Comme un « besoin d'Ingrid »...

Mardi, 22 Juillet 2008 21:16

Par Francis Rosenstiel

Ingrid Betancourt, au delà des" faits" et de leurs multiples interprétations,   inutilement malveillantes, est devenue une réalité incontournable, un "concept" qui répond (heureusement ou pas) à un besoin de l'humanité.

Ne déclarait-t-elle pas, lors de sa conférence de presse à Paris, "mon rêve est de changer le monde".

Légion d'honneur bien méritée, Nobel en gestation, ou canonisation précoce ou tardive, tout cela souligne le caractère exceptionnel et symptomatique du phénomène.

Cela va d'ailleurs bien au delà de l'idée que le public ou les média se font de "la vérité". Elle importe peu en la matière !

Qu'il le veuille ou non, notre monde révèle un étonnant manque, et donc, comme un "besoin objectif d'Ingrid", tout comme il paraît aujourd'hui révéler un besoin grandissant d'Obama. Quelque part tout cela débarrasse de bien des culpabilités enfouies et diffuses Les relais de Grâce, ne sont jamais à négliger !

De tels signes paraissent révéler comme une angoisse existentielle ou réparatrice. Il y a là une gourmandise d'exorcistes ou de messies de rechange !

Ingrid a vocation à faire partager, son rêve présumé à l'humanité tout entière ! Son exemple, six années durant, vaut toutes les jurisprudences, certaines psychanalyses aussi.

Nous sommes loin des réflexions, pertinentes, ou non, quant aux mille et une méandres de cette libération. Les guerres ont leurs lois, et leurs détours aussi. Ce qui compte c'est la victoire de la liberté sur la servitude. Les opacités font partie des règles non-écrites, du "jeu". Du JE ?
Les enjeux l'emportent sur le jeu, si l'on peut dire.

Tout ou presque a été dit sur l'extraordinaire personnalité d'Ingrid, son courage certes, mais aussi sa maîtrise, en un mot la dignité vivante qui émane de cette femme d'exception.

Dès lors nous sommes bien loin des alchimies, plus ou moins généreuses qui tentent de minimiser, de relativiser, parfois d'humilier à des fins qui n'ont que peu de choses à voir avec les prétextes invoqués.

Un symbole universel, qui parle le langage de la liberté, vient de nous être collectivement rendu (offert).

Ce symbole vivant ne saurait seulement réintégrer la "vie ordinaire", politique ou non.

Autre chose, pour le plus grand nombre, doit l'attendre.

Elle ne saurait en rester là ; ni se vouer simplement au musée des grands exemples, même d'un panthéon des vivants.

Que cela plaise ou non, Ingrid, ayant été exemple, est devenue « fonction». Ce n'est pas Ingrid, mais le monde où nous vivons qui génère cela.

Certes on a parlé, d'ONU ou d ' UNESCO, mais ses options de vie dépassent, me semble-t-il l'institutionnel, même sublimé. Il lui faut des engagements «en marche" mus par d'autres moteurs.

Un itinéraire d'exemplarité s'impose à Ingrid, cet itinéraire n'a pas de terme.il ne paraît connaître que des étapes.

J'entrevois , comme dans un rêve, au moment, où Nicolas Sarkozy va  se rendre à Pékin pour la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques, qu'il invite Ingrid Betancourt, à l'accompagner, pour qu'à la tribune,  cette flamme vivante de la liberté, brille de tous ses feux, et  illumine, malgré tous les non-dits, depuis Pékin, le ciel d'un monde  où toute la lumière qu'il mériterait est loin de rayonner....pour le meilleur comme pour le pire!.

Francis Rosenstiel

Ambassadeur de bonne volonté du Conseil de l'Europe et président-fondateur du Forum pour l'Europe démocratique

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