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Name of Shame : La cancel culture

Publié le 14 novembre 2020 par Muzard

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Qu’est-ce qu’ Eric Brion le « premier porc » de #balancetonporc, J.K Rowling l’auteure de Harry Potter, la chanteuse Taylor Swift et …la marque de riz Uncle Ben’s ont en commun ? Ils font partie des nombreuses victimes de la cancel culture, une pratique violente dont on ne sort jamais tout à fait indemne.

Ca veut dire quoi ?

La Cancel culture peut se définir comme la culture de la dénonciation et de l’humiliation. Les Américains lui préfèrent parfois le terme « call out culture ». La cancel culture représente une forme virtuelle du lynchage public. On peut la définir comme une vague de haine sur Twitter (ou autre plateforme sociale) visant une personne (ou une institution) que l'opinion juge indigne dans le but de l'exclure des réseaux sociaux, de ses cercles professionnels, sociaux, voire familiaux.

Quelle est l’origine du néologisme ?

Ce name of shame a pour origine le verbe Canceler, qui contrairement aux apparences, a une origine latine et non anglo-saxonne. En vieux français « canceller » signifiait « biffer », raturer un texte. Ceci étant nous nous sommes approprié le sens plus large et plus radical donné par les Anglo-Saxons, à savoir « effacer » au sens propre (un texte) comme figuré (une personne). Cancel peut s’utiliser à la voix active ou passive : on peut effacer une personne ou être effacé  : c’est-à-dire sortir des radars de notre société, ne plus être visible sur les réseaux sociaux ni dans les médias.

L’association du terme culture à cancel souligne que cette pratique d’effacement des personnes jugées indignes par l’opinion, relève d’une pratique très répandue (pratique de masse), dans notre société et non de comportements isolés.

Quels sont les fondements de cette pratique ?

Chez les animaux sociaux en particulier chez les singes, quand un membre est rejeté à la périphérie du groupe, privé de la protection et de la coopération des membres de sa tribu, ses chances de survie sont faibles.

Chez les humains, privé de son emploi, coupé de ses amis, de ses collègues, voire abandonné par son conjoint (e ), le sort d'un cancelé n'est guère plus enviable, il est condamné à la mort sociale.

On peut comprendre les craintes que la cancel culture soulève.

Qu’est ce que cela raconte de notre société ?

Le terme cancel culture a pris son envol avec le mouvement #Metoo, (et dans sa version française un poil moins élégante # Balancetonporc). La libération de la parole des femmes victimes d’harcèlement et d’autres formes d’agressions sexuelle a généré des dommages collatéraux. Certains hommes parmi ceux qui ont été désignés à la vindicte populaire, qui ont été blanchis par la justice ou qui visiblement étaient l’objet d’un règlement de compte amoureux, ont alerté sur les dangers de la cancel culture. Eric Brion a évoqué la violence de cette pratique dans son livre « Balance ton père», avec ce concept, il espère apparaitre en victime et non plus en coupable ?

La cancel culture ne s’attaque pas qu’au sexisme, mais plus généralement au racisme, à l’homophobie et à toute forme de comportement jugé « anti social ».

C’est pourquoi, elle fait de nombreuses victimes. L’été dernier, l’auteure de Harry Potter , J.K. Rowling a essuyé une vague d’insultes et de menaces de mort sur le web après avoir publié un tweet sur les personnes transgenres.

La cancel culture est une arme redoutable, les partisans arguent qu’elle permet de prévenir les mauvais comportements, car elle inquiète souvent plus que la justice. Ses opposants, rétorquent qu’elle est une menace pour notre société, puisqu’elle se présente comme l’expression légitime du tribunal populaire et comme une alternative à la justice.  Elle apparait comme une menace car elle s’exerce aveuglément, en sanctionnant lourdement le moindre dérapage voire en condamnant à la mort sociale des innocents.

De plus, elle s'apparente à une nouvelle forme de censure. Elle est si redoutée, que nombre d’auteurs, d’artistes… préfèrent s’auto-censurer plutôt que de rejoindre la cohorte des « cancelés ». 

Enfin, la cancel culture est hautement contagieuse. Soutenir publiquement une victime de la cancel culture est risqué, on peut subir le même traitement au nom de l’adage populaire « qui s’assemble se ressemble » !

C’est pourquoi des personnalités Outre-Atlantique mais aussi en France se sont élevées en juillet dernier [1]pour dénoncer les risques liés à cette culture de l’effacement.

[1] https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/cancel-culture-le-debat-est-il-possible


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