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L’OBSTINATION, un trait spécifiquement humain ?

Publié le 01 janvier 2021 par Santelog @santelog
Pourquoi sommes-nous prédisposés à continuer d'essayer, même lorsque nous savons nos efforts vains ? (Visuel Adobe Stock 221074313)Pourquoi sommes-nous prédisposés à continuer d'essayer, même lorsque nous savons nos efforts vains ? (Visuel Adobe Stock 221074313)

Pourquoi sommes-nous prédisposés à continuer d'essayer, même lorsque nous savons nos efforts vains ? Est-il si difficile de « lâcher prise » et de mobiliser notre raison pour passer par pertes ces coûts irrécupérables ? Cette étude de sociologues de Georgia State University, menée sur des singes et publiée dans les Scientific Reports, nous en apprend beaucoup sur la manière dont, face à un projet ou un objectif difficile ou irréalisable, notre cerveau fonctionne.

 

Car les singes, comme les humains, sont capables d’obstination et de persistance dans les tâches dans lesquelles ils ont déjà investi. Ainsi, les humains ne sont pas les seuls à rester embringués trop longtemps dans une relation ou dans un projet qui ne mène nulle part. Cependant, les humains sont particulièrement réticents à « se faire une raison » et à abandonner un objectif auquel ils ont déjà consacré du temps et des efforts.

L'investissement de « coûts irrécupérables », un comportement évitable ?

Le but de l’étude est de mieux comprendre ce processus qui consiste à engager ces « coûts irrécupérables » alors que même nous sentons bien que c'est en pure perte. L’idée, derrière l’étude est de pouvoir réduire ce comportement autodestructeur, associé par les chercheurs à 2 facteurs majeurs :

  • l’existence d’un mécanisme évolutif, profond et ancien qui nous aide à équilibrer le rapport « bénéfice-risque » ;
  • l’incertitude bien sûr, qui peut être résumée par la pensée : « on ne sait jamais, cela pourrait marcher, alors pourquoi ne pas continuer ? ».

Cette expérience est menée auprès de 26 singes capucins et de 7 macaques rhésus, des animaux capables du même comportement. Les animaux ont été mis en situation de jouer à un jeu vidéo simple dans lequel ils utilisaient un joystick et devaient déplacer un curseur sur une cible en mouvement et le maintenir sur la cible pendant que la cible continuait à bouger. S'ils réussissaient, ils entendaient un « whoo » qui indiquait qu’ils avaient gagné et obtenaient une friandise. Si leur curseur perdait le contact avec la cible en mouvement, ils n'obtenaient pas de récompense et un nouveau tour commençait. Après avoir été formés, l'expérience les a testés sur des tours de 1, 3 ou 7 secondes.

L’expérience montre que les 2 espèces de singes s’engagent dans un processus de coûts irrécupérables : « Ils persistent 5 à 7 fois plus longtemps qu’un comportement optimal », expliquent les chercheurs, et plus ils persistent dans l’erreur et plus « les coûts irrécupérables » sont élevés ». L'incertitude joue un rôle clé dans ce comportement, car lorsque les singes reçoivent un signal indiquant qu'un effort supplémentaire est nécessaire pour réussir, ils deviennent moins enclins à maintenir cette obstination.  

Ici, l’observation de l’animal décrit ce comportement comme ancré dans l'évolution. Cependant, les chercheurs suggèrent que chez l'Homme, des capacités cognitives supérieures, comme la rationalisation pourrait permettre de contredire cette prédisposition au phénomène des coûts irrécupérables.

En nous comparant à l'animal, l'étude nous rappelle qu'il y a parfois une bonne raison d'abandonner, même si nous sommes prédisposés ou programmés pour continuer à essayer.

Source: Scientific Reports 23 November 2020 DOI : 10.1038/s41598-020-77301-w Capuchin and rhesus monkeys show sunk cost effects in a psychomotor task

Lire aussi : DÉPRESSION : C'est parfois une opportunité de lâcher prise

Équipe de rédaction SantélogJan 1, 2021Rédaction Santé log




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