Portefeuille déterminant : mode d’emploi

Publié le 16 décembre 2020 par Chroom

Comment acheter du Bitcoin ? Quelles classes d'actifs transiger ? Comment se positionner ? Privilégier les actions ou les ETF ? Quelle plateforme utiliser ? Quand vendre... ?

Le portefeuille déterminant vise à atteindre rapidement et sûrement l'indépendance financière. Performant et peu volatil, il permet également un taux de prélèvement maximal lors de la phase de retrait. Il convient parfaitement à tout rentier ou en passe de l'être, mais également à toute personne qui envisage de le devenir.

Classe d'actifs

Le portefeuille se compose d'actions (pays développés et émergents), d'or, d'immobilier, de bons du Trésor et de Bitcoin. L'allocation d'actifs s'adresse à n'importe quel profil d'investisseur, peu importe ses moyens. Je recommande toutefois les guidelines qui suivent.

Petit capital

Tant que votre fortune est inférieure à 25'000 balles, vous n'avez pas besoin de recourir à cet outil. Investissez simplement chaque trimestre votre épargne dans un ETF immobilier. C'est plus simple et ça vous évitera des frais de transaction importants en regard au niveau des montants investis.

Capital moyen

Entre 25'000 et 50'000 balles de fortune, ayez recours à l’allocation tactique d’actifs. Transigez uniquement les ETFs mentionnés dans le portefeuille (CHSPI, CSSX5E, ISF, CSSPX, CSCA, SJPA, EEM, TLT, XBTE, AUCHAH, SRFCHA, IEF). L'allocation du portefeuille se met à jour entre le 1 et le 3 de chaque mois. Tous les indicateurs se réactualisent à ce moment-là. Cela nécessite seulement quelques minutes pour mettre à jour votre portefeuille. L'allocation tactique se base sur la valorisation des classes d'actifs, leur volatilité, leur tendance, ainsi que sur le taux de chômage US. Pour plus d'informations, veuillez consulter mon e-book.

Capital plus important

Dès que votre fortune dépasse 50'000 balles, remplacez les ETFs en actions des pays développés (CHSPI, CSSX5E, ISF, CSSPX, CSCA, SJPA)  par l'achat direct de titres. Continuez à miser en parallèle sur les autres ETFs (EEM, TLT, XBTE, AUCHAH, SRFCHA, IEF). J'indique les mouvements (achat/vente) des actions au fur et à mesure. Par exemple :

- 08.10.2020 : achat de 3408 (Tokyo) pour 2% de la valeur du portefeuille. En cliquant sur le lien hypertexte du titre en question, on voit apparaître les ratios financiers :

  • Vert : ok, ratio intéressant
  • Rouge : danger (en principe il ne devrait pas y en avoir lorsque le titre est proposé à l'achat!)
  • Gris : zone "grise", relative à celle utilisée par Altman (ne concerne que ce ratio - Z-Score)
  • Blanc : rien à signaler

Les titres qui sont sélectionnés en direct proviennent des stratégies QVM (qualité, valeur et momentum) présentées dans "Les déterminants de la richesse". Il s'agit essentiellement de micro-capitalisations. Parfois ils proviennent également de recherches et d'analyses personnelles, mais dans tous les cas ils correspondent  à la philosophie de l'approche QVM.

Comment fonctionne l'allocation d'actifs

Une fois par mois, je détermine en fonction de l'évolution du taux de chômage US et de la tendance/valorisation de chaque classe d'actifs celles dans lesquelles il vaut la peine d'investir. Je prends également en compte la volatilité, afin de pondérer la part des différentes classes d'actifs. Les déterminants de la richesse" vous explique en détail ces critères, avec le background scientifique qui les soutient.

Une allocation cible est déterminée pour chaque classe d'actifs. C'est celle vers laquelle on va tendre. Si on suit une stratégie uniquement basé sur des ETFs, elle correspond à l'allocation réelle, le temps d'effectuer les transactions nécessaires. Si on suit une stratégie qui mixte avec des titres en direct, l'allocation réelle peut mettre plus de temps à correspondre à la cible. En effet, il n'y a pas toujours des titres sélectionnables immédiatement disponibles, même lorsque les critères "macros" (valorisation et momentum de l'indice) sont optimaux. Ce n'est pas dramatique, cela veut juste dire qu'on restera cash un peu plus longtemps sur une partie du portefeuille.

C'est d'ailleurs une approche assez sage car s'il n'y a pas de titres intéressants immédiatement c'est probablement mauvais signe. On peut dans ce cas vouloir prendre position sur l'ETF. Toutefois ceci risque de limiter de futures opportunités d'achat en direct d'actions (à moins de revendre l'ETF). Les titres de micro-capitalisations de valeur et de qualité sont par ailleurs toujours préférables aux ETFs. Je recommande donc plutôt de patienter sur l'arrivée de nouveaux titres en direct (si on suit cette stratégie - capital supérieur à 50'000 balles).

L'allocation cible est indiquée sur la droite du tableau, pour chaque classe d'actifs. Les actions des pays développés figurent regroupées sous une seule pondération. Par contre, le détail pour chaque indice est donné dans la colonne de gauche, à côté du pays concerné, lorsque la position est investie. Ceci est surtout utile pour ceux qui suivent une stratégie basée sur des ETFs. Lorsqu'on achète des actions directement, la répartition entre les pays est moins importante. Il conviendra par contre d'éviter d'acheter des actions figurant dans des indices qui ne sont pas eux-mêmes en position investie. Il s'agit de la fameuse approche "top-down".

Positionnement

Dans la partie supérieure du tableau, celle qui regroupe toutes les actions sauf les pays émergents, il est  chaque fois précisé sous position "Actions ou ETF". Ceci signifie que pour ces lignes, soit on achète l'ETF mentionné, soit on achète les actions, en fonction de la stratégie suivie. Le cas échéant si j'ai pris des positions, je les mentionne juste dessous : "Titre : ...".

La position pour chaque actif, hors actions des pays développés, peut être soit  "Investie (ETF)", soit "Cash". Dans ce cas c'est simple : soit on achète / conserve l'ETF en suivant la pondération indiquée, soit on passe / demeure cash. Inutile d'ajuster en permanence l'allocation réelle pour qu'elle corresponde au pourcent près à l'allocation cible. On adaptera par contre lorsque l'écart est supérieur à 5 points de pourcentage. Je communique les mouvements d'ETFs une fois par mois, après avoir publié l'allocation cible.

La position pour chaque indice en actions des pays développés peut être soit "Investie (Actions ou ETF)", soit "Allégée (Actions) ou Cash (ETF)". Si on suit une stratégie ETFs, le principe est le même que ci-dessus. Comme déjà mentionné, les pondérations par pays sont indiquées dans la colonne de gauche. Si on suit une stratégie actions, il convient de suivre les mouvements indiqués au fil du mois. Lorsque je repère un titre correspondant aux critères QVM, je le notifie comme achat, avec la pondération.

Je déclenche et signale les ventes des actions lors de deux cas de figure :

  • les titres ne correspondent plus aux critères QVM (revue semestrielle)
  • les titres ont perdu plus de 15% depuis leur dernier plus haut ou depuis leur achat (revue mensuelle)

Si la position d'un indice en actions passe comme "Allégée (Actions) ou Cash (ETF)" et qu'on suite une stratégie actions, il n'y pas lieu de solder l'intégralité des positions du pays concerné. Par contre, les achats pour les titres relatifs à cet indice sont suspendus. Ceux déjà achetés seront soldés lors des deux cas de figure qui viennent d'être explicités (lors de la revue mensuelle ou semstrielle).

ETFs

Si vous n'avez pas accès ou ne souhaitez pas utiliser les ETFs mentionnés, vous pouvez bien sûr en utiliser d'autres. Mon e-book vous donne plusieurs pistes possibles. De manière générale les iShares de BlackRock, les SPDRs de State Street Global Advisor ou les fonds négociables de Vanguard méritent le détour. Voici quelques permutations possibles :

  • CSSX5E (Europe) : IFRE (France)
  • CSSPX (US) : SPY (US)
  • IEF (US) : CSBGC0 (Suisse), IFRB (France), VGIT (US)
  • TLT (US) : VGLT (US)
  • AUCHAH : GLD
  • SRFCHA (CH) : REET (Monde), IPRP (Europe)

Actions

Les actions transigées font toutes parties des pays développés. Elles sont donc en principe disponibles chez tous les intermédiaires financiers. Toutefois, alors que Tokyo est la deuxième place financière mondiale derrière New-York, la plupart des banques et brokers ne permettent pas de négocier des valeurs japonaises. C'est malheureux car ce pays compte un nombre incroyable de petites pépites totalement boudées par le marché.

De ce fait, je recommande d'ouvrir un compte chez Interactive Brokers, qui est la référence dans le domaine, tant du point des produits négociables, que des tarifs, du professionnalisme et de la fiabilité. Les versements peuvent se faire sur un compte IBAN suisse. Les fonds sont disponibles très rapidement, souvent en quelques heures, mais au grand maximum un jour ouvrable. L'interface web est un peu complexe, par contre l'application pour smartphone est beaucoup plus accessible. DEGIRO permet aussi de trader des titres japonais, même s'il y a moins de choix que chez IB. Leurs tarifs sont un peu plus élevés, mais ça reste raisonnable. L'interface graphique est agréable et facile d'accès. Ce broker n'a pas la même réputation historique que IB mais il fait gentiment sa place dans le milieu. Les versements se font aussi sur un IBAN helvétique, normalement sous un délai d'un jour ouvrable.

Acheter du Bitcoin

Pour le Bitcoin, il y a plusieurs solutions possibles :

  • Acheter du Bitcoin via des contrats à terme (Bitcoin futures sur le CME) via Interactive Brokers. L'avantage c'est qu'on transige via une passerelle professionnelle et sûre. Le problème c'est que le contrat minimal est de cinq Bitcoins. Donc ça fait vite des montants très importants. Même si l'apport initial n'est que de 50%, la somme en jeu peut vite donner le tournis. Surtout quand on associe l'effet de levier offert par les futures avec la volatilité du Bitcoin. Bref, mieux vaut s'abstenir, à moins de n'acheter que du Bitcoin, ce que je déconseille évidemment, ou à moins de posséder un portefeuille de plusieurs millions.
  • L'ETN XBTE de Coinshares, qui réplique le Bitcoin. Il s'agit certainement de l'approche la plus simple puisqu'elle consiste à acheter du Bitcoin via l'ETN concerné sur la bourse de Stockholm. Un ETN ressemble un peu à un ETF. Il se négocie en bourse, mais repose sur une créance, comme des obligations mais sans paiement d'intérêts. La solidité financière de l'émetteur est donc très importante. On ajoute donc au risque d'acheter du Bitcoin le risque de solvabilité de Coinshares. Pour cette raison je conseille de limiter l'investissement selon cette méthode à un montant similaire à celui qu'on mettrait pour les actions d'une entreprise (plutôt que ce qu'on placerait pour toute une classe d'actifs). A ma connaissance il n'y pas actuellement d'ETF couvrant le Bitcoin.
  • Une plateforme web d'échange de cryptomonnaies. C'est l'approche utilisée pour acheter du Bitcoin par une frange importante des boursicoteurs en cryptomonnaies. Il y a à boire et à manger dans ce domaine. Comme on dit toutefois, quantité et qualité sont deux choses bien différentes. Surtout quand on prend en compte la sécurité dans l'équation. Toutefois, avec le temps, quelques acteurs sont parvenus à se faire une assez bonne réputation, notamment Kraken, Coinbase, Bitstamp et Gemini. J'ai personnellement une préférence pour ce dernier. Gemini accorde en effet une importance primordiale à la sécurité et bénéfice d'une excellente réputation, notamment auprès des institutionnels. Par ailleurs les versements se font sur un IBAN suisse (en euros). Il faut normalement compter un jour ouvrable pour alimenter le compte, ce qui reste raisonnable. L'interface est archi simple. Par contre, avec 1.5% de frais de transaction, on est assez loin des standards des brokers.
  • Minage et/ou stockage hors ligne. Au lieu d'acheter du Bitcoin, on peut le produire virtuellement. On peut aussi choisir de le conserver sur des supports "froids", hors réseau. On rentre avec ces méthodes plutôt dans le domaine des geeks, je n'en parlerai donc pas ici.

Comme le dit l'adage, il vaut mieux ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. C'est aussi valable lorsqu'il s'agit d'acheter du Bitcoin. J'ai personnellement opté pour un mix de la deuxième (ETN XBTE) et de la troisième (Gemini) solution.

Réserves

Le niveau des réserves dépend des indicateurs des différentes classes d'actifs (tendance, valorisation, chômage). Plus il y a des classes d'actifs qui générent de mauvais signaux, moins il y en a dans lesquelles on peut investir. Plus les réserves deviennent donc importantes. A l'inverse ces dernières peuvent fondre, jusqu'à devenir nulles s'il y a sufisamment de classes dans lesquels on peut se positionner. Les réserves cibles sont à placer dans des obligations gouvernementales à moyenne échéance, via un ETF comme IEF (ou l'une des autres alternatives mentionnées plus haut).

Lorsque les réserves passent à zéro, si on suit une stratégie basée uniquement sur les ETFs, on solde IEF (ou son alternative). On achète alors le/s ETF/s des classes qui deviennent vertes. Si on suit une stratégie basée en plus sur des actions, on vend IEF (ou son alternative) en CHF, ou en USD (on trouvera dans la colonne "ETF", sur la ligne des Réserves, la monnaie dans laquelle se positionner). Cet argent restera à disposition en attendant qu'un ou des titres puissent être sélectionnés.

Il est possible que la devise change lors de la revue mensuelle du portefeuille. Dans ce cas on changera ses dollars en francs suisses, ou vice versa, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de cash disponible, suite à l'achat de nouvelles actions. Cette stratégie permet de réaliser quelques petits gains supplémentaires. Si on est chez un Broker qui taxe des intérêts négatifs sur le CHF et que la position est investie sur cette monnaie, on peut en profiter pour rappatrier temporairement ses sous sur un compte en Suisse.

Un dernier mot

Le monde de la finance adore les clivages. L’analyse fondamentale s’oppose ainsi traditionnellement à l’analyse technique, les actions aux obligations, la performance à la sécurité, les actifs réels comme l’or ou la pierre aux valeurs mobilières, les cryptomonnaies aux monnaies Fiat (traditionnelles). Pourtant, concilier toutes ces approches, à travers le portefeuille déterminant, permet de diversifier les risques tout en maximisant la performance.

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