Solen est arrivée une fin d'Août sans doute ou était-ce en septembre?
Qu'importe! Saisons de feuilles mortes, c'était la fin du Moi la plus difficile de mon existence
Il pleuvait !
Trempée d'orage et de désespoir avec son vélo à plat, sa remorque, sa fortune dans une malle trop petite pour contenir toute sa passion, sa marionnette, une sono atone et son enthousiasme pour l'heure un peu douché, j’ouvris ma porte.
J'avais dans le cœur un grand vide comme celui de la chambre où je ne dormais plus, des rustines et une garbure qui mijotait sur la fonte du poêle. J'ai réparé son vélo tandis qu'elle honorait ma soupe. Il y avait des lasagnes en phase terminale. J'ai fait une béchamel et j'ai mis au four à gratiner. "Pour pas gâcher", j'ai aussi creusé un puits dans une pomme, que j'ai emplie de crème fraiche et de cannelle et mise au four dans un caquelon. Et puis comme l'automne nous faisait sentir son empressement d'envahir l'entre deux mers, et parce qu'elle me rappelait quelques souvenirs, Solen a passé l'hiver à se refaire la santé et l'enthousiasme avant de repartir aux premières jonquilles vers sa vie de patachon, d'artiste de rue, de saltimbanque, la foi chevillée au corps, l'espoir dans le cœur et la sébile désespérément vide.
Je n'avais pas de questions ni d'opinions sur sa vie de bohème, juste de l'admiration pour sa ferveur et la flamme de ses yeux, elle qui n'avait pas encore renoncé.
Amour, succès, reconnaissance, j’avais fait l’inventaire des maladies mentales et autres obsessionnelles certitudes de croire à un talent auto proclamé dans une vie d’artiste. L’autre choix étant la trilogie maison/voiture/famille dans une seule vie pour deux. Il faut être gonflé de vanité pour prétendre à l'état de gagnant qui touche si peu d'élus pour tant d'appelés. Motivé par une gratitude de bouteille à la mer ou par la reconnaissance des estomacs repus, attendre le succès et préserver la pureté de l'amour de la salissure du quotidien, relève d'une même démence.
…Puisque le talent ne suffit pas …