Dire qu’on aura vu des trucs surprenants depuis le début de cette pandémie est un euphémisme ! Mais là, on touche gentiment le fond avec cette saison 2 d’un confinement aussi crédible qu’une mise en examen de Nicolas Sarkozy ! Un reconfinement juste avant le week-end de la Toussaint avec des routes et des gares bondées ou des règles qui autorisent les mariages, mais avec 6 personnes max. Si l’on compte les mariés, les témoins, les parents des mariés, le maire ou le curé (ou autres selon vos religions respectives !), on est minimum à 8…Des écoles ouvertes, des transports en commun saturés…
Ces nouvelles règles, c’est un peu comme si on punissait un enfant en l’enfermant dans sa chambre avec sa PS 4, sa Game Boy, son ordi et YouPorn. Mais sans Chips et sans Sopalin. On a connu des captivités plus contraignantes. Même Natasha Kampush a souri en voyant les règles édictées par le gouvernement français. Certes les commerçants ne peuvent plus endurer de fermetures, sous peine de mettre la clé sous la porte pour de bon. Certes il faut sauver Noel, comme dans un mauvais téléfilm Disney… Oui mais, certes aussi, les hôpitaux ne peuvent plus accueillir de patients…Alors entre la santé financière des uns et la santé physique des autres, le gouvernement n’a pas vraiment tranché. Contrairement à un terroriste islamiste déterminé. Cet entre-deux moisi qui amène aujourd’hui les trois-quarts des commerces à être ouverts (en jouant sur le click and collect, ou en se mettant à vendre des baguettes ou des pizzas dans des magasins de brocantes pour donner le change). Je n’ai rien contre toutes ces merveilleuses professions, hormis peut-être les coiffeurs, par nostalgie, ou les Sephora, par pure méchanceté, mais à l’heure qu’il est, fleuristes, opticiens, cavistes, services public, banques, auto-écoles, garages (c’est le moment où jamais d’acheter une voiture électrique), opérateurs téléphoniques, artisans, btp et bien d’autres restent ouverts en brandissant le droit de nos compatriotes à consommer, quoi qu’il arrive ! Chacun, dans son bon droit, a donc décidé qu’il était essentiel à la société. Ce qui dans le fond n’est pas faux. Certains ne survivent à leur mariage ou à leur solitude qu’en allant aux putes, d’autres en allant au cinéma, certains en allant au cinéma avec des putes ! Mais c’est la vie des gens qui est avant tout essentielle à la société, surtout si l’on veut encore des consommateurs valides pour quand tout ira mieux. Un jour.
Les Fnac, qui vendent des câbles pour iPhone ont le droit d’ouvrir, mais pas les libraires. On arrive donc à cet épisode ubuesque où elles préfèrent fermer leurs rayons livres pour ne pas en rajouter ! Lunaire. En revanche, leur site internet, comme celui d’Amazon, continue de livrer en 24h chrono. Les hypers qui vendent de tout, et souvent n’importe quoi, restent ouverts. Mais pas les libraires. En incitant donc les gens à consommer, et donc à sortir dans les rues (bien évidemment dans un respect total du rayon d’1 kilomètre autour de chez soi…), peut-on vraiment s’attendre à ce que Noel se passe tranquillement en famille ? On n’est plus à l’heure de savoir si les gens peuvent fêter la Toussaint en laissant les cimetières ouverts, mais de savoir si les cimetières auront assez de places pour accueillir les milliers de morts annoncés. Une humanité raisonnable et raisonnée saurait patienter un mois sans se lamenter de ne pas pouvoir dépenser pour le Black Friday ou célébrer Halloween, cette mascarade mercantile pourtant très pertinente cette année. Nos amis américains vont dépenser 8,8 milliards en costumes, déguisements et décorations de leur mobil-homes, pour situer un peu les priorités entre le COVID et les élections, dans un pays dévasté par le chômage, la pauvreté galopante et au bord d’une guerre civile et raciale…Alors que pour nous, ce sera une guerre de religion !
Comment va-t-on faire si l’on ne peut plus aller à Courchevel racletter pour le réveillon ? Ce que certains osent appeler aujourd’hui une privation de droits individuels, de libertés, est d’une indécence folle alors que cette maladie touche le monde entier avec les mêmes causes et les mêmes effets : des milliers de morts et une économie à l’arrêt, qui va affaiblir encore les plus faibles. On parle juste ici de bon sens…Être capable une fois dans sa putain de vie d’arrêter ses excès en tous genres, de surconsommer pour se donner l’impression d’être vivant, de respecter des règles d’hygiène simples et efficaces pour sauver les autres sans penser forcément à sa gueule, »parce que c’est comme ça, c’est nos traditions, nos habitudes, notre droit », et aux conséquences fâcheuses sur ses week-end ou la sortie du nouvel iPhone, qui aurait tant fait plaisir à Dylan, 6 ans, après une année si compliquée.
Oui l’année à été dure pour tout le monde. Pour toutes les professions, pour toutes les tranches d’âge, pour tous les peuples, du moins ceux qui n’étaient déjà pas en guerre ou en dictatures à la coule. Oui, c’est dur d’avoir 20 ans en 2020, mais sûrement moins qu’en 14-18 ou 39-45, quand cette catégorie fraiche et vigoureuse allait défendre les intérêts du pays, sans avoir à donner son avis, contre une petite médaille et un nom gravé sur un monument gris et froid. Dylan et les gens de 20 ans s’en remettront sans problème. Il faut faire attention avec les sentences larmoyantes. Il faut faire attention avec l’indécence. Ce qui se passe aujourd’hui est dramatique pour beaucoup, surtout dans nos pays confortables, aseptisés et protégés de tout conflit majeur depuis des années… ‘’Oui mais les attentats quand même !’’…Oui comme en Espagne, en Angleterre, en Belgique ou en Allemagne, ces pays qui prônent peu ou prou la même liberté que la nôtre d’être heureux, éduqués et informés. La France est sûrement mal préparée, mal équipée pour un état de son statut, mais pas plus manipulée qu’un autre pays, chacun subissant aujourd’hui une situation sanitaire redoutée, anticipée dans la littérature et au cinéma, mais qu’aucun analyste économique n’a pu (ou voulu) englober dans ses prévisions comptables. Chiffres en berne, mais qui n’affectent à priori pas les patrons milliardaires pour qui l’on continue d’œuvrer quotidiennement.
Dramatique année 2020, où l’humanité aura encore régressé, terrassée par un simple virus bien moins prévisible que le bug de l’an 2000. Et si tout ne s’est pas éteint à l’aube du 21e siècle comme annoncé pas Nostradamus, les Mayas, ma concierge et Paco Rabanne, les années 2000 ont apporté avec elles la téléréalité, l’explosion d’internet et l’arrivée des smartphones…puis le développement tentaculaire et incontrôlable des réseaux sociaux. Depuis, bizarrement, l’humanité à cesser de réfléchir, préférant regarder son reflet peu ragoutant dans des selfies, vivre dans un écran Retina tout en donnant son avis sur les pensées des autres, le changement climatique, les tenues de ma soeur et la politique internationale. Le bug était finalement plus dévastateur que prévu. Les génies bienfaiteurs de la Silicon Valley ont vu leurs créations leur échapper et se transformer en monstres mutants. Comme souvent, les utilisateurs en ont fait autre chose…quitte à mener au chaos généralisé. Les likes et les clicks, le buzz et les fake news ont eu raison de la pensée politique de l’ancien monde. Les complotistes ont pignon sur rue. Plus d’analyse, plus de recul, plus de discussion. Réactions à chaud et dans l’émotion. La bêtise et la violence se sont propagées à une vitesse grand V, et feront sur le long terme, bien plus de victimes que le Covid. Alors gérer une crise sanitaire dans ces conditions…
Je n’aimerai pas être à leur place, mais ce second confinement et ces règles à la carte ne présagent rien de bon. Certes, il vaut sûrement mieux être dehors que devant son ordinateur ou devant les chaînes d’infos. Et continuer d’acheter des livres. Partout où l’on peut. C’est un acte de résistance vital sur le long terme. J’ai commencé la biographie d’Olivier Giroud : Toujours y croire.