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Les Protégés de sainte Kinga, de Marc Voltenauer

Publié le 11 novembre 2020 par Francisrichard @francisrichard
Les Protégés de sainte Kinga, de Marc Voltenauer

- Mon téléphone est en mode silencieux. Qu'est-ce qu'elle voulait?

- Il y a une prise d'otages dans les Mines de sel.

Les Mines de sel sont celles de Bex, dans le canton de Vaud. Elles ont été découvertes incidemment au XVe siècle par un braconnier, Jean Bouillet, qui, considéré comme un sorcier, faillit subir le sort fatal réservé à ceux qui étaient accusés de l'être à l'époque.

Au XIXe siècle, un Juif polonais, Aaron, qui avait travaillé dans les Mines de sel de Wieliczka, où se trouve une chapelle dédié à sainte Kinga, la patronne des mineurs, avait lui aussi eu des démêlés après avoir rendu des services aux Mines de Bex.

Avant de devenir un site touristique visité, ces mines n'étaient qu'un lieu de production de l'or blanc. Le sel en effet était alors une denrée précieuse qui certes servait à accommoder les plats, mais surtout à conserver les aliments en l'absence d'autres moyens.

Les mines de Bex sont un labyrinthe de 50 kilomètres de galeries, où circulent des trains. La prise d'otages commence le 3 mars 2017 dans ce décor enchanteur et elle est annoncée par une vidéo où l'un des preneurs d'otages, muet, apparaît déguisé en Charlot.

Les otages sont des personnes qui travaillent sur les lieux, une classe de seize jeunes élèves en visite avec leurs deux enseignantes et une guide, et les six membres d'une association d'extrême-droite sulfureuse, le Bloc identitaire suisse, qui y tiennent réunion.

Pendant une grande partie du récit, le doute demeure sur le nombre exact de PO, preneurs d'otages. De même leurs revendications ne sont-elles connues que peu à peu et ne sont pas banales. Car il ne s'agit pas seulement de demandes habituelles de rançon.

Les preneurs d'otages sont bien renseignés sur les forces de police, anticipent leurs réactions et maîtrisent très bien les techniques modernes de communication et d'information. Il ne semble pas y avoir chez eux place pour l'improvisation ou l'impréparation.

Tout se déroule comme prévu. Enfin presque. Car il y a un grain de sel, même plusieurs, qui vont enrayer la machine. Mais auparavant, ces PO ne se différencieront pas de sinistres criminels, bien qu'ils justifient leurs crimes par des motifs sociaux et humanistes.

Comme toujours, il y a ceux qui payent et ceux qui s'en sortent, sans que l'on sache ce qui vaut aux uns d'être punis, aux autres d'être épargnés. Car la justice n'est pas de ce monde. Évidemment, tant qu'à faire, mieux vaut faire partie des Protégés de sainte Kinga... 

Francis Richard

Les Protégés de sainte Kinga, Marc Voltenauer, 544 pages, Slatkine & Cie

Livres précédents:

L'Aigle de sang, 512 pages, Slatkine & Cie (2019)

Qui a tué Heidi?, 448 pages, Slatkine & Cie (2017)

Le dragon du Muveran, 670 pages, Plaisir de Lire (2016)


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