Mank // De David Fincher. Avec Gary Oldman, Amanda Seyfried et Lily Collins.
Après nous avoir offert House of Cards et plus récemment Manhunter sur Netflix, David Fincher revient au cinéma mais… sur Netflix. Et Mank est une excellente surprise qui m’a donné une seule envie : retourner au cinéma. Cela fait maintenant plus d’un mois que je n’ai pas pu y aller et je dois avouer que cela me manque terriblement surtout avec ce genre de films. Mank veut nous plonger dans l’univers des années 30 à Hollywood et l’on sent le côté maniaque de David Fincher ressurgir ici dans cette façon de reconstituer cette époque à la fois dans les décors mais aussi dans la mise en scène à laquelle il rend clairement hommage. Dans ce film, qui peut être une sorte de making of de Citizen Kane de Orson Welles, David Fincher n’hésite pas non plus à égratigner Hollywood à sa façon, avec un regard à la fois caustique et fascinant sur cette période et les gens qui la compose. Certains verront dans Mank un film assez conventionnel mais j’y vois quelque chose de beaucoup plus profond notamment sur cette époque si particulière. Mais ce film peut aussi être un brin étrange par moment et ne serait-ce que dans la filmographie du réalisateur. Disons que le film dénote un peu mais il démontre aussi à quel point David Fincher a un cinéma et l’envie de partager tout ça.
Dans ce film qui jette un point de vue caustique sur le Hollywood des années 30, le scénariste Herman J. Mankiewicz, alcoolique invétéré au regard acerbe, tente de boucler à temps le script de Citizen Kane d’Orson Welles
Ce qui est aussi très amusant dans Mank c’est la façon dont il égratigne le cinéma, réalisé par un réalisateur reconnu, tout en étant diffusé sur une plateforme comme Netflix qui n’a de cesse de donner de l’eczéma aux salles de cinéma. Mank est apparu sur nos écrans grâce à Netflix car c’est un projet de longue date que David Fincher avait dans ses cartons et dont personne n’avait voulu car pas facile à vendre. Après tout cela peut se comprendre dans le sens où faire un film en noir et blanc au son mono, c’est un peu complexe mais ce projet singulier fait aussi la force de Mank. Dans sa façon de mettre en scène le film, on retrouve tous les charmes d’un vieux film comme la reproduction de ces brûlures de cigarettes sur les bandes des films d’une autre époque. C’est un maniaque qui a mis en scène ce film et c’est brillant. Au delà de ça, les dialogues sont soignés, égratignants à leur façon le cinéma tout en proposant une histoire passionnante sur l’écriture d’un des plus grands chef d’oeuvre connu à ce jour. Le casting est quant à lui plutôt solide, suffisamment en tout cas pour donner corps à cette aventure étonnante à laquelle je ne m’attendais pas vraiment. On retrouve en tout cas le goût de Fincher pour les personnages qui sortent un peu de la bulle classique, des outsider comme il a pu le faire avec The Social Network ou même avec Zodiac (qui reste mon film préféré du réalisateur).
Note : 9/10. En bref, un brillant film qui se permet tout dans sa reconstitution d’une époque mais aussi dans sa façon d’en parler.
Disponible sur Netflix