" C'est avec le sentiment du devoir accompli que je quitte la présidence de l'IRT Saint Exupéry, après deux ans d'un engagement intense et passionnant. Le travail engagé par mes prédécesseurs m'a permis de mener avec les administrateurs, les équipes et partenaires de l'IRT la transition vers une nouvelle phase voulue par l'Etat. Ce travail commun a abouti le 4 décembre dernier, dans un contexte de crise sectorielle sévère et inédit, à la signature avec le Secrétariat Général du Programme des Investissements d'avenir d'une convention engageant pour les cinq prochaines années l'Etat, les académiques, les industriels et les équipes de l'IRT dans une stratégie commune, au bénéfice de l'innovation industrielle par la recherche.
En effet, après un financement très incitatif au démarrage de la structure (1 € de l'Etat pour 1 € des industriels) et le levier complémentaire des collectivités territoriales (Toulouse Métropole et Région Occitanie pour les locaux du B612 à Toulouse), le modèle économique de l'IRT revient dans la norme des centres de recherche européens, à un niveau d'aide publique de 33 % à l'horizon 2025, ce qui amène à trouver de nouvelles ressources.
Il s'agit donc d'élargir les partenariats, régionaux, nationaux et internationaux, de mener davantage de projets européens, d'amplifier les collaborations jusqu'alors embryonnaires avec les autres IRT et de s'inscrire davantage dans les feuilles de route du CORAC et du plan de relance sectoriel qu'il anime ainsi que du Co-Space, tout en accélérant la digitalisation et l'intégration de l'IA dans les développements. Ces objectifs sont déjà concrétisés dans de nombreux projets, déjà lancés, sur le point de l'être ou en cours de montage. La convention, dans ses recommandations, évoque aussi le développement de l'activité pour le secteur spatial et le resserrement des liens déjà nombreux avec les académiques et les organismes de recherche technologique, deux points qui me tiennent particulièrement à cœur et qui ont bien progressé en deux ans. A titre d'exemple, une convention de coopération a été signée avec l'ONERA le 4 février 2020 pour mutualiser les développements au-delà des 5 projets partenariaux déjà engagés. Plus récemment, ce 17 décembre, le partenariat entre l'IRT Saint Exupéry et l'Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées a officialisé, par une signature commune des deux présidents, l'intégration du projet d'intelligence artificielle DEEL -engagé par l'IRT Saint Exupéry dès 2018 avec ses partenaires canadiens- dans le projet ANITI dont il avait contribué à la labellisation par l'Etat comme l'un des 4 instituts nationaux d'intelligence artificielle, avec des financements à la clef : une opération tout à fait exemplaire faisant de Toulouse un pôle pionnier pour l'intelligence artificielle de confiance, adaptée aux systèmes critiques (aéronautique, spatial, mobilité, dispositifs médicaux...), de la recherche fondamentale au transfert vers l'industrie, en passant par la formation initiale et continue, au service de la compétitivité par l'innovation et de l'emploi.
Le secteur aéronautique est confronté à des mutations technologiques permettant de réduire son empreinte environnementale, que ce soit pour la propulsion, les matériaux, les carburants, l'électrification, l'optimisation des phases critiques, l'aide à la décision par une IA de confiance, robuste et certifiée. De son côté, le spatial vit une évolution rapide avec la digitalisation et la démocratisation de l'accès à l'espace, tandis que les métadonnées qu'il génère suscitent des applications dans tous les domaines : télécommunications, accès à internet, connectivité, géolocalisation et positionnement, santé, agriculture, environnement, climat, défense, sécurité... Ce sont autant d'opportunités et de défis pour l'IRT Saint Exupéry et ses partenaires, à l'interface de la recherche et de l'industrie. J'ai confiance dans le talent des équipes de cet institut, dont j'ai pu apprécier l'engagement et le sens de l'intérêt général, pour peu que soit préservé ce qui fait leur ADN : l'agilité, la diversité des cultures, la créativité et la liberté de penser " out of the box ".Les fondamentaux sont posés pour que l'IRT poursuive sa mission dans un écosystème toulousain potentiellement propice à la mutualisation et à l'innovation. Le moment est venu pour moi de me consacrer à mes autres engagements bénévoles dans les fondations de recherche et think tank européens que j'ai un peu trop négligés pendant ces deux années. "
Geneviève Fioraso, ancienne ministre, Présidente de l'IRT Saint Exupéry