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Jean Michel Nintcheu: « Le régime a atteint le fond du fond de l’ensauvagement primitif »

Publié le 12 novembre 2020 par Tonton @supprimez
Jean Michel Nintcheu: « Le régime a atteint le fond du fond de l’ensauvagement primitif »

L'intégralité de la déclaration du député Sdf suite à la barbarie subie par les avocats au palais de justice de Bonanjo.

" Les camerounais ont pris connaissance avec stupéfaction, par le biais des réseaux sociaux, d'une " opération coup de poing " insolite, inimaginable et inadmissible de la soldatesque de M. Biya ciblée sur les avocats en plein palais de justice de Bonanjo. Pulvériser du gaz lacrymogène sur des avocats revêtus de leurs toges en pleine salle d'audience d'un palais de justice, les brutaliser physiquement dans ce qui était encore considéré jusqu'ici comme un des sanctuaires de la République, participent d'un profond recul des libertés, d'une barbarie insoutenable et d'une banalisation de la profession d'avocat que même les pires dictatures au monde n'oseraient franchir. Le Cameroun est en train de faire pire que la Corée du Nord.
Chacun peut imaginer la torture physique et la violence psychologique qu'ont pu subir les avocats présents dans cette salle. Le Cameroun a décidément atteint le fond du fond de l'ensauvagement primitif. L'avocat est le défenseur des faibles. Le défenseur de la veuve et de l'orphelin.
Le défenseur de ceux qui se croyaient puissants ad vitam aeternam. Le défenseur du peuple dont font partie justement les membres de leur corporation. Le seul tort manifeste des victimes de cette barbarie est d'avoir réclamé la libération de leurs confrères embastillés qui présentent pourtant des garanties de représentation et qui jouissent jusqu'ici de la présomption d'innocence tant qu'une décision rendue définitive par les tribunaux compétents n'est pas effective.

Il y a lieu de se rappeler que la crise anglophone qui a débouché sur la sale guerre dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest avait connu une accélération à la suite de l'incarcération des avocats d'expression anglaise qui avaient mis sur la table un certain nombre de revendications légitimes au rang desquelles l'amélioration des difficultés liées à l'exercice de leur profession. La suite est connue de tous. Privilégier la force plutôt que le dialogue et la négociation a toujours été le propre des faibles et des haineux.Par cet acte odieux et bien ourdi, le régime de Yaoundé, dans son agenda caché, croit avoir sali, démystifié la toge d'avocat et surtout ridiculisé l'ordre des avocats qui constitue un des piliers de la chaîne des contre-pouvoirs dans une République.

C'est peine perdue. Le peuple camerounais n'est pas dupe. Il est conscient que ces brutalités sont des signes avant-coureurs de fin de règne.
Les camerounais ne doivent aucunement désespérer par ce qui est arrivé en pleine salle d'audience mardi dernier. Pas du tout. Surtout pas les avocats. Même s'il est constant que nous vivons sous un régime autocratique de l'arbitraire et des décisions judiciaires liberticides d'une poignée de femmes et d'hommes en violation des lois de la République. L'histoire nous renseigne que quand la justice sous un régime ne constitue plus le dernier rempart contre les injustices et que la tyrannie s'installe - non plus de façon plus ou moins masquée mais désormais avec force, au vu et au su de tous-, le peuple finit toujours par prendre ses responsabilités. Pas de justice, pas de paix à espérer. "


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