La suédoise Insurello est une de ces jeunes pousses qui, en toute logique, ne devraient pas exister. Pourtant, les carences persistantes de l'industrie de l'assurance lui offrent une opportunité en or, dont sa dernière levée de fonds en date, de 75 millions de couronnes (environ 7 millions d'euros), démontre qu'elle est convaincante et prometteuse.
À toutes les personnes qui ont été un jour victime d'un accident corporel, ayant engendré des frais médicaux, suspendu leur activité professionnelle (et leur source de revenus), laissé des séquelles (qu'elles soient physiques, psychologiques ou morales)…, Insurello propose de soumettre leur dossier, en quelques minutes, entièrement en ligne, afin d'obtenir l'indemnisation à laquelle ils ont droit, dont ils n'ont pas toujours conscience, auprès de tous les organismes concernés, compagnies d'assurance en tête.
Concrètement, le site de la startup met à disposition du visiteur un mini-parcours qui lui permet d'évaluer rapidement la possibilité de recevoir une compensation, à partir de quelques informations sur les circonstances de son accident. S'il souhaite poursuivre, il enregistre, gratuitement, une demande formelle, qu'il complète avec les justificatifs nécessaires et une procuration officielle. Il n'a plus alors qu'à attendre l'aboutissement de la procédure, à l'issue de laquelle il percevra 75% des sommes (éventuellement) collectées, et sans encourir aucun frais dans le cas où le résultat s'avère négatif.
Insurello est née (en 2016) et se développe uniquement en raison du manque de transparence dramatique qui règne sur l'univers de l'assurance. Entre ceux qui ignorent ou oublient qu'ils ont souscrit une police, ceux qui ne savent pas quels risques couvrent leurs contrats, ceux qui s'égarent dans les démarches à effectuer pour déclarer un sinistre, ceux qui perdent patience après des heures passées en discussions stériles…, des millions s'évaporent chaque année en indemnités abandonnées.
Le phénomène est tellement répandu et entré dans les mœurs qu'il donnerait parfois à croire qu'il est intégré dans les modèles d'affaires du secteur. Connaissant la complexité du sujet, comment se fait-il que chaque compagnie ne mette pas à la disposition de ses assurés – voire du grand public, sans restriction – des outils, similaires à celui d'Insurello, avec lesquels ils seraient encouragés à décrire le moindre pépin de la vie quotidienne et qui, a minima, les orienteraient vers les recours potentiels ?
La magie du monde technologique est de faire émerger une solution concrète dès qu'une friction de cet ordre est identifiée, surtout quand elle touche à la relation avec le consommateur. Ici, elle n'est certainement pas parfaite – même sans être implémentée à la source, l'ouverture des données d'assurance sur un mode « DSP2 » lui donnerait un sérieux coup de pouce –, mais elle a l'immense avantage de mettre en évidence un défaut historique majeur, qui mérite d'être corrigé. Les acteurs en place sauront-ils réagir ou persisteront-ils à négliger l'enjeu d'expérience utilisateur sous-jacent ?
Startup repérée grâce à Astorya et son répertoire de l'insurtech européenne (merci !).