Après avoir un peu abandonné Netflix pour d’autres plateformes, je me suis dit qu’il serait bien de rattraper un peu mon retard sur leurs productions originales. C’est notamment sur Grand Army que mon regard s’est penché bien que cela ne soit pas la série pour ados la plus parfaite qu’il soit au premier abord. Mais au delà de son côté par moment classique, Grand Army cache de belles intrigues et des personnages assez intéressants pour que le spectacle soit agréable à suivre. Créée par Katie Cappiello (dont c’est le premier bain dans la création de séries), Grand Army est une série qui a l’avantage d’être réaliste dans sa façon de dépeindre les problèmes de cette jeunesse new-yorkaise. Et plutôt que de s’enfoncer dans certains clichés pas toujours digestes, Grand Army préfère alors nous attacher aux personnages. Pour rapidement exacerber les sentiments des personnages, une attaque terroriste à la bombe va avoir lieu dans le premier épisode. Je dois avouer que cette première intrigue forte était assez inattendue mais permet rapidement de s’attacher au destin de chacun des personnages et à leurs émotions exacerbées par le moment. Katie Cappiello adapte ici sa propre pièce Slut: The Play et tente de porter un regard le plus réaliste possible sur la jeunesse aujourd’hui.
Inspirée par les états d'âme de la jeunesse new-yorkaise, l'histoire suit cinq étudiants d'une école de Brooklyn et en particulier Joey Del Marco, une adolescente de seize ans, victime d'une agression sexuelle par trois amis de longue date.
Le casting de Grand Army est assez large, des ados aux personnages plus âgés, et certains sortent forcément plus du lot que d’autres. Joey Del Marco (incarnée par Odessa A’zion) est déterminée à détruire le patriarcat tout en vivant sa meilleure vie. Elle est la plus âgée de trois soeurs dont les parents sont divorcés. Joey passe ses journées à manifester contre les règles et notamment le dress code sexiste de Grand Army avec son groupe d’amies : Anna, Geo, Tim et Luke. Joey passe ses journées dans le Lower East Side alors que notamment Dom a son univers à Brooklyn. L’une des grandes forces de Grand Army c’est aussi la diversité du casting qui permet de confronter les personnages au racisme, à la difficulté d’être dans une communauté qui n’entre pas dans les mêmes codes que ses amis. La diversité du casting se retrouve aussi dans les intrigues où l’on parle notamment d’homosexualité et de la difficulté de trouver quelqu’un mais le regard porté est intelligent (notamment lorsque Grindr est mis sur le banc).
On parle aussi de racisme autour d’une jeune étudiante d’origine asiatique qui est maltraitée par d’autres étudiantes asiatiques car elle ne parle pas chinois et qu’elle a des parents américains qui ne lui ont jamais appris la culture chinoise. Cette partie de Grand Army est probablement la plus bouleversante qu’il soit car elle associe le bullying à quelque chose de différent sur le besoin de retrouver ses propres racines après avoir été adoptée. Grand Army brosse tout un tas de portraits très différents afin de parler de plusieurs sujets forts et chaque épisode fourmille alors d’idées sur l’adolescence, l’éducation (et son système éducatif), le système social, le système judiciaire, le premier amour ou la première relation sexuelle, la quête d’identité sexuelle (hétérosexuel, homo ou bi ?), le féminisme, le terrorisme, le viol, l’immigration et bien entendu le racisme. Avec cette variété de thématiques traitées par la série, Grand Army parvient à dépeindre des personnages réalistes auxquels on peut facilement s’attacher. On peut même se retrouver facilement dans certaines aventures.
La difficulté d’un tel casting était de pouvoir gérer tout le monde et de donner à chacun des personnages des intrigues intéressantes. Sauf que Grand Army réussie cette exploit auquel je ne m’attendais pas du tout. Ce qui ressort de ce récit c’est le fait que Cappiello nous raconte tout ça de la façon dont la société regarde actuellement les ados et comment on pourrait faire pour apprendre des erreurs passées sur leur éducation. C’est presque une étude sociale que la série fait et Grand Army mériterait bien une petite saison 2 afin de continuer cette aventure fascinante.
Note : 8/10. En bref, une excellente surprise à laquelle je ne m’attendais pas au départ.
Disponible sur Netflix