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Black Narcissus (Miniseries, 3 épisodes) : érotisme libéré, couvent hanté

Publié le 26 novembre 2020 par Delromainzika @cabreakingnews

Black Narcissus est adaptée d’un roman de Rumer Godden qui avait déjà été adapté au cinéma en 1947 sous le nom français Le Narcisse Noir. FX et BBC ont alors trouvé que c’était une bonne idée que de réadapter cette histoire en mini-série de trois épisodes. C’est Amanda Coe (Sous influence, The Trial of Christine Keeler) qui s’est chargé de l’écriture de cette nouvelle adaptation pleine de promesses sur le papier et dont le résultat est assez mi-figue mi-raisin. Pour retravailler quelque chose comme Black Narcissus, un conte qui nous plonge aux confins magnifiques de l’Himalaya, il faudrait aussi en faire quelque chose d’intéressant avec. Et c’est là où la mini-série échoue. Gemma Arterton (Prince of Persia, Byzantium) se retrouve propulsée à la tête de cette série dans le rôle de notre soeur Clodagh. Et l’actrice est plutôt bonne dans son registre mais a du mal à faire son effet par la même occasion à cause d’un récit qui cherche plus à éblouir le spectateur par ses décors que réellement par le scénario. Charlotte Bruus Christensen (La Fille du Train, A Quiet Place) s’est chargée de la mise en scène et les décors sont somptueux. On est loin des visuels du film des années 40.

Aux confins de l'Himalaya, une congrégation de nonnes s'installe dans un ancien harem afin de transformer le lieu en dispensaire. Dean, un agent anglais installé dans la région depuis longtemps, est chargé de les aider à construire l’école qui servira à éduquer les enfants de la région. Bientôt, la soeur supérieure Clodagh s'offusque des manières incorrectes de Dean...

Tout cela permet donc aussi d’étendre un peu l’univers de Black Narcissus au delà de l’ancien harem. Il y a de belles prises de vue même si certaines séquences semblent reproduites intégralement en CGI. La mise en scène reste assez sobre, cherchant à mettre en valeur les décors sans trop en faire non plus. La lumière de la mini-série est naturelle et ne cherche donc pas à nous éblouir plus qu’il n’en faut. Car il faut bien l’avouer, le plus important reste les dialogues et donc ce que cette histoire nous raconte. Le fait que la mini-série étende son univers sur trois épisodes aurait dû permettre d’apprendre à connaître un peu plus chacun des personnages de Black Narcissus. Sauf que ce n’est pas totalement le cas. En dehors d’une intrigue qui permet de jouer sur le côté maison hanté du conte (avec des jump-scares !), je dois avouer que l’on ne plonge pas plus que ça dans l’histoire de chacun des personnages et cela finit par devenir légèrement décevant.

Dans ce lieu hanté, nos soeurs se retrouvent donc confrontées à leurs désirs les plus profonds. Avec ce côté légèrement érotique dans un univers de nonnes, Black Narcissus s’amuse tout de même à mettre le tout en scène avec les moeurs d’aujourd’hui. On sent que Black Narcissus a envie de bousculer un peu la religion et s’en accommode plutôt bien dans son récit. Nous avons aussi droit ici aux séquences fantasmes de soeur Clodagh avec Mr Dean, une auto-flagellation devant une statue de Jesus, et quelques échanges houleux entre Clodagh et Soeur Ruth. Si seulement les aspects un peu en marge de Black Narcissus avaient été plus importants alors la mini-série aurait sûrement pu être irrévérencieuse. Mais il n’en est rien. C’est assez plat une partie du temps où la musique d’ambiance tente alors d’ajouter un peu de rythme pendant que le côté soap-opera tente parfois de nous surprendre dans les relations entre les personnages.

En voulant réadapter cette histoire, Black Narcissus aurait pu faire une mini-série remarquable mais plutôt que de développer intelligemment le tout, on reste un peu trop en surface. L’approche n’a rien d’étonnante et je dirais même qu’elle ronronne trop par moment. Au delà de tous les problèmes que j’ai pu rencontrer avec Black Narcissus, je dois avouer qu’il s’agit tout de même d’une mini-série suffisamment originale et dépaysante par rapport à ce que l’on voit actuellement. C’est donc une bonne nouvelle qui a ses qualités mais aussi des défauts qui m’ont un peu sorti de ce côté hanté et mystique de l’histoire.

Note : 5/10. En bref, c’est beau et efficace par moment mais ça ronronne et les personnages ne sont pas aussi excitant que le papier pouvait le suggérer.


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