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Bernard Tapie, l’homme par qui le scandale revient

Publié le 23 juillet 2008 par Hmoreigne

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Bernard Tapie revient sur le devant de la scène. Cette fois les poches pleines. A l’issue d’une décision arbitrale exceptionnelle rendue le 11 juillet, qui diffère totalement d’une décision de justice ordinaire, le sulfureux homme d’affaires se voit allouer une indemnisation record de 285 millions d’euros en réparation des manœuvres jugées déloyales du Crédit lyonnais lors de la vente de ses parts d’Adidas en 1993. Déduction faite de ses différentes dettes, Bernard Tapie pourrait conserver entre 20 et 80 millions d’euros. Le seul problème, c’est que la facture globale sera réglée par le contribuable.

Ce petit arrangement entre nouveaux amis aurait du passer quasi-inaperçu en période estivale. C’était sans compter sans le flair et la ténacité des journalistes du Canard Enchaîné et surtout de Médiapart, le site internet créé par Edwy Plenel. Selon les éléments rapportés par ces journalistes, le nom de Bernard Tapie serait mêlé à un épilogue à la hauteur du scandale du Crédit Lyonnais.

L’affaire dépasse le cadre économique pour prendre une tournure politique. La décision arbitrale est suspectée d’être le fruit d’interventions politique du plus haut niveau. Bercy et l’Elysée sont évoqués. L’intervention de Christine Lagarde auprès de la structure publique (EPFR) qui gère le passif du Crédit lyonnais, pour que ce soit un tribunal arbitral qui règle le litige opposant l’Etat à Bernard Tapie, a été confirmée par son directeur de cabinet auprès de l’AFP.

Compte tenu des enjeux financiers et des parties, c’est la préférence donnée à un tribunal arbitral plutôt qu’à une continuation de la voie judiciaire normale, qui est suspecte. Selon Médiapart, deux administrateurs représentants de l’Etat auraient expressément souhaité qu’il soit mentionné au procès-verbal qu’ils votaient en faveur de la procédure arbitrale sur « instruction ministérielle ».Le PS et le Modem voient dans ce choix très particulier la main de l’Elysée. Les deux formations ont demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire.

En proie à une très vive indignation François Bayrou (cf vidéo) a dénoncé « les protections au plus haut niveau » dont aurait bénéficié l’éphémère ministre de François Mitterrand et la mise à « l’écart » de la justice. « Chaque fois que Nicolas Sarkozy a été soit au ministère des Finances, soit à la présidence de la République, comme par hasard des protections se sont déclenchées à l’endroit de Bernard Tapie ». « La situation ainsi créée envoie un message très simple: si vous êtes avec moi, vous êtes protégé et vous n’aurez qu’à vous féliciter des libéralités dont vous ferez l’objet par l’Etat, si vous êtes contre moi, à ce moment-là, on vous casse », a conclu François Bayrou.

Jean-Marc Ayrault président du groupe PS à l’Assemblée Nationale a déclaré sur  France Info qu’il faudra « aller jusqu’au bout de la vérité » sur les « conditions un peu obscures » de l’affaire Tapie. « On a l’impression que, derrière, l’Etat est à la manoeuvre et on sait très bien que sur un dossier important, compte tenu de l’histoire du Crédit Lyonnais, c’est le contribuable qui va payer ».

La commission des finances de l’Assemblée a ainsi demandé au député Nouveau Centre Charles de Courson, représentant de l’Assemblée nationale au conseil d’administration de l’EPFR, de rendre compte de son mandat le 3 septembre. D’autres auditions, dont celle de Bernard Tapie, sont prévues.

Toujours aussi provocateur, Bernard Tapie, qui se défend d’avoir bénéficié d’un traitement de faveur, a répliqué dans une interview au quotidien  Le Monde, en déclarant attendre « avec bonheur les auditions annoncées de la commission des Finances parce que, à cette occasion, on va rendre publique la sentence : chacun aura la confirmation qu’il me restera moins de 20 % que ce que la banque a gagné sur cette affaire et qu’au total, j’ai rapporté beaucoup plus d’argent au contribuable que je ne lui en ai coûté ».

Le 10 avril 2007, Arnaud Montebourg, dans un entretien au Parisien/Aujourd’hui en France, avait dénoncé le soutien de Bernard Tapie (PRG)  au candidat UMP Nicolas Sarkozy. Il indiquait notamment que « Tapie vient (…) allonger la liste des délinquants en cols blancs et des affairistes qui le soutiennent”. “La seule question que je me pose, c’est quel est le prix de son ralliement ? Car il est évident que Tapie attend en retour qu’on manipule la justice à son profit dans l’affaire du Crédit lyonnais afin de se refaire une fortune engloutie. Tout cela n’a que le sens sonnant et trébuchant des promesses d’argent ». Un an et quelques mois plus tard, les propos du député de Saône-et-Loire prennent une étrange résonance.


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