Au Petit-Pays, on pouvait être atteint de disgrâce et se relever aussitôt. Quelle que soit sa condition sociale. Chez nous il n'y avait pas besoin de faire grève, les institutions étaient bien huilées, la démocratie était solidement arrimée.
Voilà ce que dira en substance Julius Corderey dans sa conférence à la Fondation Bodmer sur le Petit-Pays, neutre et entouré de montagnes, qui, de pauvre, il n'y a pas si longtemps, s'est redressé et est devenu une exception sur le continent.
Julius Corderey est professeur d'histoire à l'université de Genève. Il fait partie de ces rares universitaires décorés de l'Ordre des Palmes académiques. Il est l'auteur d'un livre sur le Petit-Pays qui est le sien. Il l'a intitulé Une île en Europe.
Car le Petit-Pays se trouve planté au coeur de l'Europe. Au cours de son histoire, il est toujours parvenu à résister aux pressions extérieures. Il a surtout une cohésion unique au monde en dépit de ses quatre cultures et langues différentes.
Ce sont ses certitudes sur le Petit-Pays, avant que ne survienne la Déflagration. Quand celle-ci se produit, elle déconcerte les experts. L'impensable est arrivé. Le Petit-Pays, surpris, est confronté à la nature, indifférente aux hommes.
Les gens sont atteints de nostalgiose: Jadis dirigé vers un passé regretté, cette affection concerne ici un futur qui nous était promis ! diagnostique un médecin. Elle serait en rapport avec la déflagration et le réchauffement climatique...
À moins de savoir mettre en perspective la déflagration, l'avenir de l'exception - ce sera le titre du deuxième ouvrage du professeur Corderey - serait bien compromis. L'historien y devra donc ne rien négliger pour détenir la fin de l'histoire.
Francis Richard
Déflagration, Serge Bimpage, 544 pages, Éditions de l'Aire
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