Magazine Société

Apocalypse à la Toussaint ?

Publié le 01 novembre 2020 par Sylvainrakotoarison

" La peur est notre émotion la plus profonde et la plus forte, et celle qui se prête d'elle-même à la création d'illusions défiant la nature. " (Howard Lovecraft, 1937).
Apocalypse à la Toussaint ?
Nous avons eu la catastrophe nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986. Nous avons eu les deux Tours infernales avec les attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001. Nous avons eu le tsunami géant dans l'Océan Indien le 26 décembre 2004. Nous avons eu la catastrophe nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011. Nous avons la pandémie de covid-19 qui mobilise l'attention de l'ensemble des pays et des peuples du monde depuis janvier 2020. Aurons-nous ce lundi 2 novembre 2020 une nouvelle catastrophe planétaire, le choc d'un astéroïde contre notre bonne vieille Terre ?
Le 31 octobre 2020, pleine lune pour Halloween dont les enfants sont privés de défilé pour cause de reconfinement. Le 1 er novembre 2020, c'est la Toussaint. Pour les chrétiens, ce n'est pas la fête des morts mais la fête des vivants, la fête de tous les saints. Le gouvernement a exceptionnellement accepté qu'il y ait des messes à cette occasion. Le 2 novembre 2020, c'est la journée des défunts. Enfin, le lendemain, c'est l'élection présidentielle aux États-Unis.
Cette journée des défunts est particulière cette année. D'abord, à cause de la forte mortalité du covid-19. Le monde est éprouvé, avec près de 1,2 million de décès depuis le début de la pandémie, et hélas, tout laisse entendre que ce qu'on appelle la "seconde vague" sera bien plus meurtrière que la première vague du printemps dernier parce que les mois qui viennent vont être froid dans l'hémisphère nord. La France hélas, a été particulièrement touchée par le coronavirus SARS-Cov-2 (plus de 36 000 décès) au point de devoir subir un deuxième confinement après l'explosion vertigineuse du nombre de malades nécessitant une assistance respiratoire depuis quelques semaines.
Depuis le début de l'été 2020, la pandémie ne suffit plus à cauchemarder : le Web bruisse en inquiétudes diverses et variées sur ce lundi 2 novembre 2020. Non, pas à cause de la rentrée scolaire (une vraie rentrée scolaire malgré le confinement) mais à cause d'un astéroïde détecté il y a deux ans et qui s'approche vertigineusement de notre planète Terre.
Effectivement, et c'est très "fréquent", des astéroïdes peuvent s'approcher de la Terre dans leur trajectoire spatiale, dans leur "petit" tour galactique. L'hypothèse bien documentée d'une chute d'un astre extraterrestre sur la Terre pour expliquer la disparition des dinosaures il y a 65 millions d'années peut expliquer cette nouvelle peur du XXI e siècle.
Apocalypse à la Toussaint ?
A contrario, c'est normal aussi d'avoir quelques réticences à croire aux premières rumeurs venues de l'Internet quand on évoque la fin du monde. Les Philippulus (du nom du prédicateur de malheur de "L'Étoile mystérieuse", dans les Aventures de Tintin de Hergé) sont nombreux et je me souviens de la crainte stupide du 21 décembre 2012 sous prétexte que les Mayas n'auraient pas continué leur calendrier. Comme si, ici et maintenant, nous allions subir le même sort de fin du monde le 31 décembre de chaque année sous prétexte que nos calendriers s'arrêtent le 31 décembre, raisonnement identique en poussant jusqu'au 30 juin suivant pour les calendriers scolaires (je n'ai pas dit solaires).
D'ailleurs, pour les amateurs de coïncidences, parmi les connaissances de la civilisation maya, il y a un site archéologique au Guatemala qui a été découvert en 1996 et qui a été appelé, cela ne peut pas s'inventer, "Corona" (à ceux, crédules, qui pensent que le covid-19 était connu dès 2004 simplement parce qu'il y a des publications scientifiques et des brevets qui parlent de coronavirus, mais ce n'était pas le même, on pourrait affirmer que c'était même connu bien avant !).
Revenons plus sérieusement à notre astéroïde du 2 novembre 2020. Découvert le 3 novembre 2018 lors de son dernier passage (premier passage observé), il s'appelle 2018 VP1 et son diamètre ne mesure qu'environ 2 mètres. Cela a suffi à de nombreuses personnes pour exprimer leur peur, jusqu'à construire des bunkers (on imagine que si cela avait fait disparaître une espèce aussi costaude que les dinosaures, le moindre bunker aurait été détruit dès le début de l'impact), ou à s'inscrire à des stages de survivalisme (mais là, on serait plutôt dans le recrutement pour sectes).
Apocalypse à la Toussaint ?
Selon Jonti Horner, professeur d'astrophysique à l'Université du Queensland du Sud en Australie, l'astéroïde a été observé vingt et une fois en treize jours, ce qui a permis de placer treize points sur une trajectoire que les chercheurs ont donc pu modéliser avec une certaine précision.
Pour rassurer tous les Terriens, la NASA a publié un tweet le 23 août 2020 qui n'a fait que confirmer, pour certains internautes, le risque d'une collision : " Asteroid 2018 VP1 is very small, approx. 6.5 feet, and poses no threat to Earth! It currently has a 0.41% chance of entering our planet's atmosphere, but if it did, it would disintegrate due to its extremely small size. ". Selon ces explications de NASA Asteroid Watch (le service de surveillance des géocroiseurs de la NASA), il n'y a donc (je traduis) que 0,41% chance que l'astéroïde atteigne l'atmosphère terrestre, et quand bien même l'atteindrait-elle que ce ne serait pas très grave puisque l'astre serait désintégré avant même d'atterrir au sol terrestre.
On se souvient d'ailleurs de la chute d'une météorite le 15 février 2013 dans le ciel de la ville russe de Tcheliabinsk, dans l'Oural ; l'astre avait un diamètre d'environ 19 mètres (beaucoup plus gros que 2018 VP1) et n'avait été détecté par aucun radar, ce qui a produit une énorme explosion à quelques dizaines de kilomètres au-dessus du sol et provoqué de gros dégâts et surtout, a blessé plus de 1 000 personnes. L'explosion a libéré une énergie équivalente à trente fois celle de la bombe nucléaire qui a détruit à Hiroshima.
Pour ce lundi 2 novembre 2020, il sera impossible de prédire à quel endroit exact du Globe le 2018 VP1 va "frôler" la Terre, ni à quelle heure, mais les calculs (qui peuvent se tromper) ont montré que l'astéroïde passerait a priori à 3,7 millions de kilomètres de la Terre, soit (très grossièrement) environ 10 fois la distance entre la Terre et la Lune. Dans les calculs, la distance minimale potentielle du passage de 2018 VP1 serait de 1 300 kilomètres de la surface terrestre, et dans ce pire scénario, l'astre resterait trop petit pour provoquer des dégâts.
Trois raisons donc de ne pas s'inquiéter : 1° l'astéroïde va passer trop loin de la Terre pour avoir un effet ; 2° dans le cas où il s'écraserait quand même contre la Terre, il serait détruit avant même d'arriver au sol ; 3° et même dans le cas où il ne serait pas détruit, il y aurait encore peu de chance qu'il tombe sur une zone habitée, puisque au moins 71% de la surface de la Terre est recouverte d'océans (sans compter les montagnes, les forêts et les déserts).
Du reste, des passages d'astéroïde à proximité de la Terre ne sont pas nouveaux dans l'histoire spatiale et en raison de la finesse des instruments d'observation et également des programmes d'observation et de surveillance, on les repère désormais plus nombreux ces dernières années, même si on ne les repère pas tous. Ainsi, selon le programme de surveillance des géocroiseurs de la NASA, on peut détecter plus de 90% des astres de diamètre supérieur à 1 kilomètre, mais seulement 25% lorsque le diamètre est compris entre 140 mètres et 1 kilomètre.
Ainsi, le 13 novembre 2019, l'astéroïde 2002 NT7 d'un diamètre de près de 2 kilomètres est passé à 61 millions de kilomètres de la Terre, soit quasiment la distance entre la Terre et Mars en été 2018 (distance certes exceptionnelle). Notons cependant que la collision d'un astéroïde d'une telle taille avec la Terre serait une véritable catastrophe, capable de détruire un continent et de provoquer un changement climatique global. (Qu'avez-vous fait le 13 novembre 2019 ?).
Le passage d'un astre le plus proche de la Terre a eu lieu le 16 août 2020 à 6 heures 08 (heure de Paris) avec l'astéroïde 2020 QG qui est passé à moins de 3 000 kilomètres de la Terre (2 950 exactement) au-dessus de l'Océan Indien et pas très loin de l'Antarctique. Tony Dunn a tweeté le lendemain, 17 août 2020 : " Newly-discovered asteroid ZTF0DxQ passed less than 1/4 Earth diameter yesterday, making it the closest-known flyby that didn't hit our planet. ". (Qu'avez-vous fait le 16 août 2020 ?). D'un diamètre compris entre 2 et 6 mètres et d'une vitesse de 12,3 kilomètres par seconde (soit plus de 44 000 kilomètres par heure), cet astéroïde ne présentait pourtant aucun danger pour la vie humaine car en cas de collision, il se serait désintégré en pénétrant dans l'atmosphère terrestre.
Donc, don't worry !!
(et bonne Toussaint).
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (31 octobre 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Apocalypse à la Toussaint ?
Bill Gates.
Benoît Mandelbrot.
Le syndrome de Hiroshima.
Au cœur de la tragédie einsteinienne.
Pierre Teilhard de Chardin.
Jacques Testart.
L'émotion primordiale du premier pas sur la Lune.
Peter Higgs.
Léonard de Vinci.
Stephen Hawking, Dieu et les quarks.
Les 60 ans de la NASA.
Max Planck.
Georg Cantor.
Jean d'Alembert.
David Bohm.
Marie Curie.
Jacques Friedel.
Albert Einstein.
La relativité générale.
Bernard d'Espagnat.
Niels Bohr.
Paul Dirac.
Olivier Costa de Beauregard.
Alain Aspect.
Apocalypse à la Toussaint ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201102-asteroide-terre.html
https://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/10/31/38621140.html


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvainrakotoarison 1208 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine