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La fille qui commençait une collection pas banale apte à la mener vers un divorce sanglant (si quelqu’un a les coordonnées d’un bon avocat ?)

Par La Chose

La fille qui commençait une collection pas banale apte à la mener vers un divorce sanglant (si quelqu’un a les coordonnées d’un bon avocat ?)

Hier, Loutre devait aller dans le dressing de notre maison pour prendre des vêtements tout propres.

Le dressing, c’est une petite pièce juste à côté de notre chambre, où Loutre range tous ses habits. Moi aussi j’y mets des pantalons et des teeshirts et des culottes et des chaussettes, mais Loutre a beaucoup insisté sur le fait qu’on devait vraiment séparer l’espace en deux parties à cause de mon sens très personnel du rangement.

– Voilà TA moitié, tu en fais ce que tu veux. Et là c’est MA moitié.
– Je vois pas pourquoi on devrait faire dressing à part, alors qu’on a le même compte en banque et le même lit.
– Parce que sur notre compte en banque et dans notre lit, je n’ai pas encore trouvé de manettes de console de jeu, de balles de tennis, de figurines en plastique, d’emballages de chips vides ou de boîtes de thon.
– C’est très exagéré, la boîte de thon je l’avais juste posée sur l’étagère le temps de me mettre en pyjama, je l’ai oubliée.
– A la base POURQUOI tu étais montée avec une boite de thon OUVERTE ?
– Bah je sais plus, ça devait être un snack nocturne pendant que je jouais à Skyrim.
– Je regrette d’avoir posé la question.

Donc hier, Loutre devait aller dans le dressing, j’ai entendu la porte s’ouvrir et après y’a eu un grand cri guttural (j’aime bien ce mot même si je sais pas très exactement ce qu’il veut dire, ça fait préhistorique je trouve).

– Mais QU’EST-CE QUE C’EST QUE ÇA ?
– Alors si tu parles du magazine de fesses, c’est pas à moi et c’est à voir avec Phlegmon.
– JE NE PARLE PAS DU MAGAZINE DE FESSES (d’ailleurs « Squales en rut » ???), je parle de tout le bordel que TU as posé sur MES mètres carrés !
– Ah. Ça.
– Ça sent très fort et ça fait du BRUIT.
– Oui, c’est Jean-Eudes et Côme.

Alors j’ai expliqué à Loutre que depuis qu’on avait eu des poussins par accident de négligence coupable, les naissances s’étaient un peu trop espacées, et que du coup, y’avait deux petits qui avaient une semaine de retard.

–  Tu vois, je pouvais pas les laisser avec les autres, ils sont vachement plus petits, ils se faisaient marcher sur la gueule, ils auraient été bouffés par les plus grands…
– Et donc tu t’es dit que tu allais installer une lampe chauffante, un enclos, de la paille et des mangeoires DANS LE DRESSING.
– Voilà.
– Et ça qu’est-ce que … mais bordel …. Du GUANO sur mon pull « Comptoir des Cotonniers » !
– Bah ça part en machine, hein …
– Mais ça ne se lave PAS en machine, putain de toi !
– C’est quoi la valeur d’un pull par rapport à celle de deux vies sauvées ? HEIN ?

Après que Loutre m’a loupée en me balançant la vieille console Super Nintendo qui était rangée sur mes culottes, j’ai dit à Côme et Jean-Eudes de pas trop s’inquiéter, que c’était juste un coup de grosse colère mais que ça allait passer. Pour fêter ça, Côme a fait caca sur la doudoune de Loutre.

Un peu plus tard j’ai entendu Loutre monter à l’étage et ouvrir la porte de la chambre d’amis, et juste après y’a eu comme le couinement d’un lapin qui vient de croiser Xavier Bertrand au fond d’un bois très sombre et très flippant.

– ET ÇA C’EST QUOI, MERDE !
– Ah, t’es dans la chambre d’amis.
– OUI. Je te rappelle que mon frère vient passer le weekend à la maison, je vais pas le faire dormir dans ton poulailler ?
– Bah non, t’es bête toi.
– Mais je vais pas NON PLUS le faire dormir dans la chambre d’amis, si j’ai bien compris ?
– Pourquoi ? Il peut pas partager ?
– Y’a 5 chats dans cette chambre, nom de Zeus ! CINQ !
– Mais tu vois, c’était une maman chat toute maigre et toute seule sous la pluie, je pouvais pas la laisser dehors non plus !
– Elle a pris la carte Famille Nombreuse ?
– Et comment je pouvais savoir, moi, qu’elle était enceinte ! Mais regarde, c’est John, Paul, Georges et  Ringo ! Ils sont nés hier, ils sont pas juste trop mignons ?
– …..
– Et la maman, je l’ai appelée Madonna, comme dans la chanson: « Lady Madonna, children at your feet »… tu piges ? Tu vois ?
– Je ne dis rien. Je ne dis rien. Je ne dis rien. Je ne dis rien. Je ne dis rien.

Le soir, Loutre a voulu aller prendre une douche et j’ai bien essayé de dire quelque chose pour prévenir, mais j’ai pas eu le temps, et ça a encore fait des histoires.

– BÊÊÊÊÊÊÊH mais qu’est-ce que c’est ????
– C’est Alice.
– Un serpent ! C’est un CAUCHEMAR, t’as mis un SERPENT dans ma baignoire !
– Mais relax, c’est une couleuvre, ça mord pas. Elle a pris un gros coup de chaud à cause de la canicule, demain elle sera en pleine forme et je la remets dehors.
– Un coup de chaud.
– Ouais, c’est une histoire de thermorégulation et tout ça. Mais t’inquiète, elle va s’en sortir.
– La Chose ?
– Oui ?
– Y’a combien de bestioles dont j’ignore l’existence, disséminées un peu partout dans cette maison ?
– Tu veux vraiment savoir ?
– J’INSISTE.
– Ben…y’a Billy dans le garage avec Bob (c’est un écureuil avec la patte abîmée et un campagnol qui a pris froid), et Jonas dans ton bureau.
– Et Jonas il a quoi ? Un cancer de la prostate ?
– Non, c’est un faon, il a perdu sa maman, demain je l’emmène au refuge des animaux sauvages.
– Putain, un remake de Bambi dans MON bureau.
– T’es colère ?
– Je vais chercher une chambre d’hôtel.

Alors Loutre a voulu s’asseoir sur le fauteuil devant l’ordinateur du salon pour aller sur Trip Advisor, et là encore j’ai pas eu le temps de prévenir, et c’est comme ça qu’on a encore fini aux urgences de Saint-Goître.

Le docteur Pilchard, il nous connait bien et quand ils nous a vu arriver, il a sorti le chariot de réanimation et tout, et il rigolait déjà.

– Elle a quoi encore, la parisienne ?
– C’est pas pour moi cette fois, c’est pour Loutre.
– Ah ? J’ai pas l’habitude. Coronavirus ? Encéphalite ?

Loutre hurlait des insultes sur son brancard, son visage était tout rouge et y’avait des postillons qui volaient dans tous les sens.

– Bouffée délirante aigüe ? a demandé le docteur Pilchard en essayant de l’examiner (mais c’était pas facile).
– Nan, faudrait baisser son pantalon pour …
– UN HÉRISSON ! T’as planqué un HÉRISSON sur ma chaise ! PRÉMÉDITATION, PUTAIN ! T’avais TOUT CALCULÉ ! TU SAVAIS ! TU SAVAIS !

Et c’est comme ça qu’on a failli divorcer pour la dix-septième fois (je te raconterai les seize autres un autre jour).


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