Magazine

Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti de M.T.Anderson et Jo Rioux aux éditions Rue de Sèvres

Publié le 18 novembre 2020 par 7bd @7BD

AccueilYs Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti de M.T.Anderson et Jo Rioux aux éditions Rue de Sèvres

Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti de M.T.Anderson et Jo Rioux aux éditions Rue de Sèvres

Titre : Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti

Scénario : Matthew Tobin Anderson

Dessins et couleurs : Jo Rioux

Résumé de "Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti" :

Ys, cité légendaire merveilleuse érigée par le bon roi Gradlon de Kerne, bénéficie d'un rempart " magique ", édifié par la reine Malgven épouse du roi, la protégeant des caprices de flots. La mort brutale de Malgven laisse au roi un grand désarroi, et un lourd héritage à porter par leurs deux filles : Rozenn l'ainée, et Dahut la cadette. Toutes deux sont dotées de pouvoirs. Rozenn, fille héritière du trône, se désintéresse totalement de cette tâche, préférant jouir de la nature qui l'entoure et vivre simplement. C'est donc Dahut, qui œuvrera aux affaires royales. Elle y découvrira ainsi une vie faste mais aux intrigues nombreuses. Elle-même s'y compromettra...

Peu à peu les deux sœurs s'éloignent, et de lourds et sombres secrets se révèlent au sujet de leur ville et des liens de leur mère... Jusqu'au moment où le lien fraternel se rompt définitivement.

Le sort de la glorieuse Ys en est scellé.

Mon avis sur "Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti" :

Voici une superbe revisite du mythe celtique de la grandiose cité d'Ys.

Ce livre est beau et volumineux !

La couverture et la tranche font l'objet probablement d'un marquage à chaud de leurs lettrages dorés.

Au touché c'est du plus bel effet, une petite sensation de relief, et cela annonce la qualité du contenu.

Le scénario de M.T.Anderson pour "Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti" :

Matthew Tobin Anderson revisite admirablement cette vieille légende bretonne de la cité d'Ys.

Il existe de nombreuses versions de cette légende et les "puristes" s'apercevront bien vite des différences existantes entre cette version et "l'originelle".

Le scénariste a donc puisé son inspiration dans trois des interprétations parmi toutes les récits existants :

- Le Foyer breton, Contes et Récits populaires d'Emile Souvestre,

- Les Grandes Légendes de France d'Edouard Schuré,

- Le Roi d'Ys, livret pour l'opéra d'Edouard Lalo de Edouard Blau.

Au-delà de l'histoire mystérieuse pleine de magie, M.T.Anderson revient sur les liens psychologiques liés aux fratries.

En effet l'histoire focalise essentiellement sur la relation entre Rozenn et Dahut, deux sœurs que tout oppose.

Rozenn, l'héritière "légale" du trône, aspire à une vie naturelle et simple, et par conséquent s'éloigne du faste et des obligations dues à son rang.

Dahut, quant à elle, se sait être la cadette et donc sans prétention au trône. Possiblement par une pointe de jalousie, elle profite du désintérêt de son aînée pour essayer de prendre en main le royaume...

Dépassée par les évènements, elle va finir par reprocher à sa grande sœur son "laxisme" au point d'en devenir encore jalouse, et aller ainsi droit à la catastrophe...

Ce scénario illustre bien les tensions qu'il peut exister dans les familles quand un héritage d'un fort enjeu est à se disputer...

La narration de la légende est essentiellement graphique, afin de bien faire ressortir le côté enchanté de l'histoire.

Les dialogues n'en sont pas pour autant laisser en reste.

La magie tient donc la part la plus essentielle de la saga. Sans elle, l'angoisse ne se créerait pas. Elle est donc omniprésente dans toute la fable.

Tantôt obscure, tantôt joyeuse, on sent parfaitement l'équilibre du bien et du mal, du yin et du yang (d'ailleurs ce symbole me rappelle étrangement les flots tumultueux du récit...), dans la nature environnante, à l'image de la dualité entre ces deux sœurs.

Mais plus on avance dans l'épopée, plus cet équilibre tend à se rompre, et conduire à une conclusion certaine.

Les protagonistes n'y échapperont pas sans sacrifices pour rétablir l'équilibre harmonieux... Et c'est là, pleinement, que le suspens réside et que l'auteur nous dévoile tout son talent !!!

Malgré tout, en connaissance du final attendu, le lecteur s'y prend espoir, et en sera récompensé ou pas...

En bref la revisite de ce mythe est particulièrement bien imaginée et conçue.

L'artiste a réussi à conserver un superbe suspens jusqu'au bout, et cela même quand le lecteur en connait déjà le final.

Le dessin de Jo Rioux pour "Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti" :

Le dessin de Jo Rioux est original.

Le trait est épais, très souvent en rondeur ou en courbe, inspirant le mouvement perpétuel telles les eaux d'un océan, et donnant une petite facette enchanteresse, agréable, à l'image de la magie environnante du récit.

Les personnages sont très caractéristiques, avec des visage "allongés", des nez fins, des chevelures soignées, de grands yeux qui ne laissent pas indifférent et qui véhiculent toutes les émotions, etc...

Les couleurs choisies sont sur des tons assez ternes (pas de couleurs vives bien flashy), plutôt automnales.

Elles semblent adaptées à la légende du climat de la région, et en plus elles accentuent la part obscure de l'allégorie que nous lisons.

Et comme presque de fait exprès, la sortie de la BD est arrivée presque au début de la saison d'automne...

Les mises en scènes se focalisent essentiellement sur les protagonistes allant du gros plan au plan d'ensemble ou paysage.

Le découpage est efficace, avec de grandes cases aérées non délimitées par la droiture d'un trait, et dont les arrières plans sont la plupart du temps dénués de détails préférant combler le vide par des dégradés ou effets de couleurs.

Les vignettes sont peu nombreuses par page, majoritairement de trois à cinq cases, mais l'auteur nous offre aussi de sublimes pleines page ou double pages.

L'ensembles des techniques, artifices et talents de dessins et de colorisation, évoque une ambiance sombre et oppressante fort adaptée.

En bref, ce style assez marginal, convient à merveille pour illustrer les histoires mythologiques et fantastiques d'un tel acabit.


Les artistes ont su suggérer graduellement le stress et la pression au lecteur pour aboutir au drame final tant attendu.

Ils ont admirablement su nous immerger dans les flots tumultueux et envahissants de la cité d'Ys et sa légende.

C'est un beau travail presque magique !

Inscrivez-vous à notre Newsletter :


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


7bd 7128 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte