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Parlement panafricain: Nkodo Dang en flagrant délit d’imposture ?

Publié le 09 novembre 2020 par Tonton @supprimez

Le député camerounais est accusé d’imposture et d’usurpation de titre par le nouveau patron de l’organe législatif de l’Union africaine.

Rien ne va au sein du Parlement panafricain (Pap) de l’Union africaine. Roger Nkodo Dang, député camerounais, et Bouras Djamel, député algérien, se livrent une bataille qui cristallise les tensions au sein de l’institution panafricaine. Le 20 octobre 2020, la « fraternité » – comme aimait à le qualifier Nkodo Dang – qui l’unissait à Bouras Djamel a été rompue. Le président du Parlement panafricain par intérim, a décidé de saisir le président de la Chambre basse du parlement camerounais pour arrêter « l’imposture » de Roger Nkodo Dang. Dans sa lettre, Bouras Djamel interpelle le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yéguié Djibril, afin que celui-ci invite son collègue Roger Nkodo Dang, à ne plus s’exprimer au nom du Parlement panafricain. Djamal Bouras soutient ses propos en évoquant le règlement intérieur de cette instance dans son volet relatif au remplacement en cas de vacance de poste d’un membre au bureau du Parlement Panafricain et l’expiration de son mandat au parlement national. « Conformément aux articles 5(3) et 12(3) du règlement parlementaire, Roger Nkodo Dang a cessé d’être député et président du Parlement panafricain depuis le 18 mars 2020 », écrit le président par intérim du Pap.

En effet, l’article 5 (3) du Protocole au Traité instituant la Communauté économique africaine relatif au Parlement panafricain, et qui parle de la durée du mandat et vacance de siège, il est écrit que « la durée du mandat de tout parlementaire panafricain est liée à celle de son mandat de membre de son parlement ou tout autre organe législatif national ». Et l’article 12 (3), précise que « la durée du mandat du président et des vice-présidents est celle du parlement national ou de l’organe législatif qui les élit ou les désigne ». C’est fort de ces dispositions qu’au mois de mai 2020, un communiqué de cet organe de l’Union africaine indique que la présidence du parlement panafricain par intérim revient au député Djamal Bouras, occupant le poste de vice-président du parlement panafricain représentant l’Afrique du Nord et ce, suite à la vacance des postes de président et des deux vice-présidents.

Violation des textes

« J’ai été élu le 10 mai 2018 au poste de président du Parlement pour un mandat de trois ans, c’est-à-dire jusqu’en 2021. Un président par intérim ne peut pas enlever un président élu démocratiquement », se défend Roger Nkodo Dang. Le Camerounais estime d’ailleurs que c’est Djamal Bouras qui viole les textes car, précise-t-il, « c’est la session ordinaire plénière qui constate la vacance et non le président par intérim». D’où l’urgence, selon lui, de la tenue d’une session ordinaire plénière. Toute chose qui conforte le parlementaire camerounais dans sa posture de « légitime » président du Parlement panafricain, et donc, peut parler au nom de celui-ci. C’est du haut de cette autorité que Roger Nkodo Dang a par exemple salué, au nom du Parlement panafricain, la générosité du roi Mohammed VI lorsque ce dernier a envoyé de l’aide médicale à 15 pays africains afin de soutenir leurs efforts contre la Covid-19.

Nkodo Dang s’est également exprimé sur la situation au Mali avec l’affaireSoumaila Cissé, alors que l’Union africaine a toujours demandé au Pap de s’abstenir de commenter la situation politique des États membres. Des sorties du Camerounais qui n’ont pas été appréciées par Djamal Bouras. « Nous trouvons que la conduite de l’honorable Roger Nkodo Dang est un mépris vis-à-vis de l’autorité du Parlement panafricain, et de ses organes », a regretté le député algérien. Il compte donc sur l’intervention du président de l’Assemblée nationale du Cameroun pour rappeler Nkodo Dang au respect des textes du Parlement panafricain. Le nouvel homme fort de l’organe panafricain dont la devise est « une Afrique, une voix », précise également que la question sera bientôt portée à l’attention de la Commission de discipline interne.

Silence coupable de l’UA

La situation est si grave que, selon plusieurs commentateurs de la presse – qui cachent parfois mal leur mépris du personnage -, Nkodo Dang pourrait essuyer une autre humiliation lorsque les enquêtes sur les malversations financières dont il est accusé rendront leur copie. De quoi ternir l’éternel sourire de celui qui a eu 57 ans le 6 novembre dernier, et qui apparaît fatigué et amaigri en public. Est-il souffrant ? Ou est-ce le climat politique qui le mine ? A priori, l’obstacle est loin d’être insurmontable. Et sur le front ouvert au sein du Pap, il y faudra encore du temps, tant la bataille procédurale qui va désormais s’ouvrir s’annonce complexe. « Nous allons continuer notre travail tant que nous n’avons pas reçu de document officiel qui nous ordonne d’arrêter ou pas [notre tâche, ndlr] », a confié un membre de l’entourage de Nkodo Dang.

D’ailleurs, précise le concerné, « mon mandat s’achève en mai 2021 ». L’Union africaine dont l’intervention est toujours attendue, ne s’est pas encore exprimée depuis le déclenchement de cette crise au sommet du Parlement. Des sources au sein de l’Ua indiquent qu’elle ne tardera pas à trancher dans les jours qui viennent. « En restant silencieux, l’Union africaine fragilise le Parlement panafricain qui peut être perçu par le citoyen lambda comme une institution inutile », estime Germain Nnaga, analyste politique. En attendant, le cafouillage se poursuit au sein du Pap
avec deux présidents : un président élu et un président par intérim. Une image qui n’honore pas cet organe de l’Ua créé le 2
mars 2001 à Syrte, en Libye.

Ahmed MBALA


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