FRANÇOIS-JOSEPH Ier
Je ne puis m'empêcher de plaindre ce vieillardPar son compère ici compromis avec art,Vaincu de Sadowa que sa palinodieFait complice aujourd'hui de meurtre et d'incendie,— Cet empereur et roi que le Ciel a frappéD'avance dans les siens, lui dont l'auguste femme (1)Périt sous le stylet, tandis qu'un sombre drameDemeurait par ses soins d'ombres enveloppé,— Chez qui le souvenir de Meyerling remonte
Sans cesse entretenant sa honte (2); —
Cet homme que le deuil n'a jamais épargné,Qui de son trône a vu d'un œil mal résignéSur Jean Orth disparu s'étendre le mystère (3),Fusiller au delà de l'Océan son frère,L'impératrice en deuil en perdre la raison (4),Par accidents brûler vivantes deux duchesses (5),Crouler à ses côtés archiducs et princessesEt nombre de neveux déserter sa Maison (6).— Hier François Ferdinand avec sa femme tombe
(1) L'impératrice Élisabeth assassinée à Genève le 10 septembre 1898 par Luccheni d'un coup de stylet.(2) L'archiduc Rodolphe, fils de François-Joseph et héritier présomptif de la Couronne, mort dramatiquement dans des circonstances inavouées.(3) Jean Népomucène Salvator d'Autriche, prince de Toscane, né en 1852, cousin de François-Joseph, général dedivision, entra dès 1883 en conflit avec l'empereur, en 1889 se dépouilla de ses grades, fonctions, rang et dignités et sous le nom de Jean Orlh quitta à jamais l'Autriche comme capitaine au long cours sur la Marguerite. On n'en a plus eu de nouvelles depuis 1891.(4) Maximilien I, empereur du Mexique, fusillé en 1867 par la Révolution de ce pays, — et Marie-Charlotte, sa femme, folle de douleur et depuis lors toujours enfermée.(5) Belle-sœur de François-Joseph, duchesse d'Alençon, morte brûlée dans l'incendie du bazar de la Charité à Paris. / Archiduchesse Mathilde, morte brûlée en cherchant à dissimuler une cigarette qu'elle avait été surprise à fumer.(6) Ferdinand Burg et nombre d'archiducs ont renoncé à leurs titres et à leurs droits pour faire des mariages qui déplaisaient à l'empereur.(7) François-Ferdinand, héritier présomptif de la Couronne, ami personnel de Guillaume Il et chef du parti de la guerre en Autriche, et la duchesse de Hohenberg, sa femme, tombés àSerajcvo (Bosnie) en juin 1914 sous les balles d'un étudiant serbe une demi-heure après qu'une bombe avait été jetée devant sa voiture par un ouvrier de même nationalité. Ce double attentat fut le prétexte d'abord de la guerre austroserbe, prétexte cherché par Guillaume pour allumer ensuite, par l'intermédiaire de la Russie, la guerre générale.Sous le revolver et la bombe (7).