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Cameroun: Le rasage traditionnel résiste à la modernité

Publié le 09 décembre 2020 par Tonton @supprimez

Malgré les risques de santé, ils sont nombreux qui optent encore pour cette méthode obsolète.

Le rasage traditionnel est une technique de rasage à l’ancienne où on utilise un rasoir coupe-choux ou une lame de rasoir ou un rasoir de sureté et un savon à barbe, qui n’est autre que le savon de ménage. Aussi appelée rasage classique, cette méthode adoptée par nos grands-pères présente de nombreux avantages et surtout des risques énormes pour ceux qui se coiffent chez les raseurs traditionnels ambulants que sédentaires. Même si le rasage traditionnel gagne du terrain dans le monde actuel, dans la région septentrionale du Cameroun, beaucoup d’hommes continuent de se raser avec les outils du rasage moderne : rasoirs mutilâmes et mousse à raser en vaporisateur. Une technique qui en réalité, renferme beaucoup de risque et des avantages. Vous vous demandez sans doute pourquoi revenir en arrière pour parler du rasage traditionnel qui se pratique toujours dans le septentrion ? Des éléments de réponses dans cette enquête réalisée auprès des populations du Grand-Nord.

Pour un rasage réussi, les raseurs utilisent des objets traditionnels qu’ils ont gardé jalousement des grands parents. En optant pour du matériel plus approprié, ils limitent tous les risques de coupures, irritations et bien d’autres désagréments. Il s’agit : du coupe-chou, de la shavette et du blaireau accompagné d’un savon à barbe. L’utilisation du coupe-chou est la technique de rasage la plus ancienne. Également appelé rasoir droit, ce rasoir traditionnel pour homme se distingue par une lame fixe qui peut se replier dans la chasse pouvant être en bois précieux ou en corne. «Pour raser avec le coupe-chou, il faut être au plus près, il est d’une précision incomparable. Vous n’aurez pas à dépenser une somme en plus pour son entretien vu que la lame est non remplaçable», explique Souley, raseur dans la ville de Garoua au lieudit Yelwa.

Mais pour des raisons évidentes d’hygiène et de santé, le coupe-chou n’est pas très utilisé comme par le passé, au dépend de la shavette. Quant à la shavette, c’est un accessoire de rasage traditionnel très proche du coupe-chou, notamment par sa forme et ainsi par la technique adoptée. En effet, la seule différence est que ce rasoir est muni d’une lame extensible. Très appréciée par les raseurs, la shavette est plus hygiénique, puisqu’on a la possibilité de changer la demi-lame à chaque rasage. De plus, elle est beaucoup plus abordable qu’un rasoir de sureté ou un coupe-chou. «Les lames jetables très fragiles, sont divisées en deux, pour être insérées et utilisées à tour de rôles», nous explique notre raseur Modou Abba, installé au quartier Doualaré à Maroua dans la région de l’Extrême-Nord.

Pour mieux utiliser ces deux lames, le raseur accompagne cela avec du savon ou d’une mousse qui est appliquée par un blaireau, qui est indispensable à tous ceux qui souhaitent se raser convenablement à l’ancienne. Un accessoire qui à l’aspect d’une brosse présentant une manche et des poils. Il sert en effet à monter un savon ou une crème à barbe en mousse et à appliquer celle-ci correctement sur la partie du visage à raser. «Sur le marché, on peut trouver une gamme variée de blaireaux conçus à partir de différents matériaux. Il est préférable d’opter pour les modèles présentant des poils moyens en fourrure de cheval. Devenu rare, les raseurs optent pour les pinceaux», ajoute Modou Abba.

AVANTAGES

Le rasage est une vraie corvée pour beaucoup d’hommes. En utilisant une mauvaise méthode, beaucoup de gentlemen sont confrontés à de nombreux désagréments liés au rasage dont les coupures, rousseurs, irritations et boutons. Pour éviter ses désagréments, beaucoup préfèrent, le faire eux-mêmes ou se rendre chez un raseur traditionnel, afin d’éviter la perte de temps et les dépenses, d’où les avantages du rasage traditionnel. «Le fait de se raser à l’ancienne procure un réel plaisir et une meilleure sensation. Certes, cela nécessite un peu d’apprentissages, mais après quelques semaines vous serez étonné du résultat obtenu. Je n’ai jamais utilisé une tondeuse et n’ai jamais mis pieds dans un salon de coiffure. Je préfère ne pas avoir les boutons partout sur le visage comme pour certains hommes ici dehors», confie Souleymanou. Selon ce dernier, les techniques de rasage actuelles peuvent provoquer des irritations, notamment aux hommes qui ont des peaux sensibles et fragiles.

S’utilisant uniquement avec du savon à barbe, les lames de rasage traditionnel ont comme avantage de minimiser ses effets indésirables du rasage répété. De plus, ces dernières sont si affûtées et rasent de si près qu’il n’est pas nécessaire de passer plusieurs fois sur une même zone. «Je préfère me raser chez mon «wandjam» à bas prix et quitter derrière les problèmes. En plus, il le fait très bien et je ne sens rien après», explique Ibrahim. Le rasage traditionnel reste, pour certains, la méthode la plus économique. Les accessoires qui y sont dédiés selon eux, sont non seulement plus abordables, mais aussi plus simples à entretenir. Aiguiser son coupe-chou ou remplacer la lame de son rasoir de sureté ne coûte rien comparé au prix des rasoirs jetables et des rasoirs électriques qui ont des durées de vie limitées. «Je suis raseur traditionnel depuis des lustres. J’ai commencé ce travail, lorsque je n’avais que 15 ans. Aujourd’hui, je suis un père de famille comblé. J’ai élevé mes enfants avec et jusqu’aujourd’hui, je vis avec. S’agissant de la paye, nous n’avons pas un prix fixe. Le prix dépend de chaque client. Certains nous donnent 1000Fcfa pour une tête et d’autres, moins ou plus», explique Baba Wandjam.

LES RISQUES

Contrairement à ce que pourraient penser les adeptes de cette technique ancienne, le rasage traditionnel est une pratique à haut risque lorsqu’il est fait chez un raseur que par soimême. Le client risque alors contracter des maladies infectieuses. Selon le Dr Kidi Menta, médecin en santé publique et directeur de l’hôpital de Kaélé, «généralement, ces raseurs traditionnels ne désinfectent pas les lames et utilisent les mêmes lames pour tous les clients qui se pointent. Ces derniers sont ainsi exposés à des maladies infectieuses. Il s’agit des maladies telles que les hépatites B et C et le VIH qui se transmettent par coupure. Le mieux serait d’opter pour la méthode shavette qui est plus hygiénique. Car, on a la possibilité de changer de lame à chaque rasage». A leur niveau, les raseurs prennent également des dispositions afin de ne pas exposer les clients aux maladies
infectieuses, mais il semble que ces mesures ne soient pas suffisantes pour protéger ces derniers. «Nous utilisons de l’alcool pour désinfecter les lames, pour ne pas exposer nos clients aux maladies comme le VIH Sida, nous certains exigent le rasoir avec la lame jetable», confie Modou Abba. Il est bien vrai que ce rasage ne prend pas beaucoup plus de temps, mais à force de se raser dans la précipitation, on expose le sujet à d’autres risques, tels que, les irritations, les coupures, les rousseurs et les boutons. «Je me rase chaque matin avant d’aller au travail.

Mais s’il arrive que je le fasse mal, j’ai des démangeaisons après qui s’accompagnent des boutons», explique jules Fongang. Selon Dr Kidi, pour conserver un bel épiderme, il est fortement déconseillé de se raser tous les jours puisque cela abîme la peau. Il est donc préférable de s’occuper de son visage un jour sur deux, et de garder un style de trois jours le weekend. Pour gagner du temps, il faut se mettre dans les meilleures conditions possibles et dans un environnement adéquat. Le meilleur moment pour cela reste le matin après avoir pris une douche chaude. Elle va permettre de relancer la circulation sanguine du visage et d’ouvrir les pores.


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