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Calixte Beyala contre Paul Chouta: Le journaliste va présenter sa défense le 17 décembre

Publié le 07 décembre 2020 par Tonton @supprimez

Pour la première fois depuis 19 mois, le procureur a présenté l’accusation et produit ses éléments de preuves. Le tribunal invite maintenant le web journaliste à apporter les éléments qui permettraient de l’innocenter de l’accusation de diffamation à l’encontre de l’écrivaine.

« Le moment est venu pour Paul Chouta de se défendre par rapport à ce qu’on lui reproche. De donner ses explications », dixit Me Henry Kouokam, l’avocat du web journaliste. C’était à la fin de l’audience qui s’est déroulée le jeudi 3 décembre 2020 dernier au tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif. Dans une salle d’audience comble, Paul Chouta est apparu plutôt détendu, dans un ensemble vestimentaire qui lui donnait fière allure. Il a écouté le procureur nouvellement nommé dans ce tribunal, appeler son dossier et pour la première fois depuis plus d’un an, ouvrir les débats. Le procureur a lu les chefs d’accusations et produit les éléments de preuves de la partie plaignante. Il a demandé à Paul Chouta si tout ce qui est dit est correct et s’il a des observations à faire. Il a ensuite fait un rapide tour de table avant de déclarer, sourire aux lèvres, que l’affaire est renvoyée au 17 décembre 2020 pour permettre à Paul Chouta de présenter les éléments de sa défense.

Une attitude détendue du juge, comme pour donner un peu d’air à ce procès qui fait courir les foules depuis 19 mois. A chaque évocation de cette affaire, on se demandait bien ce que le tribunal allait sortir de nouveau pour éviter d’entrer dans le fond du dossier. Familles, amis, journalistes et curieux avaient donc fait le plein de la salle. Tout s’est joué juste en quelques minutes. Une fois de plus, la plaignante Calixte Beyala était absente. Ses avocats aussi étaient absents en raison de la grève. Une absence qui n’a visiblement pas beaucoup impacté sur le déroulement d’une audience qui ne faisait qu’entamer l’ouverture des débats. « La parole était au procureur. Il a présenté son accusation comme vous l’avez suivi. La présence physique de l’écrivaine Calixte Beyala n’était pas nécessaire », a expliqué par la suite l’un des avocats de l’écrivaine. « On est en matière correctionnel, c’est le ministère public qui porte l’accusation. La victime n’est qu’un témoin de la procédure. Sa présence n’est pas absolument nécessaire. Parce que son intérêt d’y prendre part c’est de réclamer ses dommages et intérêts au demeurant. Son absence ou sa présence n’impacte pas fondamentalement la procédure étant entendu qu’elle a fait une déclaration à l’enquête qui est consignée dans le procès-verbal » a rappelé la défense du web journaliste.

Les avocats de Paul Chouta sont confiants

« En raison de notre mot d’ordre de grève, nous n’étions pas au tribunal mais nous suivons le procès à distance. On a longuement discuté avec Paul Chouta avant le début de l’audience, on lui a dit ce qui doit être fait et ce qu’il n’est pas permis de faire. Moralement on a le devoir d’assister le journaliste » a précisé notamment maitre Henry Kouokam. Pour la défense du journaliste, si plus d’un an après la plainte de l’écrivaine les lignes ont commencé à bouger, c’est forcément une bonne nouvelle. « Il a donc fallu qu’on change de juge pour qu’enfin on ouvre ce dossier. Nous ne voulons pas faire des analyses de peur de blesser des sensibilités »,a tranché un avocat. Le 17 décembre, la grève aura cessé et les avocats du web journaliste seront présents au tribunal pour le soutenir. Pour rappel, Paul Chouta est placé sous mandat de dépôt provisoire depuis un an et huit mois à la prison de Kondengui pour une affaire de diffamation par voix cybernétique suite à une plainte contre lui de Calixte Beyala. Le lanceur d’alerte est accusé d’avoir posté une vidéo sur sa page facebook mettant en scène une altercation verbale entre Calixte Beyala et un homme présenté comme l’amant de l’écrivaine francocamerounaise.

Paul Chouta devra donc expliquer au tribunal si c’est lui l’auteur de la publication de la vidéo. La loi sur la diffamation en cybercriminalité mentionne que « le fournisseur de contenu est responsable des contenus véhiculés par son système d’information notamment lorsque les contenus portent atteinte à la dignité humaine, à l’honneur et à la vie privée ».Cependant, Paul Chouta reste toujours en prison. Sa détention arbitraire est condamnée par le pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Cameroun qui demande que « tout individu arrêté ou détenu du chef d’une infraction pénale soit traduit dans le plus court délai devant un juge ou une autre autorité habilitée par la loi à exercer des fonctions judiciaires, et devra être jugé dans un délai raisonnable ou libéré ».

Hugo TATCHUAM


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