Texte du fiston
Comores 1
Comment te dire ?
Je croise un gars à la sortie du bateau qui me demande où je dors ? Je lui dis « je sais pas ». Il me dit « attends, attends , je vais appeler quelqu’un ! » je sentais le traquenard venir, car à Mada par exemple, ils te proposent toujours leurs services mais aussi te demandent toujours un « cadeau », même si tu leur dit que t’as rien sur toi. Donc je lui dis direct qu’il ne faut pas qu’il s’enflamme le bonhomme. Et là il me présente un autre gars, Farid qui s’occupe de moi. Je lui dit qu’il faut que je retire du cash, il me répond « c’est bon mon frère, on s’occupe de toi, ne t’inquiète pas ». Beh si je m’inquiète. Mais en fait, suis con, j’te la fais courte : j’ai pissé, j’ai mangé, j’ai eu une bouteille d’eau fraîche, j’ai eu de la connexion internet pour me sortir d’un faux pas, j’ai eu droit à un échange d’euros sans frais avec des pièces (normalement ils prennent que les billets) par la guichetière de la banque en scred, j’ai même dû refusé de l’argent pour un taxi de la part d’une commerçante à qui je demandais simplement mon chemin ! Et tout ça gracieusement, que ce soit en arrivant ou les 2 derniers jours, même en proposant de rembourser, ils en veulent pas.
Depuis le 1er soir, je tape la pétanque avec eux. A l’hôtel je bois le thé avec le gérant. On parle religion, il m’explique qu’il n’aime pas les extrémistes, qu’ils font une mauvaise lecture du Coran, que lui accepte les chrétiens, les juifs, même les jéhoviens.
On va dire que je m’enflamme mais là j’invente rien. Mes affaires sont restées tel quel dans la chambre, je me sens vraiment en sécurité. J’étais en galère de fric à cause du seul guichet dispo hs, merci à la coloc pour la réactivité. Pour info, marre de profiter des comoriens, je suis aller au consulat pour juste demander une connexion internet, que dalle ! La consul s’est même permise de me dire que j’étais inconscient de voyager sans argent (elle a pas complètement tort) mais surtout qu’est ce que je foutais là !! Je te passe les détails, elle a bien compris que j’étais pas content, elle connaissait rien du pays dans lequel elle exerce, elle a été hallucinante !! C’est sa collègue comorienne qui m’a partagé sa connexion internet perso (puis un gars dans mon quartier) ! Entre le gars qui s’était fait assassiné à Mada sans résultat de la part de l’ambassade et là un refus pour une simple connexion internet, beh si t’es en galère à l’étranger, surtout ne compte pas sur eux !! Une honte
Bref, voilà pour ce qui est de la première approche avec les comoriens, hospitalité exemplaire.
La ville dans laquelle je suis, Mutsamudu, me rappelle Mada, c’est fait de bric et de broc, y a beaucoup de rues qui passeraient pour des coupe gorges mais tout le monde est accueillant, souriant, poli. Ça fait du bien de ressentir ce genre de chose. Hier soir je suis rentré à 22:30 tout seul, no soucy, que de la bienveillance. Suis pas sûr que dans des rues aussi étroites et sombres à Paris dans le 18ème je me sente aussi à l’aise... Par contre, cette ville est très moche, a voir sur la photo, que des murs en ruine ou en construction. Morondava était plus jolie. Aussi, la plupart des voitures, importées souvent d’Inde ou des pays arabes, ont le volant à droite, alors qu’ils roulent... à droite
La religion me sers bien car les comoriens m’ont expliqués que Dieu leur a dit d’être bons, c’est pour ça qu’ils m’aident. Mais l’appel de la prière, 5 fois par jour dont le 1er vers 5 heures du matin, c’est un peu relou. Mais tu peux voir ça comme un art et ça dure pas plus d’une minute alors ça va. J’ai pu faire une vidéo, je suis sûr qu’une bonne partie de mes potes ne vont pas aimer ça, surtout les métro. Pas de soucis. Moi je le prends au second degré mais tout en respectant leur gentillesse, car comme je viens de le dire, ils ont été top.
Vite fait, le gérant de l’hôtel m’a dit que si je voulais me marier, il pouvait me trouver une femme . Heureusement que je suis pas là pour ken et heureusement qu’il faut se marier pour le faire, je s’rai pas tenté par la couleur locale, même si elles sont très belles, pas touche !!
Enfin, j’ai quand même un peu parlé politique mais c’est pas moi qui ai amené le sujet sur la table. Ils aiment vraiment pas leur Président dis donc. A voir s’ils arrivent à s’en défaire et si oui comment, ça reste à suivre car ce serai un bel exemple de liberté et sûrement de pacifisme. En tout cas, on m’a aussi dit que c’était la racaille comorienne qu’ils envoyaient à Mayotte. J’avais déjà lu un truc comme ça disant que les français râlaient car les autorités comoriennes laissaient leurs gars partir. Comme tout ça trouve une logique ...
Bisous
Comores 2, la religion musulmane
Désolé d’écrire encore, c’est la période des découvertes morales, viendra le temps des belles photos la semaine prochaine. Mais j’ai enfin eu LA conversation que j’attendais avec un musulman, hier soir pendant 2 heures. Pas avec un Immam, mais un croyant pur et dur. Et beh je reste non croyant. C’est pour ça que je ne développerai pas mes arguments et ses réponses, car tout ça reste personnel. Ce que je tiens juste à préciser, c’est que j’ai un respect énorme pour cette religion qui reste malgré tout super ouverte, on a parlé sans tabou du terrorisme, des caricatures, de la condition de la femme, des morts à la Mecque, des réponses de la science, des autres religions ... on a vraiment parlé de tout, dans le calme et la sagesse, malgré les questions et contradictions que j’ai posées. Les réponses ont toujours été argumentées et tout simplement, on croie ou pas mais ce n’est pas une raison pour être islamophobe. D’ailleurs, l’intelligence des musulmans est simplement de nous accepter quelque soit notre religion. Ils disent juste que si nous ne croyions pas en Dieu et son prophète Mahomet nous n’irons pas au Paradis. C’est peut être là qu’on peut y voir du fanatisme et c’est ça qui est dangereux quand c’est mal interprété. Mais aucun endoctrinement, nous sommes tous libres de choisir notre voie. Il est bien écrit que ceux qui ne croient pas sont des mécréants, mais aucunement qu’on doit les tuer, loin de là.
Celui qui a passé son temps à m’expliquer tout ça, dans un très bon français, s’appelle Inram, d’une bonne cinquantaine d’année. Et c’est un sacré joueur de pétanque !
Ça m’a fait penser à mes potes réunionnais qui me parlent de spiritualité, de la voie de la sagesse : la conclusion de chacun est que nous sommes faits pour nous aimer, quelques soient nos croyances. Amour et tolérance.
En tout cas, ça c’est fait, je ne reviendrai ni marié ni converti
Aparté
Embarqué pour aller à Moheli, bateau qui a un jour de retard, agence ou j’achète le billet me dit départ 11:30, matelot me dit 18:00.... et faut 7 à 8 heures pour arriver à destination ! Beh mon pote, on n’est pas prêt d’aller voir nager les tortues en plus je viens de voir qu’il y avait un bateau derrière nous, on est mal barré !!
Comores 3 : Noël
Quel Noël mes amis ! Sûrement le plus pourri de ma vie, mais paradoxalement je suis franchement bien. Sur un rafiot pourri qui pue le mazout, avec comme place une banquette en ferraille avec juste une natte dessus. Je dis pas que j’aime vivre comme un clodo, ma situation est privilégiée, je sais que je vais retrouver mon petit confort à la Run. Mais c’est inexplicable comme sensation. Tu distingue la silouhette de la terre qui approche, la lune et les étoiles sont magnifiques, le sillon tracé est beau... je navigue vers l’inconnu, moment de rare plénitude ou tu te sens exister, ce qui fait la beauté de l’aventure.
J’ai parlé avec un des gars lui disant qu’on allait arriver tard, que je savais pas où dormir. Et là encore on me répond qu’il va me trouver un endroit pour dormir. En voyant le chargement durer, j’me dit que j’aurai pas à bouffer pour ce soir, car on devait initialement arriver vers 17:00 (heure à laquelle nous sommes parti en fait ). J’en parle et hop, on m’emmène en 4x4 vite fait chercher un casse dale. Je demande si je peux laisser mes affaires sur le bateau, bien sûr y a pas de problème. Au retour, les affaires sont encore là. On va dire que je joue avec le feu mais pourtant, on peut juste faire confiance et c’est bon, ça passe.
Pourtant je me rend compte que c’est intéressé, l’étranger est mis en avant. Mais contrairement à Mada, ils ne demandent rien. C’est peut être plus vicieux, car ils se plaignent souvent de leur situation, y a toujours un cousin ou autre qui a un problème de santé, mais on te demande rien. Par contre ils sont plus fainéants qu’à Mada, ça se sent rapidement. Par exemple, c’est très véhiculé ici, j’ai pas vu un seul gars pousser une charrette remplie de sacs de ciment dans le sable, d’ailleurs y a des routes. Ils prennent toujours la bagnole ou la bécane, même pour faire 500 mètres. Ça me fait repenser à la petite Tahina qu’il faut quand même remettre à l’honneur : tellement menteuse mais pourtant elle bossait toujours quand elle était avec moi, a eu payé le loyer une fois, nous faisait bouffer les 2-3 derniers mois avec ses petits business. Je pense que c’est impossible de voir ça aux Comores. Si tu veux une femme, faut se marier direct ! En plus, j’ai appris qu’il y avait plus de comoriens vivant à l’étranger qu’il n’y en a dans leur propre pays, ils envoient tellement d’argent à la famille que ça représente quand même 25% du PIB, c’est énorme ! Peut être que ça favorise aussi le « fainéantisme ».
J’ai parlé avec une des filles de la dame chez qui je prenait certains repas : je lui donnait des infos pour faire du business mais je voyait bien qu’elle s’en branlait comme de son 1er Tampax, elle ne cessait de répéter qu’elle rêvait de se trouver un mari riche ou occidental. Dommage pour elle. A ce propos, quand on parle des occidentaux ici, on dit les « mounzoungo », comme on dirait le vazaha a Mada ou le zoreille à la Run. C’est bien d’apprendre ce mot comme ça même si tu comprend rien, en tendant l’oreille tu sais s’ils parlent de toi, ça peut toujours servir. Suffit de dire « c’est moi le mouzoungo », ils te répondent que tu comprend bien, ça sème le doute ...
Donc au niveau sécurité et hospitalité, rien à redire, pourvu que ça dure.
Pour finir, je suis donc arrivé à Moheli et je pense que je vais y rester jusqu’à la fin. Comme je l’avait supposé au début de ce texte, j’ai bien été logé gracieusement en arrivant par le port de Fomboni, je suis maintenant à Itsamia, petit village pittoresque et mignon. Il y a plein de choses à faire aux Comores en général mais je dois reconnaître une lacune mal anticipée : c’est un peu compliqué de trouver un gars qui s’exprime bien en français à chaque fois pour expliquer pourquoi je débarque à l’arrache. Compliqué d’aller chez l’habitant car ils ont un peu honte de leur logement et j’ai pas les moyens de payer 25 € par nuit, le prix moyen des hôtels ici. Là je suis dans une asso, tarif négocié à 10€ la nuitée au lieu de 20, dans une case privée en dur, j’ai 3 magnifiques baobabs devant chez moi (photo), juste au bord d’une des plus grande plage de reproduction des tortues au monde paraît il, en tout cas tu en vois les traces partout, je ferai une petite vidéo. Normalement je devrais assister à la ponte dans quelques jours, j’ai demandé à y aller un soir de pleine lune pour bien y voir et essayer de filmer aussi (flash interdit, ils respectent la tranquillité des bestioles).
On m’a dit qu’une tortue qui pondait ici viendrai toujours repondre ici, alors qu’elle va naviguer des milliers de kilomètres jusqu’en Australie !! GPS intégré, c’est beau la nature.
Il y a de quoi nager sans se soucier des requins, plonger en snorkeling, marcher un peu (compliqué d’ailleurs aussi ça ici car y a pas beaucoup de sentiers en fait, t’as toujours besoin d’un guide, des petits trucs que j’avais pas forcements prévus). Mais c’est pas grave, le coin est vraiment joli et je vais pouvoir m’occuper un peu en leur filant un coup de main pour remettre en état le site, ils ont pris chers à cause du Covid, les lieux sont un peu à l’abandon et le gouvernement fait que dalle.
Ce village est très connu dans l’Ocean Indien apparemment, surtout par les biologistes marins, y’a d’ailleurs des gens de Kélonia qui viennent mi janvier. Pour les métro, Kélonia est une asso à la Run qui s’occupe, entre autre, de soigner et étudier les tortues.
Madameso (à bientôt)