Depuis le 8 décembre dernier aux environs de 13 heures, la police a levé le blocus autour du domicile de Maurice Kamto. S’achemine-t-on vers une nouvelle surenchère verbale ?
‘‘Le président élu’’ est libre de ses mouvements. Confiné depuis le 22 septembre dernier dans chalet cossu de Ngousso, ses multiples appels désespérés à l’aide par le billet des médias internationaux [Ndlr, Rfi, France 24], auront été stériles. Le gouvernement ayant déployé toute la puissance publique avec ‘‘le monopole de la violence légitime’’ dont parlait Max Weber, pour étouffer dans l’œuf le mouvement insurrectionnel projeté par le Mrc.
C’est par une véritable déclaration de guerre que le leader du Mrc s’était illustré, mettant en garde le chef de l’Etat contre toute convocation des collèges électoraux en vue des régionales, sans quelques préalables : Révision consensuelle du code électoral, résolution de la crise sécuritaire dans le Noso… Ses lieutenants étaient entrés dans la danse, programmant la marche dite du ‘‘chassement’’.
Sans autre forme de procès, le gouvernement a déployé la puissance de l’Etat dans sa splendeur. Assiégé, réduit à de jérémiades, ‘‘le président élu’’ et autoproclamé, a été confronté à l’impassibilité du ‘‘président investi’’. C’est avec soulagement que ses militants ont accueilli ‘‘sa libération’’. Même pour le voisinage, cet état de siège était devenu intenable du fait de la présence permanente des forces de sécurité. Parmi les premiers à arriver au domicile de Maurice Kamto, on reconnaissait Christian Penda Ekoka, qui n’a pas manqué de fustiger l’étouffement de la démocratie et de l’Etat de droit. Virulent et facétieux comme à son habitude, le leader du Mrc n’a rien perdu de son flegme. Promettant qu’il allait poursuivre le combat en dépit de la décapitation de son parti par les arrestations arbitraires de ses cadres. Il a décliné un programme d’actions visant à travailler sur les masses pour obtenir un changement pacifique par les urnes.
Même si elle apparait comme une mesure de détente, cette remise en liberté sous caution du fait des procédures judiciaires pendantes, est une véritable épée de Damoclès suspendue sur la tête du leader du Mrc. Après la tenue sans heurt des régionales du 6 décembre dernier, le gouvernement n’avait plus intérêt à maintenir l’étau autour du domicile de Maurice Kamto. Dans une scène politique marquée par une forte versatilité des leaders, le combat en cavalier solitaire du Mrc souffrira encore pendant longtemps, de l’absence de stratégies cohérentes des forces alternatives pour créer une masse critique à même d’inverser le rapport de force.