Cette dotation du président de la République au maire de la commune d’arrondissement de Njombé-Penja entre dans le cadre de la mise sur pied de School Tv Africa, une télévision 100% éducation. De quoi provoquer l’ire de certains internautes qui accusent le promoteur de rouler désormais pour le régime.
La toile gronde ! Paul Eric Kingue n’a pas certainement mesuré l’ampleur de ses propos. Encore moins les interprétations légitimes ou non, qu’en ferait l’opinion publique. En voulant témoigner sa profonde gratitude à Paul Biya, qui a contribué à l’ouverture et la mise sur satellite de sa chaîne de télévision baptisée « School Tv Africa », le maire de Njombe-Penja, a plutôt réchauffé la rancune tenace que la meute d’internautes autoproclamés défenseurs de Maurice Kamto, nourrissaient contre sa personne depuis quelques mois. Ancien directeur de campagne du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) et co-détenu à la prison centrale de Kondengui pendant neuf mois, l’homme politique n’est plus vu d’un bon œil depuis qu’il enchaîne des sorties au vitriol contre son compagnon d’infortune d’hier et ses affidés. La dernière saillie en date remonte au 1er décembre dernier.
Invité par nos confrères d’Abk Radio, un média basé à Douala, le magistrat municipal a flingué à bout portant sur la gestion des fonds du programme humanitaire Cameroon Suvival Initiative initié par le Mrc. A en croire celui qu’on surnomme affectueusement PEK, cet argent a servi à nourrir les desseins personnels de certains cadres du Mrc, notamment la construction de résidences privées. Une sortie sulfureuse qui a provoqué l’ire de certains internautes. Lesquels ont aussitôt affublé monsieur le maire de tous les noms d’oiseaux.Non sans estimer qu’il a retourné sa veste pour se mettre au service des « ennemis du peuple ». Trois jours plus tard, Paul Éric Kingue qui a convié la presse hier à la présentation de sa chaîne de télévision, donne à nouveau du grain à moudre à ses détracteurs en annonçant solennellement que le projet a bénéficié de la contribution financière du président de la République Paul Biya. « Alors que je le combats politiquement, j’ai bénéficié d’une petite contribution de 20 millions de Fcfa du président Paul Biya pour ce projet éducatif. Preuve qu’il est soucieux de la formation des jeunes de son pays. Je lui dis merci », déclare-t-il sans coup férir. Un témoignage assimilé à un aveu de conspiration et qui a (logiquement) ouvert le boulevard à une levée de boucliers sur la toile.
Au tribunal des réseaux sociaux
Entre ceux qui estiment que l’élu du peuple a enfin démontré au grand jour qu’il roule désormais pour le régime avec le funeste dessein de combattre et de couler le navire Mrc, et ceux qui y voient un mea-culpa du Pouvoir de Yaoundé qui l’a envoyé en prison il y’a une dizaine d’années pour avoir osé déclaré la guerre à certaines multinationales actives sur le territoire de la commune de Njombé-Penja qui refusaient catégoriquement de payer les taxes communales normalement dues, chacun y va de son argumentaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Paul Eric Kingue est sur le gril, mangé à toutes les sauces sur les réseaux sociaux. Lui qui a confié aux journalistes que « C’est depuis ma cellule à la prison de New-Bell à Douala que j’ai pensé au concept de chaîne d’enseignement à distance School TV Africa ». Une chasse à l’homme qui laisse songeur quant au crédit à accorder à son projet audiovisuel créée dans l’optique, confesse-t-il, de promouvoir le réarmement moral des jeunes Africains pour encourager l’excellence. D’ailleurs, beaucoup ont tôt fait de cataloguer la chaîne qui promeut l’éducation, la formation et l’enseignement en la taxant d’une « Crtv bis ». C’est-à-dire une caisse de résonnance de l’Etat.
Pourtant, de ce qu’on sait de ce nouveau bébé, c’est qu’il a été mis sur pied sous fonds propre. En parcourant son cahier de charge, l’on appert le credo qui est celui de façonner des hommes intègres, audacieux dans la recherche par le biais des nouvelles technologies afin d’acquérir les aptitudes professionnelles qui répondent au marché de l’emploi. Tenez par exemple, le rêve que porte l’initiateur de ce projet est clair. Il est question de « favoriser les langues africaines dans le souci de permettre aux élèves et étudiants, de bénéficier d’une éducation de qualité, et offrir aux adultes un espace pour l’autoformation quelques soient leur milieu social ». Bien plus, cette chaîne, au-delà de la pédagogie, va divertir son jeune public à travers des programmes éducatifs. « Avant la Covid-19, il existait déjà des inégalités accentuées par cette pandémie. Des fractures éducatives entres les zones rurales et les zones urbaines, les fractures entre les élèves (pauvres) ne pouvant compter que sur eux-mêmes et les élèves (riches) pouvant bénéficier d’un accompagnement personnalisé, des fractures entre établissements scolaires mieux outillés et ceux qui ont peu de moyens », explique son promoteur.