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Daniel Cordier Alias Caracalla

Publié le 12 décembre 2020 par Jpryf1

                                            

Daniel Cordier Alias Caracalla

Chacun a en mémoire le magnifique discours d’André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon : « Entre ici Jean Moulin avec les cendres de Victor Hugo et les Misérables, celles de Jean Jaurès et de la Justice….. » et a aussi en mémoire la belle photo en noir et blanc de Jean Moulin avec son chapeau et son écharpe noire ! Chacun sait qu’il fut un héros de la Résistance mais, là, avec le récit de Daniel Cordier « Alias Caracalla » on entre dans la vie quotidienne de ce héros à Lyon, à Paris et à Londres et, dans une certaine mesure dans l’intimité du personnage.

Daniel Cordier qui nous a raconté, avec bonheur, son enfance dans les « Feux de Saint-Elme » (qui devait faire partie d’Alias Caracalla), évoque, ici, pour nous, les quelques années qu’il passa en qualité de secrétaire de Jean Moulin, après avoir quitté clandestinement la France à dix neuf ans pour rejoindre la Résistance. Ces années qui marquèrent si durablement sa longue vie.

Dans ce gros livre de près  de 1200 pages il évoque cette vie clandestine loin des siens à Lyon d’abord puis à Paris. Il narre au jour le jour cette vie à la fois un peu répétitive, complétement clandestine, les difficultés de liaison entre les membres de cette résistance (il n’y avait ni portable, ni internet et le danger était partout), les difficultés pour se loger, pour se rencontrer sans risques et l’on voit s’organiser au fur et à mesure de notre lecture la difficile union des groupes de résistants.

Cela pourrait être un peu fastidieux mais Daniel Cordier réussit la prouesse de nous rendre tout cela captivant et de nous montrer au travers d’actes banaux le courage et la détermination qui animaient ces gens et la difficulté qu’il y eut à unir les mouvements de résistance très divers et très soucieux de leur autonomie, même si elle nuisait à l’efficacité.

Mais il y a aussi l’analyse de ce rapport singulier avec son « patron » dont jusqu’à la fin, si invraisemblable que cela nous paraisse, il ne connaitra pas l’identité. On voit apparaître ainsi derrière le héros connu un homme de culture, amateur d’arts et notamment de peinture moderne et qui sera à l’origine d’une partie de la carrière de Daniel Cordier.

Le livre se termine par le drame de Caluire qui fut un drame pour l’histoire mais aussi un drame personnel pour Daniel Cordier.

Daniel Cordier avait écrit une monumentale histoire de Jean Moulin mais dans ce livre qui reçut le Prix Renaudot Essai en 2009 il nous donne a voir une relation à la fois institutionnelle et personnelle et c’est captivant.



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