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un Droit au logement, dans ce pays, vraiment ? Faut voir…

Publié le 03 novembre 2020 par Mister Gdec
un Droit au logement, dans ce pays, vraiment ? Faut voir…

Avant de vous proposer un billet plus conforme à la vocation de ce blog, qui n’a pas été conçu pour étaler en toute indécence ma vie privée, mais pour servir d’instrument de lutte contre l’extrême-droite et ses idées où qu’elles se trouvent (même pas sous entendu : y compris à « gauche »), je vous devais cependant une petite explication. Question de reconnaissance, surtout aux lectrices et lecteurs les plus fidèles; et je sais qu’il y en a, vu les retours sur twitter. Vous trouverez ci-après une excellente raison je présume quant à cette longue interruption de publications qu’à connue ce blog ici présent. C’est un événement assez inhabituel, depuis sa création, en 2008. Je l’ai en effet toujours alimenté assidûment, tel un chauffeur de locomotive à vapeur qui enfourne ses pelletées de charbon dans sa gueule si vorace, ne m’accordant que de courtes pauses, pour souffler, le temps de (petites) vacances..

Après mon coming out sur ma situation personnelle (« je suis pauvre« ), en décembre 2017, et son addendum de janvier 2019, intitulé je suis pauvre et je travaille, avec une dédicace toute personnelle à Marlène Schiappa, voilà qu’une nouvelle aventure sur le long chemin si tortueux de la précarité dont j’aimerais bien enfin sortir s’est imposé à moi. C’était à la suite d’un accident de la vie comme on peut tous en connaitre. On me demande d’en laisser ici la trace, me faisant chambre d’écho supplémentaire utile sur le sujet que je veux aborder ici. je m’y colle bien volontiers, d’autant plus que j’en avais envie, et besoin.

A la suite d’une rupture personnelle, j’ai dû quitter le domicile commun. Et c’est là que les ennuis ont commencé. Jamais je n’aurais pensé que ce qui à mon sens devrait être un droit inconditionnel, celui de disposer d’un toit, dans ce pays, soit un tel parcours du combattant. Bien sûr, pour avoir été militant du DAL, je connaissais la réalité du mal logement en France. Mais à ce point là, et en le vivant aussi personnellement, et directement, c’est autre chose qu’une vision purement théorique de militant qui n’est pas directement concerné, je l’avoue humblement, à postériori. D’aucuns m’ont rétorqué, en apprenant mon histoire, qu’ils étaient plutôt étonnés de me voir penser avoir découvert la lune, et comme ils avaient raison, de me tancer ainsi…

Au début de ma démarche de recherche de logement, j’ai fait comme tout le monde, je crois. Lecture des petites annonces, le Bon Coin, les agences immobilières. je me suis assez vite rendu compte que chez ces dernières, je n’avais aucune chance, compte-tenu de ma situation. On m’y éconduisait plus ou moins poliment, avec plus ou moins de mépris à peine voilé, pour certains agents. Quand on n’a pas ou plus d’emploi, c’est foutu, pour de bon. Elles demandent de telles garanties, même pour un logement etdes loyers très modestes, que même le commun des mortels ne peut s’y adapter. J’ai également sollicité les bailleurs sociaux, qui proposent de soi-disant HLM, dans lesquelles le loyer n’est d’ailleurs pas aussi modéré qu’on serait en droit de l’attendre. Je me suis en outre entendu dire par l’un d’entre eux qu’ils ne disposaient pas de petits logements, qu’il y avait trop de demandes, et donc pénurie, et qu’il fallait s’adresser au privé. Venant d’organismes publics, voilà qui ne peut que m’étonner. Quand l’Etat et les organismes paritaires renvoient les plus vulnérables d’entre nous vers les marchands de sommeil, les leur livrant en pâture comme de vulgaires proies si faciles en raison de leur dénuement, voilà qui constitue à mes yeux un véritable scandale que je ne me lasserai pas de dénoncer. Mais quand on cherche à se mettre à l’abri, le principe de réalité et de pragmatisme prévaut. Alors, obligé, je me suis tourné vers les particuliers. Je pensais naïvement que ce que j’allais voir ne concernait que Paris, ou Lyon, ou Marseille. Bref, de grandes métropoles. Mais j’ai appris à mon détriment que cela concernait aussi des villes plus petites. Nancy n’est pas une mégapole, que je sache. Pourtant, les loyers y sont exorbitants, même pour un studio de 9 M2. A moins de 500 euros, vous n’avez que des taudis. Une honte absolue à mes yeux. Certains logements que j’ai visités étant de véritables atteintes à la dignité humaine. Ainsi, ce garage sous une maison particulière donnant sur la rue, qui avait été vaguement aménagé en studio, avec une douche et un évier, dans lequel on ne pouvait même pas se tenir debout, ni même à genou à l’autre bout de la pièce, tant le plafond était bas, à peine de plus d’un mètre. Je me souviens fort bien de cet endroit précisément, sous lequel était placé un matelas, pour bien montrer ostensiblement qu’on pouvait quand même y dormir malgré l’apparente exiguïté des lieux… Ou cette cave également présentée comme un studio, où régnait une odeur si pestilentielle, dans laquelle on s’attendait à croiser des rats, en raison de la proximité de la Meurthe, et des égouts… D’autres exemples, j’en ai des tas. J’ai même pris des photos, pour certains, tant c’était hallucinant. je trouve profondément inadmissible, inacceptable, qu’on puisse louer de tels endroits infâmes. Devant lesquels attendaient pourtant des cohortes nourries de prétendants, défilant les uns après les autres dans les queues interminables pour les visites. J’y ai assisté, j’étais dedans. Et je ne comprends pas que les pouvoirs publics, et les élus locaux, forcément au courant de ce genre de choses, laissent des propriétaires aussi peu scrupuleux continuer à s’engraisser sur le dos des pauvres. Insupportable. Des Ténardier, juste. Et encore ce couple d’aubergistes décrit par Victor Hugo n’avait-il pas le train de vie de ceux que j’ai eu le déplaisir de fréquenter le temps d’une visite. Des êtres sans la moindre éthique personnelle, dont rien ne saurait justifier de tels comportements inhumanistes, mus visiblement par la seule volonté de prédation financière, à n’importe quel prix, sans le moindre garde-fous, sur un sujet pourtant aussi sensible, ce qui m’apparait particulièrement ahurissant dans une société où l’on tend à vouloir tout contrôler, jusqu’à l’excès. Des moments fort déplaisants que je souhaiterais ne plus revivre. Cette violence sociale qui nous est faite, notamment en cette occasion, en seule raison de notre vulnérabilité personnelle, de notre « faiblesse » économique, est proprement un signe de l’état plus que perfectible de notre société. Progressiste, vraiment ? Cela ne m’est pas apparu très clairement.

Et encore, j’ai éminemment conscience de la chance qui est la mienne en pareil cas. je bénéficie de ressources personnelles, de compétences, de connaissances, d’un réseau personnel, d’amis, de relations, qui m’ont permis après plus d’un mois d’errements, de chambres d’ami.e.s (merci à eux !), en garages, dans ma voiture, ou en chambres d’hôtels miteux au bord de l’autoroute dépourvues de toilettes, de disposer enfin, quelle délivrance, d’un petit logement correspondant à mon petit budget : 350 euros par mois, loyer et charges comprises. Heureusement que l’aide de la CAF est là, fort bienvenue… Alors, les « libéraux », un assisté, moi, vraiment ? Je viens de terminer un CDD de 6 mois pour lequel j’ai beaucoup investi, en vain, dans le champ de la formation continue, un véritable travail d’ingénierie, pourtant. Et le covid est passé par là… Et je ne suis pas le seul, d’autres suivent. Alors, les nantis, votre avis sur ce qui nous a conduit à ce sort si peu enviable, et notre présupposée paresse ou manque d’empressement à nous sortir de cette impasse, et à faire des efforts, on s’en tape le coquillard. Allez bien vous faire cuire le cul. Nous, on sait de quoi on cause…

Et c’est un noble combat, que voilà.

je compte bien m’y consacrer, aussi, vraiment, pleinement. je ne sais pas faire autrement.

Next.


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