Interview
Monsieur Mo, un responsable du quartier, est venu nous proposer d’être interviewés pour le journal de l’association. Aucun événement intéressant n’a eu lieu à Takarazuka cette année coronienne, et un article sur les petits français du quartier, nouvellement installés, serait le bienvenu. Nous acceptons, et décidons de fixer la date et le lieu du rendez-vous (chez nous). Nous apprenons ensuite qu’une personne tierce, responsable des interviews devra aussi être présente ce jour-là. Je ne comprends pas encore bien quel rôle joue chacune de ces personnes dans le comité, mais tant pis. Nous décidons de discuter plus en détails de l’organisation de l’interview par e-mail. Je lui donne ma carte de visite et nous rentrons chez nous.
Deux heures plus tard, la porte sonne. Monsieur Mo est revenu me donner un plan du quartier accompagné d’une liste des membres et de leurs positions respectives, toujours mystérieuses pour moi. Il me tend sa propre carte, et me demande de lui envoyer le mail quand je pourrai. Je lui dis que c’est d’accord, bonsoir, et referme la porte. Le lendemain, j’envoie le mail, et lui propose de faire l’entretien mardi prochain. Réponse, mardi, la personne chargée de l’interview travaille. Serait-ce possible mercredi ? c’est d’accord pour nous, mais le matin, à 11h.
Le jour suivant, nouveau mail de Monsieur Mo qui nous prévient qu’ils seront peut-être trois pour l’interview. Ma femme commence à rouspéter. La cuisine est petite, et nous n’avons pas assez de chaises de toutes façons. Je prévois de répondre ce soir au mail pour expliquer la situation. 22h, même jour. Dure journée de travail. Je m’apprête à écrire le message, quand j’aperçois un second mail de Monsieur Mo qui m’annonce que tout est réglé et que la troisième personne viendra bien avec eux le jour J.
Nous nous faisons une raison, et acceptons poliment. C’est l’occasion de se faire connaître dans le quartier, et de diffuser une bonne image de nous. Je préviens tout de même notre invité que nous avons des choses à faire l’après-midi, et qu’il serait bien de se limiter à une heure d’entretien. Je me retrouve un peu dans le même pétrin que Paul Rabinow sur son terrain marocain. Devoir céder aux caprices de ses informateurs ; essayer de poser des limites quand même.
Rémi Brun