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Noël d’antan

Publié le 17 décembre 2020 par Jacquesmercier @JacquesMercier

A propos des cadeaux de Noël, voici deux extraits de « Mes drôles de vies » (Édition Racine) et qui vous donneront peut-être envie de mettre ce livre sous le sapin ? (Votre intérêt sera aussi un cadeau pour moi !)

Très tôt, j’ai aimé écrire, lire, et j’aimais aussi tout ce qui concerne les objets de l’écriture. Je suivais avec une grande application les jambages dessinés au tableau, qu’il fallait reproduire dans notre cahier ligné : sous les g, les y, les j… Les points sur les i à ne pas mettre à côté mais bien au-dessus. J’avais sans doute commencé à écrire en caractères typographiques avec ma mère. C’était lié aux parfums de l’encre, du bois vernissé des plumiers et du cuir du cartable.

Il y eut une préparation particulière de la fête de Noël. Mon père me demanda ce que je souhaitais comme cadeau. Je fus surpris car, en général, nous héritions de vélos repeints, de jouets de seconde main ou de vêtements devenus trop étroits pour d’autres cousins. Je lui dis que j’aimerais des encriers de couleur. J’en avais vu sur le trajet de l’école à la devanture des papeteries. En classe, on écrivait en trempant son porte-plume dans l’encrier de porcelaine blanche. L’encre était noirâtre, un peu violette. Toujours la même. Mais pouvoir écrire en vert, en bleu émeraude, en rouge ou en rose, comme ce devait être jouissif ! Je le dis et j’attendis donc confiant. Curieux, je jetais un œil chaque matin sur les cadeaux emballés et déposés au pied du sapin. Je le vis enfin. Pas de doute, c’était bien mon paquet, ce parallélépipède rectangle ! Je devins de plus en plus énervé et finalement ce fut le jour de Noël et le moment de la remise des cadeaux. On me présenta le mien ! Je déchirai le papier et je découvris une boîte ancienne, un peu cabossée et qui fermait mal, avec des encriers dépareillés, de plusieurs dimensions. J’étais terriblement déçu : ce n’étaient pas les beaux encriers rutilants et neufs que j’espérais. Et je vis que mon père m’observait et l’avait compris lui aussi. Je m’en voulus d’avoir montré ma déception. J’étais triste de lui faire de la peine, car je comprenais aussi l’amour qu’il avait mis dans le cadeau, le temps qu’il avait dû passer à rechercher les encriers, à les remplir d’encres différentes dans les bureaux de son usine. Pendant très longtemps, j’ai eu beaucoup de mal à ouvrir les cadeaux qu’on m’offrait. Pour ne pas faire de peine à mon père, j’ai préféré prendre sur moi.

Autre extrait à propos de Noël :

« En 1953, un film eut une grande incidence sur mon enfance : Moineaux de Paris de Maurice Cloche. Les Petits chanteurs à la croix de bois y jouaient leur propre rôle. Dans le scénario assez simple, l’un des petits chanteurs tentait de retrouver un médaillon perdu. Le plus important est qu’ils chantaient A la claire fontaine, Il pleut, il pleut bergère, Au clair de la lune et bien d’autres airs que je connaissais. Cela me ravit tellement que le lendemain j’allai trouver le responsable de l’école et insistai jusqu’à ce qu’il m’engage dans la chorale du collège. J’adorais être une voix parmi d’autres, différentes mais qui se rejoignaient dans une même création harmonieuse. Je fus soliste… une seule fois ! C’était la nuit de Noël et j’interprétais du haut du jubé le cantique : Il est né le divin enfant. Le texte avait été traduit dans notre patois local, le mouscronnois, un mélange de vieux français, de picard, de rouchi et de wallon. Le refrain disait : « Ah vn’ez vir el petit Jésus dins sin bèr au mitan d’létafe… Du ciel tout drôt y’est déchindu » (Venez voir le petit Jésus dans son berceau au milieu de l’étable… Du ciel, tout droit, Il est descendu.) « 

Il m’est arrivé d’aider le Père Noël !

Noël d’antan

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