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Marienbad août 1904 — La rencontre des deux monarques. Un excellent dîner et peut-être un peu de politique...

Publié le 17 septembre 2020 par Luc-Henri Roger @munichandco

Marienbad août 1904 — La rencontre des deux monarques. Un excellent dîner et peut-être un peu de politique...

Marienbad août 1904 — La rencontre des deux monarques. Un excellent dîner et peut-être un peu de politique...

Le Mémorial diplomatique du 21 août 1904 donne un compte-rendu détaillé de la rencontre des deux monarques qui eut lieu le 16 août 1904 à Marienbad. Voici pour commencer l'article du Mémorial, suivi de la photo de l'hôtel Weimar dans les restaurant duquel le roi Edouard VII donna un somptueux dîner en l'honneur de l'empereur. Le menu de ce dîner est présenté dans les vitrines du musée de Marienbad, voisin de l'hôtel Weimar.

L'empereur François-Joseph est arrivé mardi à Marienbad pour y rendre visite au roi Edouard VII. Peu après deux heures de l'après-midi le roi Edouard, vêtu de l'uniforme de feld-maréchal austro-hongrois et accompagné de son entourage, quittait en voiture particulière l'hôtel Weimar, pour se rendre à la gare. La foule massée sur le parcours fit au souverain un accueil chaleureux. L'ambassadeur de Grande-Bretagne attendait Sa Majesté à la gare. A deux heure trente, le train impérial arrivait, venant de la direction de Pilsen. L'empereur François-Joseph, revêtu de l'uniforme de feld-maréchal anglais, descendit lentement sur le quai, serra la main du roi et l'embrassa à deux reprises. Devant la gare, les deux souverains furent l'objet d'une ovation enthousiaste. La musique joua le Gott Erhalte.

Leurs Majestés se rendirent d'abord, en voiture, à l'hôtel Weimar, puis l'empereur repartit pour la villa Luginsland, appartenant à la municipalité, où le roi, accompagné du duc de Teck, vint lui rendre visite. Cette visite terminée, l'empereur reçut diverses délégations. Vers six heures, le roi Edouard vint chercher l'empereur, pour faire une promenade en voiture dans les bois. A sept heures, un dîner, auquel assistaient les membres des entourages de Leurs Majestés, ainsi que les autorités de Marienbad, eut lieu à l'hôtel Weimar. Le roi d'Angleterre prononça un discours. Il porta un toast à l'empereur François- Joseph et manifesta toute la satisfaction qu'il éprouvait d'avoir pu de nouveau le saluer sur le sol autrichien. En réponse à ce toast, l'empereur a levé son verre au roi, à la reine et à la famille royale. Après le dîner, Leurs Majestés sont passées dans les appartements du roi, où ils ont tenu cercle.

L'empereur et sa suite ont pris congé du roi peu avant huit heures et demie. Edouard VII a alors parcouru en voiture les principales rues de la ville pour voir les illuminations. L'empereur François-Joseph est parti le soir même pour Carlsbad.

En première page de ce même magazine, le journaliste qui signe " Interim " commente les discussions qui ont pu avoir lieu entre les deux monarques sur la situation politique internationale et notamment sur la guerre russo-japonaise qui fait rage :

Il est difficile de croire que l'entrevue du roi Edouard VII et de l'empereur François- Joseph, à Marienbad, ait eu pour objet, comme l'insinuent quelques journaux, des négociations importantes. Sans doute, des vues politiques ont pu être échangées sur les principales questions qui intéressent aujourd'hui les gouvernements des deux pays. Mais de là, à croire qu'il s'agit d'un règlement des affaires de Macédoine ou d'une intervention amicale en Extrême- Orient, il y a loin. Dans les Balkans, la situation résultant de l'entente austro-russe et l'adoption du programme des réformes, ne laissent guère de place à une action spéciale du cabinet britannique. La voie est tracée et il suffit delà suivre pour arriver à des résultats qui ne peuvent plus être retardés que par les agissements des comités bulgares. Dans le conflit russo-japonais, il est peu probable aussi que l'Autriche soit appelée à intervenir pacifiquement d'une manière particulière : les rôles des intermédiaires amicaux - si une démarche de ce genre est appelée à se produire - sont distribués d'avance aux alliés des belligérants respectifs, à la France et à l'Angleterre. Mais nous n'en sommes pas là : la lutte n'a jamais été plus acharnée, en Mandchourie et l'on n'est pas encore arrivé à ces résultats décisifs qui rendent une continuation de la guerre inutile et impossible, et font d'une intervention amicale une éventualité souhaitable parce qu'elle devient pratique. Cette phase des événements nous paraît donc encore bien éloignée. Mais il est certain que, si la question a été, nous ne dirons pas traitée, mais indiquée, le roi Edouard VII n'a pu que manifester les sentiments pacifiques qu'il a fait valoir en tant d'occasions ; et, d'un autre côté, l'on peut admettre que des tendances analogues ont dû être exprimées par François-Joseph, auquel M. de Kœrber, on s'en souvient, décernait récemment le titre d'Empereur de la paix. Intérim.

Le magazine revenait sur la question dans les "Lettres d'Angleterre " de son édition du 4 septembre :


[...] on parle d'un grand succès personnel que le roi Edouard aurait remporté à Marienbad. Y a-t-il eu des pourparlers entre le roi Edouard et l'empereur François-Joseph ? Ces pourparlers ont-ils eu trait à la guerre russo-japonaise ou à la Macédoine? On croit savoir ici que la doctrine de l'arbitrage, jugée avec peu de sympathie jusqu'à présent par les Autrichiens et les Hongrois, est maintenant accueillie avec une certaine considération par la presse de Vienne. Quant à la situation dans les Balkans, on pense que très certainement elle s'est améliorée et que le général de Giorgis n'est plus traité de turcophile et d'anti-autrichien grâce à l'appui que le roi Edouard VII lui a ouvertement donné. S'il en était ainsi ce serait un grand pas de fait dans la voie qui doit aboutir à l'application des réformes dans les trois vilayets européens de la Turquie. Le gouvernement britannique ne tient pas à augmenter le nombre des officiers et des sous-officiers de la gendarmerie en Macédoine ; mais il va sans dire que si la Russie et l'Autriche veulent absolument envoyer encore dans la Roumélie une douzaine des leurs pour activer l'œuvre de réorganisation, la Grande-Bretagne ne restera pas en arrière et agira exactement comme ces deux puissances, ne serait-ce qu'à titre d'essai. Enfin, nous verrons bientôt les résultats du séjour du roi Edouard à Marienbad. Pour le moment on en est réduit aux conjectures.


Marienbad août 1904 — La rencontre des deux monarques. Un excellent dîner et peut-être un peu de politique...

Marienbad août 1904 — La rencontre des deux monarques. Un excellent dîner et peut-être un peu de politique...

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J'invite mes lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne, et qui s'intéressent aussi aux complexités des relations internationales, à se plonger dans les textes que j'ai réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020). Certains de ces textes, dont surtout celui d'Arthur Savaète, abordent la problématique des relations internationales de cette époque qui allait conduire au carnage de la première mondiale.

Marienbad août 1904 — La rencontre des deux monarques. Un excellent dîner et peut-être un peu de politique...
Voici le texte de présentation du recueil (quatrième de couverture):

Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.

Comment s'est constituée la légende de Mayerling ? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'his toire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

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