Le discours de Macron du 2 octobre 2020 fera date.
En l'espèce, c'est la première fois depuis les années 30-40 qu'un chef d'Etat de l'Europe de l'ouest stigmatise ouvertement une religion et sa communauté de fidèles ou de supposés fidèles.
La campagne présidentielle de 2022 est lancée sur des bases on ne peut plus marécageuses où remontent les effluves infectes d'un sombre passé.
Alors que la crise économique, principalement causée par les choix cyniques du pouvoir macroniste durant l'épidémie de la Covid-19, ne fait que commencer et que 2 à 3 millions de chômeurs vont venir grossir les rangs des travailleurs précaires, Macron fait du Sarkozy et du Hollande à la puissance 10.
Macron fait diversion. Désigne de prétendus coupables et tente de diviser les classes populaires et moyennes pour assurer sa réélection. Toute la machine médiatique avait bien préparé le terrain et les cerveaux. Le débat politique se droitise à l’extrême. Il faut remonter aux années 30-40 pour constater que les médias dominants sont tous la propriété des oligarques. Quant aux médias publics, ils sont sous la surveillance du pouvoir, journalistes et éditorialistes dissidents ayant quasiment disparu des antennes.
Cet accaparement des médias par l'oligarchie permet de comprendre pourquoi, aujourd'hui, un délinquant multirécidiviste condamné pour incitation à la haine raciale dispose de sa propre émission quotidienne à la télévision à une heure de grande écoute. Que des éditocrates bien placés à droite, voire proches ou carrément de l'extrême droite ont leur rond de serviette sur les chaines d'info en continue, ou leurs propres médias pour diffuser leurs idées nauséabondes. Pour la petite et la grande histoire, il n'est pas inutile de rappeler que le programme du Conseil National de la Résistance prévoyait de libérer la presse des forces de l'argent.
Dans ce contexte médiatique, l'économie et le social sont devenus des sujets anecdotiques où les délocalisations, les fermetures d'entreprises, la régression du droit au travail, les suppressions de lits et d'hôpitaux publics, la casse des services publics et des des droits sociaux, ainsi que les plans de licenciements sont traités sur le mode de la fatalité, à l'instar d'un événement météorologique. Quant aux morts au travail ou de la précarité, ils sont totalement invisibilisés contrairement à ceux tués par un fou de Dieu, même si les premiers sont plus nombreux que les seconds... Les premiers dérangent. Ils questionnent et accusent les profiteurs du système économique capitaliste et les choix du pouvoir, à la différence des premiers.
Ainsi, dans ces médias du CAC 40 et publics, les choix économiques et sociaux des gouvernements successifs PS-EELV, LR-Modem et LREM ne sont jamais discutés par ces "intellectuels organiques de plateaux". A telle enseigne que plutôt que de défendre le bilan indéfendable du néolibéralisme, d'autres thèmes sont mis sur le devant de la scène via quelques faits divers isolés et parfois inventés. Et pendant ce temps, le Rassemblement national, ex-Front national, et sa cheffe continuent leur bonhomme de chemin. Ils se font très discrets, ne faisant l'objet d'aucune polémique puisque les médias du CAC 40 diffusent les thèmes centraux et l'idéologie du parti d'extrême droite, H 24, 7 jours sur 7 !
Aussi, les débats sur la laïcité, l'universalisme, la religion, le communautarisme, le terrorisme, l'insécurité, les racines culturelles, le vêtement républicain ont pour unique fonction d'occulter le bilan désastreux de 30 ans de politiques néolibérales. Certes, il ne s'agit pas de nier certains faits ou dérives. Toute religion a ses propres fous de Dieu, au demeurant extrêmement minoritaires parmi les croyants, qui essaient de contourner les lois de la République. Pour autant, désigner à la vindicte populaire une seule religion et l'ensemble de ses fidèles ou supposés fidèles est une faute politique et morale.
Pourtant, le discours sur le séparatisme de Macron a été salué dans les médias dominants. D'ailleurs, par personnes interposées, ou plutôt par "experts" ou éditocrates compagnons de route du RN et de LREM, mais aussi du PS et de LR, se révèle un réel consensus idéologique sur les plateaux TV et radios qui se traduit par la même instrumentalisation de l'insécurité, la même haine des musulmans ou prétendus musulmans en raison de leurs origines, la même vision néo-coloniale de la France, la même absence de critiques sérieuses vis-à-vis de l'Union européenne, le même soutien aux violences policières contre les manifestants, les mêmes critiques contre les travailleurs en lutte, la même adhésion à l'idéologie néolibérale, au productivisme, au consumérisme, au greenwashing et à l'exploitation sociale, ainsi que la même vision erronée de la laïcité.
Ce consensus idéologique LREM - RN, élargi au LR et à certaines personnalités du PS et d'EELV, est inquiétant au moment où le pays affronte une crise économique et sociale dont l'ampleur est semblable à celle de l'après le krach de 1929. Un consensus bien à droite de la droite, en d'autres termes à l'extrême droite qui réjouit l'oligarchie, gavée de milliards d'euros en cadeaux fiscaux, en évasion fiscale non combattue, en gros dividendes grâce à la manne des aides publiques versées sans contrepartie, et en régression des droits sociaux.
Hormis, la France Insoumise, quelle force politique arrivera à nous sortir par le haut de cette situation politique pourrie ? A moins qu'un mouvement social ne fasse table rase du macron-lepenisme, du capitalisme et de la Cinquième République...