais des bulletins dans l’urne pour Joe Biden (cet ultime espoir de 77 ans !), contribueront peut-être à ralentir la chute.
Get up !