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Cameroun – Régionales 2020: Le passage en force du pouvoir de Yaoundé

Publié le 08 décembre 2020 par Tonton @supprimez

Le scrutin devant élire les premiers conseillers régionaux du Cameroun, massivement rejeté par les principaux partis de l’opposition (Mrc et Sdf), s’est finalement tenu dimanche dernier.

Le pouvoir de Yaoundé a décidé de passer en force en organisant le scrutin des conseillers régionaux le 6 décembre dernier. Un pari risqué voué à entrer en collision avec le refus exprimé par les deux principaux partis d’opposition, le Social Democratic Front (Sdf) et le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) de Maurice Kamto, l’opposant numéro un à M. Biya. Dans une communication le 24 août 2020, Maurice Kamto avait lancé un « appel au départ pur et simple de monsieur Paul Biya du pouvoir en cas de réalisation » de « la forfaiture électorale en préparation ». Le candidat classé deuxième à l’issue de la présidentielle d’octobre 2018 et qui n’a, depuis lors, eu de cesse de clamer à hue et à dia qu’il est le vrai vainqueur de ce scrutin, faisait allusion aux premières élections régionales dont le corps électoral a été convoqué par le président de la République pour le 6 décembre 2020.

Il appelait à une mobilisation générale contre l’organisation des élections régionales avant la résolution de la crise anglophone par la mise en place d’un cessez-le-feu et l’ouverture d’un vrai dialogue politique national inclusif et la réforme consensuelle du système électoral actuel. « J’annonce que toute convocation du corps électoral par le gouvernement illégal et illégitime de Yaoundé, avant la prise en compte et une mise en application effective des deux exigences rappelées ci-dessus, emportera automatiquement lancement d’une gigantesque campagne nationale d’appel au départ pur et simple de M. Paul Biya du pouvoir », avait martelé Maurice Kamto, placé en résidence surveillée « de fait » depuis le 20 septembre 2020.

Répression policière

Tous ceux qui ont essayé de contester l’organisation de ces élections ont pour la plupart été arrêtés. Le dimanche du vote, une centaine de policiers anti-émeute, armés de boucliers et de matraques, ont été déployés autour du domicile de Maurice Kamto. «Ce passage en force (…) n’aura aucun écho favorable chez les millions de Camerounais qui continuent à s’opposer à cette mascarade », dit au Messager, un proche du directoire du Mrc. Depuis des mois, les autorités de Yaoundé ont lancé une course contre-la-montre pour respecter le calendrier fixé par Paul Biya. «Nous rejetons cette élection. Le régime Biya est allé à l’encontre de la volonté populaire», insiste notre source. La décision d’organiser à la «hâte» ce scrutin va «redonner un second souffle à la contestation», estime l’analyste politique Germain Nnanga.

Et, même si le nombre de manifestants contre le régime est amené à baisser, «ils seront (encore) plus déterminés», ajoute M. Nnanga qui n’exclut pas des «violences» face à une éventuelle «répression policière». En attendant, le Rdpc en toute logique devrait faire une razzia dans cette élection. Le parti au pouvoir renforcerait sa domination sur la quasi-totalité des institutions du pays. Une configuration pourtant loin de refléter la diversité ethnique et socio-politique au Cameroun, soutiennent de nombreux observateurs.

Ahmed MBALA


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