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Gabart, dompteur d'océans

Publié le 02 novembre 2020 par Pascal Boutreau

Suite du recyclage confinement avec un papier écrit il y a quelques années (et réactualisé) pour Sport Stratégies. Même s'il ne sera pas au départ dimanche prochain du Vendée Globe (son partenaire Macif a arrêté son investissement dans la catégorie des bateaux Ultim), François Gabart est un des sportifs qui m'a le plus impressionné depuis que je fais ce métier.... et en maintenant plus de 30 ans, j'en ai croisé quelques-uns... 

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Gabart, dompteur d’océans

François Gabart pourrait être un héros de bande dessinée. Pour les enfants bien sûr mais aussi pour les plus grands. Comme Michel Vaillant, idole des fans de sport automobile dans les années 60, le marin surdoué est un as des voyages à grande vitesse.

Il est un de ces hommes qui inspirent, un de ceux qui permettent à beaucoup de vivre par procuration leurs rêves d’aventure. Lui les a réalisés, sur son Trimaran MACIF, un monstre de 30 mètres de long, 23 mètres de large, avec un mât qui pointe à plus de 35m au-dessus des flots. Étonnant d’imaginer son 1,71m dompter ce géant des mers, au prix de milliers de tours de manivelle pour changer les voiles et chasser les secondes. Les bras de François Gabart, incroyablement sculptés, témoignent de l’intensité de l’effort. Sa récompense ? Voir défiler les caps, les tropiques, les méridiens, tous ces « phares », toutes ces lignes qui découpent la planète et la transforment en damier. Un damier où se joue une partie à haut risque quand l’euphorie, le danger, l’ivresse, la sérénité, la peur, la douleur et bien d’autres émotions rythment chaque jour, chaque nuit. Dompter les éléments, ces océans parfois déchaînés, les vents imprévisibles. Faire de la nature une alliée, la comprendre, savoir gérer ses colères et ses tourments.

Plus qu’une histoire, un destin entamé dès sa petite enfance quand ses parents embarquent toute la famille sur un voilier pour une première transatlantique. Des sensations nouvelles et très vite les premiers succès sur Optimist. Vient le temps de l’équipe de France de voile olympique et un titre de champion du monde jeune de Tornado en 2004. Sélectionné par la filière Skipper Macif en 2009, il décroche un an plus tard le titre le champion de France de course au large en solitaire. Le large, sa destinée.

A 37 ans, le Charentais d’origine est sorti de la sphère des seuls amateurs de sport. Ses exploits répétés depuis quelques années l’ont propulsé au premier plan. En pleine lumière. Le 27 janvier 2013, quand après 78 jours 2h16’40’’ de mer, il quitte le pont de son 60 pieds Imoca Macif et pose le pied sur le quai des Sables d’Olonne, il frappe une première fois les esprits en remportant le Vendée Globe. Il n’a pas encore trente ans et s’inscrit déjà dans la légende des grands marins venus à bout de ce tour du monde en solitaire sans escale. Les victoires depuis s’enchainent. La prestigieuse Route du Rhum en 2014, la Transat Jacques Vabre l’année suivante avec Pascal Bidégorry, puis la Transat anglaise en 2016, premier succès en solitaire sur un multicoque.

François Gabart raccourcit la planète. Sur son trimaran Macif, le 17 décembre 2017, il boucle le tour du monde en solitaire le plus rapide de l’histoire. 42 jours 16h40’35’’, six jours de moins que le précédent record de Thomas Coville. Phileas Fogg, le héros de Jules Verne, est relégué au simple rang de touriste avec ses 80 jours.

Les étoiles dans les yeux de cet ingénieur diplômé en génie mécanique et développement à l’INSA de Lyon, témoignent de son appétit quand il évoque l’avenir. Avec ces bateaux-oiseaux surfant au-dessus des flots grâce aux évolutions technologiques, notamment les foils. Papa de deux petits garçons, Hugo et Maël, le navigateur respire la passion. « La passion, c’est le début d’une folie », a t-il un jour témoigné à l’arrivée d’une course. Celle de François Gabart est furieuse.


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