Police // De Anne Fontaine. Avec Virginie Efira, Omar Sy et Grégory Gadebois.
Comme Anne Fontaine a toujours su si bien le faire, Police est un portrait. Ce n’est pas un film policier au sens strict du terme comme certains l’attendaient. C’est d’ailleurs ce qui fait de Police un film original qui traite de l’humanité de ces trois flics parisiens. Cela ne pouvait donc pas être un polar classique où l’action policière serait au coeur même du récit. Ce portrait de flics est alors plutôt sympathique dans son ensemble, donnant une vraie humanité aux personnages. Police questionne sans cesse l’éthique d’un policier face à ce qu’il pense être une injustice au travers de trois personnages différents et surtout dont la façon de penser n’est pas la même. Chacun des personnages passe alors sous le microscope d’Anne Fontaine afin d’étudier ce qui les amène à faire ce qu’ils font et où ils peuvent aller. Grâce à la sobriété (parfois clinique) de la mise en scène, Police nous amène alors une histoire humaine où l’on s’attache rapidement aux personnages. Au milieu de la détresse et l’urgence, on sent la gravité de la situation de chacun des personnages et le casting est parfait pour l’incarner.
Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.
Virginie Efira est clairement parfaite sous les traits de Virginie. Anne Fontaine démontre une fois de plus à quel point elle aime les portraits de femmes car Virginie est son héroïne qu’on le veuille ou non. Police nous place alors en témoin de ce qui se passe et impuissant. Le film a alors l’intelligence de questionner tout de même ce que l’on aurait fait si l’on était à leur place, notamment grâce au tempérament différent de chacun des personnages en lesquels on pourrait imaginer se retrouver. Les maux (la solitude, l’amour, l’alcoolisme, la vie à la dérive, etc.) sont quant à eux présentés avec retenue sans en faire des caisses. C’est là dedans et dans ce regard sobre où la direction d’acteurs est clairement important que Police fonctionne si bien. Enfin, le fait que Police mette en scène des policiers du quotidien, les « vrais flics », est finalement ce qui fait une bonne porte d’entrée dans le récit. Notamment dans la construction au début qui nous permet de découvrir le point de vue de chacun des trois personnages. En somme, Police est un drame policier psychologique et touchant qui ne laissera pas de marbre.
Note : 6/10. En bref, portrait de flics soigné qui est suffisamment bien orchestré pour disséquer la psychologie des personnages et amener à parler d’éthique policière face à ce que l’un d’eux pourrait penser être une injustice.
Date de sortie : 2 septembre 2020