L'impératrice Elisabeth d'Autriche a conquis à Rome une sympathie, un respect et une admiration extraordinaires. Chez cette illustre souveraine, d'ailleurs, la piété est accompagnée de toutes les grâces extérieures qui viennent de la jeunesse, de l'élégance, de la beauté. Rarement on vit un port plus noble, des manières plus affables, un esprit plus distingué, un sentiment plus délicat des arts , une prédilection plus marquée pour les gloires chrétiennes. Sa Majesté, le plus souvent accompagnée par M. le baron Visconti, a apporté dans la visite de Rome un sens parfait et un goût très-pur. Elle avait soin de recommander à son guide de ne point oublier de signaler les souvenirs chrétiens. Elle commençait ses excursions, comme elle les finissait, par une visite au saint Sacrement, priait avec une ferveur angélique, recherchait avec une tendre vénération les reliques des saints, s'informait des lieux qui ont été témoins des grands événements du pontificat de Pie IX, et montrait envers Sa Sainteté un attachement filial touchant. Etant allée visiter le Capitole, un jour qu'il faisait froid, Sa Majesté avait revêtu le costume national des Hongrois : robe de velours grenat, pèlerine de fourrures, coiffure de martre surmontée d'une aigrette. Pas un bijou; elle n'en porte jamais. Et le peuple, séduit par tant de beauté, l'a saluée du cri de Vive l'Impératrice! Combien de femmes de Césars ont gravi autrefois la rampe du Capitole ! S'il y en eut d'aussi belles, elles n'eurent certainement ni la modestie, ni la grâce, ni la piété de l'auguste Elisabeth. Au palais du Quirinal, elle s'informait minutieusement de tout ce qui avait trait au séjour qu'y fit le Pape, au commencement de son règne, écoutait avidement les récits du baron de Visconti et l'interrompait par des acclamations affectueuses pour Pie IX. « Il faut que je cherche dans les jardins, dit-elle , une place dont m'a parlé souvent la reine ma sœur, et d'où elle contemplait Rome. » Et elle alla s'y asseoir.
San Clemente