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Lièvre de poche

Par Spiga

Il existe plusieurs manières d’échapper à la torpeur estivale qui sévit dans la région. Certains se couchent sur une chaise longue au bord du lac pour dévorer un livre de poche. D’autres préfèrent s’allonger dans un pâturage boisé pour admirer un lièvre de poche. C’est l’histoire que je vais vous conter dans ce carnet de terrain.

Ce soir de juillet, je me suis rendu dans un champ que je n’avais encore jamais affuté. Quelques repérages préalables m’avaient permis d’y voir des renards, des lièvres et des chevreuils. J’ai donc choisi de profiter de la fin des foins pour tenter ma chance au cœur du pré bardé de bottes de paille.

Un petit bosquet d’herbes hautes qui ont échappées à la tonte m’a servi de poste d’affût. Je me suis installé rapidement avant de débuter une longue attente. Ces moments de solitude dans la nature permettent de rêvasser un peu. Je me surprend à imaginer deux  renardeaux qui s’amuseraient à sauter sur la balle de foin posée face à moi, ou à surprendre une portée d’hermines courant dans les herbes.

Un bref mouvement m’a tiré de mes songes et a mis tous mes sens en éveil. En lisière de forêt, j’ai aperçu les grandes oreilles d’un lièvre. Il se terrait probablement depuis le début de mon affût dans une petite anfractuosité du terrain. Je ne pouvais que le deviner en tendant le cou par-dessus mon filet de camouflage. Il s’est avancé de deux pas, ce qui m’a permis d’enfin croiser son regard. Un pas de plus, et c’est ses moustaches vibrantes qui sont apparues. Deux pas encore, et le fier lagomorphe s’est dévoilé tout entier. C’était un très beau lièvre, fier et majestueux, avec son pelage fauve, ses oreilles parfaites et ses grands yeux d’or.

Déjà comblé par cette belle observation, la nature s’est montré vraiment généreuse lorsqu’elle a choisi de me relever de belle manière que le lièvre était en réalité une hase. Un levreau âgé de quelques semaines tout au plus a surgi de la forêt pour rejoindre sa mère. Comme monté sur ressorts, le lièvre de poche trépignait, courait en rond, s’avançait dans le champ avant de retourner se cacher dans le bois. Son remue-ménage a duré une petite minute en tout et pour tout. Après une brève tétée hors de portée d’objectif, le levreau est retournée s’abriter dans bois. Je ne l’ai plus revu de la soirée. La hase, elle, s’est encore offerte une longue sieste dans le soleil couchant avant d’aller rejoindre le bal des foins.

Et vous alors, êtes vous plutôt livre ou lièvre de poche pour passer une belle soirée d’été?

Val-de-Travers, le 11 août 2019

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