Une jeune femme recluse dans une étrange maison au fond de la forêt. Elle rêve d’être Anglaise et s’est juré de ne plus jamais toucher une goutte d’alcool de sa vie. Elle attend un homme. C’est le tueur qu’elle vient d’engager pour qu’il tranche enfin le fil de cette existence sans but.
Non, ce n’est pas le pitch du prochain Bergman : Bergman est mort, mes pauvres enfants. C’est le début de la très jolie pièce de théâtre de Sophie Tonneau, jeune dramaturge d’une trentaine d’années, également comédienne et metteur en scène. Je serai toujours là pour te tuer est en réalité une comédie. Helen, la protagoniste, est emprisonnée dans ses souvenirs de comédienne ratée. Poursuivie par la mémoire d’un homme qui l’a trahie, elle est incapable de se suicider - j’y vois pour ma part une résonnance avec la poétesse Dorothy Parker qui écrivait :
Les rasoirs font mal ;
Les rivières sont humides ;
Les drogues sont brutales ;
Les pilules sont perfides.
Les nœuds se défont ;
Les flingues sont interdits ;
Le gaz ne sent pas bon ;
Autant rester en vie.
(Merci Périphérique pour cette traduction.) Helen engage donc un tueur qui s’avère être fin psychologue sous ses allures d’ours mal léché. Je ne vous en dirai pas plus…
Si Sophie Tonneau joue avec les codes classiques de la comédie romantique, elle le fait avec une finesse et un humour tout britanniques qui créent un univers en demi-teinte, un espace hors de la société et un histoire hors du temps ; comme si ces personnages, Simon et Helen, étaient le premier homme et la première femme et qu’ils devaient apprendre à s’apprivoiser pour atteindre -ensemble- l’éternité. Jusque dans la mort? Peut-être.
Sachez, amis parisiens, que cette formidable pièce se joue encore deux petites dates au Théâtre du Funambule Montmartre, les 25 et 26 mai 2008. Toutes les infos sont ici.
Le très beau texte de Sophie Tonneau est publié aux Editions L’Harmattan.