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Islamo-gauchisme : le voile à l’Assemblée, pour ou contre ?

Publié le 18 septembre 2020 par Sylvainrakotoarison

" Maryam Pougetoux ne peut pas ignorer que le hijab a désormais une signification politique, même si cette signification ne correspond pas forcément aux convictions de toutes les femmes qui le portent. Déléguée de l'Unef, ayant choisi d'exercer des fonctions politiques et publiques, elle ne peut pas faire abstraction de cette signification. Ce n'est peut-être pas le sens qu'elle-même donne à ce symbole, c'est néanmoins celui qu'il a pour la plupart des gens, y compris des musulmans de sa génération, il suffit de lire les argumentaires qu'ils développement pour ou contre le port du voile pour s'en convaincre. Sachant tout cela, le choix de Maryam Pougetoux d'arborer un hijab dans le cadre de son mandat n'est pas neutre, et ne relève pas uniquement de sa foi et de son for intérieur. " (Aurélien Marq, "Causeur", le 23 mai 2018).
Islamo-gauchisme : le voile à l’Assemblée, pour ou contre ?
Ce qu'expliquait il y a deux ans cette réflexion dans "Causeur" reste toujours valable. Il évoquait la figure de Maryam Pougetoux, responsable de l'Unef de l'Université Paris-4 et par ailleurs, vice-présidente nationale de l'Unef, portant en permanence le hijab. Son portrait, réalisé par Aida Alimi et diffusé par la chaîne M6 le 12 mai 2018 (à l'époque, elle avait 18 ans), avait suscité quelques remous, notamment sur la compatibilité entre un engagement syndical et politique et le port "ostentatoire" d'un signe religieux qui signifie l'islam politique (en tout cas, comme le rappelle Aurélien Marq, interprété comme tel). Le Ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait même réagi, à l'époque, ainsi que la Secrétaire d'État chargée de l'égalité homme-femme Marlène Schiappa, aujourd'hui chargée de la citoyenneté auprès du ministre Gérald Darmanin.
Tout le monde a le droit d'avoir la religion qu'il veut, mais il est des cadres institutionnels où l'afficher ne paraît pas indiqué. Ce qui vient de se passer dans les locaux de l'Assemblée Nationale ce jeudi 17 septembre 2020 remet dans l'actualité l'un des flous du Président Emmanuel Macron dont le parti, LREM, s'est montré ici particulièrement divisé. Rappelons en introduction que le 15 avril 2018, Emmanuel Macron avait déclaré : " Ce voile n'est pas conforme à la civilité qu'il y a dans notre pays. C'est-à-dire au rapport qu'il y a entre les hommes et les femmes dans notre pays. ".
Jamais aucun texte n'a exigé des femmes musulmanes de porter le voile qui était avant tout un vêtement de circonstance. En revanche, le voile est, au-delà de toute considération religieuse, une insulte à la dignité des femmes. Un enfermement, qu'il soit volontaire (comme cela semble le cas ici) ou imposé par des proches (père, grand frère, mari).
Le Parlement est en session extraordinaire depuis ce mardi 15 septembre 2020 et travaille à nouveau après la courte période estivale. Parmi les nouveautés, la création, à l'Assemblée Nationale, de la commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse. Constituée le 8 septembre 2020, elle est présidée par la députée LREM de Haute-Garonne Sandrine Mörch, et a commencé ses séances d'audition ce jeudi 17 septembre 2020. Parmi les invités à écouter l'après-midi, des représentantes de l'Unef, et en particulier Maryam Pougetoux, portant le voile (ainsi que le masque, comme c'est obligatoire dans l'enceinte du Parlement).
Après l'introduction des syndicalistes étudiants auditionnés, le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont a pris la parole pour un rappel au règlement et a exprimé son indignation qu'une personne invitée porte le voile au sein même de l'Assemblée Nationale, considérant que c'était un " acte communautariste délibéré ". Il a annoncé que tous les députés LR de la commission allaient donc quitter immédiatement la salle en signe de protestation.
Encore plus courageuse, la députée LREM de Paris Anne-Christine Lang, par ailleurs l'une des vice-présidente de cette commission, a également exprimé son refus d'écouter une personne voilée : " Je vais (...) quitter cette réunion. En effet, je ne peux accepter qu'au sein de l'Assemblée Nationale, le cœur battant de la démocratie, où règnent les valeurs fondatrices de la République, dont la laïcité, nous acceptions qu'une personne se présente en hijab devant une commission d'enquête. ". Elle a quitté la salle très émue, sous la réponse sèche et méprisante d'une pourtant "amie politique" LREM présidente de la commission, Sandrine Mörch, considérant (à tort) que ce n'était pas le sujet et que c'était un " mauvais procès ".
Islamo-gauchisme : le voile à l’Assemblée, pour ou contre ?
Cet incident a marqué les médias qui, bien sûr, ne manqueront pas de le rediffuser fréquemment le lendemain pour évoquer le sujet ultrasensible qu'est le port du voile à l'Assemblée Nationale. Beaucoup de collègues députés non membres de cette commission ont exprimé dans la soirée leur solidarité vis-à-vis de leurs collègues pour cette indignation, en particulier (et à titre personnel) le député LREM Sylvain Maillard par ailleurs porte-parole du groupe LREM. Leur nouveau président de groupe, Christophe Castaner, va avoir du mal à maintenir dans la cohésion un groupe aussi hétérogène, d'autant plus que ces dissensions concernent les valeurs et pas les projets.
Il ne s'agit pas d'en faire une nouvelle "affaire du voile" comme la France aime bien s'en créer depuis trente et un ans, mais il s'agit cependant de dénoncer ce que l'islam politique, progressivement, est en train de faire. D'ailleurs, dans cette affaire, qui est un bon marqueur, il est intéressant à écouter les réactions de tous les responsables politiques et éditoriaux, et immanquablement, on retrouvera l'islamo-gauchisme se diffusant auprès de personnalités qui vous expliqueront gentiment qu'on a bien le droit d'être musulman (oui, évidemment) et que le leur refuser serait de l'islamophobie. En clair, il faut être tolérant avec les musulmans, ce qui, à mon sens, n'est pas le problème. La laïcité ne saurait stigmatiser aucune religion.
Ces islamo-gauchistes, on les retrouve à gauche de l'échiquier politique, évidemment, mais aussi parmi les écologistes, mais c'est moins voyant, à moins que vert, c'est vert... Ainsi, le nouveau maire de Bordeaux a posé la première pierre d'une mosquée, mais refuse d'installer le sapin de Noël qui fait la joie des enfants chaque année, sous des prétextes peu convaincants : on doit respecter l'islam, on n'a plus le droit de respecter le christianisme, si tenté que soit le fait que le sapin de Noël représente le christianisme. Bref, cette "tolérance" est toujours dans le même sens. Ou plutôt, à sens unique, dans l'esprit de ces idéologues.
Même relativisme avec la liberté d'expression. Ainsi, après le portrait de Maryam Pougetoux sur M6 en 2018, l'ancien candidat du NPA à l'élection présidentielle Olivier Besancenot s'était indigné le 25 mai 2018 sur RTL de la caricature en une du " Charlie Hebdo" du 23 mai 2018 représentant Maryam Pougetoux sous la légende : "Parcoursup c'est la m*rde... Ils m'ont prise pour diriger l'Unef" (à 18 ans, j'aurais trouvé cela au contraire très flatteur d'être caricaturé et affiché en une d'un journal satirique).
Choqué, Olivier Besancenot : " La une Charlie, elle m'a pas plu, elle m'a pas fait rire, c'est pas la première fois. Quant à ceux qui sont là à demander à tout le monde de prononcer le mot "laïcité", moi, le mot "laïcité", je peux le prononcer, mais le mot "islamophobie", je peux aussi le prononcer. ". On ne pouvait être plus clair : pour ces gens-là, la laïcité, c'est moins important qu'aider l'islam politique à se développer en France. C'est là le danger, pas les croyants, mais les politiques. L'hebdomadaire "Marianne" commentait ces déclarations : " C'est d'ailleurs le mouvement d'Olivier Besancenot qui est à l'origine du tournant communautariste de l'Unef : (...) à partir de 2012, c'est bien la tendance du syndicat étudiant issue du NPA qui a promu l'instauration de réunions "non mixtes" réservées aux femmes, puis "non mixtes racisées", c'est-à-dire interdites aux Blancs. ".
Attention à ne pas se méprendre. L'affaire de la commission parlementaire n'a rien à voir au microscandale provoqué par un élu RN du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en mal de notoriété, qui avait protesté le 11 octobre 2019 contre une accompagnatrice scolaire qui portait un voile. Elle était venu accompagner des enfants pour assister à une séance du conseil régional. La femme était discrète, n'était pas intervenue et ne dérangeait personne, ce qui est bien différent d'une personnalité convoquée officiellement par une commission d'enquête avec expression publique.
Du reste, des personnalités venues à des auditions de commissions parlementaires ont pu venir avec des signes ostentatoires de leur religion ...quand elles étaient invitées ès qualités : un rabbin, un prêtre, un pasteur, un imam, venus donner le point de vue de leur religion sur un sujet particulier (notamment dans le domaine de la bioéthique), s'exprimaient au nom de leur religion. C'est moins normal pour une syndicaliste étudiante qui, en principe, représente des étudiants et pas une communauté religieuse particulière (j'imagine qu'il y a des chrétiens, des athées, etc. à l'Unef).
D'un point de vue "juridique", c'est-à-dire, à la question de savoir si on a le droit ou pas de porter le voile quand on est auditionné par une commission d'enquête parlementaire, il faut se référer au règlement intérieur de l'assemblée en question, et, a priori, il n'y a rien qui l'interdit. Interrogé par France Inter, un administrateur de l'Assemblée Nationale a confirmé : " Aucune règle n'existe et n'empêche d'auditionner une femme voilée (...). Rien dans le règlement ne fait obstacle à une quelconque tenue pour une audition. ". Mais rien n'interdit les députés de compléter le règlement intérieur.
Bravo à la députée Anne-Christine Lang qui a été courageuse et dont l'indignation a rendu plus symbolique cette affaire, car si c'étaient seulement les députés LR qui s'étaient indignés, on aurait pu les accuser d'une manœuvre politicienne. Au moins, la protestation de cette députée LREM, qui embarrasse tout son groupe, ne peut être que sincère et grave.
Mais la députée va plus loin, et alors que le 25 mai 2018, le relativiste Olivier Besancenot insistait pour trouver un "équilibre" entre "laïcité", "droits des femmes" et "islamophobie", Anne-Christine Lang considère que ce n'est pas seulement une atteinte à la laïcité, le plus grave est une atteinte à la dignité de la femme. Dans un tweeet quelques heures plus tard, elle a en effet expliqué : " En tant que députée et féministe, attachée aux valeurs républicaines, à la laïcité et aux droits des femmes, je ne peux accepter qu'une personne vienne participer à nos travaux à l'Assemblée Nationale en hijab, qui reste pour moi une marque de soumission. J'ai donc quitté cette audition. ".
Elle a tout à fait raison. Je connais plusieurs amis musulmans pour qui les droits des femmes, la laïcité, et plus généralement les valeurs de la République et aussi, bien sûr, les lois de la République ne posent pas de problème, en ce sens qu'il n'y a aucune incompatibilité à suivre les règles institutionnelles tout en cultivant leur foi. Ceux pour qui cela semble incompatible (au point que ceux qui défendent les valeurs de laïcité et droits des femmes deviennent des "islamophobes") sont clairement des soutiens plus ou moins implicites de l'islam politique. Et de cela pour mon pays, je n'en veux pas ! Au groupe majoritaire (LREM) de prendre ses responsabilités et de prendre l'initiative de réviser le règlement intérieur en ce sens !
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