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Bilan de l'année 2020

Par Balndorn
Bilan de l'année 2020

Je terminais mon bilan des années 2010 sur ces mots : « Que me réserve la nouvelle décennie ? Comment évoluera ma cinéphilie ? Je ne saurais le dire. Je crois, malgré tout, que quelque forme qu’elle prenne, elle restera aussi vivace que lorsque je découvris le cinéma ».

Sans le savoir au moment où j’écrivais ces lignes, j’ignorais que ma cinéphilie pût prendre une telle claque en 2020. Le visage d’Organistea radicalement changé cette année-là.

Une cinéphilie confinée...

Comme tous les habitués des salles obscures, je n’eus guère l’occasion de fréquenter les salles de cinéma. J’avais pourtant enfin retrouvé un rythme qui me convenait, en allant voir un film une, deux ou trois fois par mois au petit cinéma de Choisy-le-Roi, dont j’avais pris la carte abonné, comme je vous le racontais dans mon palmarès 2019. L’année avait malgré tout excellemment débuté. Coup sur coup, j’enchaînais les géniaux Les Filles du docteur Marchet 1917, avant de visionner le certes mineur mais bon tout de même Richard Jewell, cuvée 2020 de Clint Eastwood. Mi-février, en attendant qu’arrivent de meilleurs films avant Cannes, je mettais donc en suspens ma fréquentation des salles de cinéma… et n’y remis toujours pas les pieds depuis lors.

Et pour cause : le coronavirus et les deux confinements qu’il a provoqués ont sérieusement blessé l’industrie cinématographique. D’une part, la plupart des films voyaient leur sortie décalée ; et, d’autre part, constatant le déclin dramatique de la fréquentation des salles, bon nombre de distributeurs préférèrent reporter à 2021 ou 2022 les grosses sorties attendues. En conséquence de quoi 2020 s’avère une année maigre au point de vue cinéphile.

Certes, plusieurs distributeurs basculèrent sur d’autres canaux, à commencer par la VOD. En outre, grâce à des pratiques plus ou moins légales, je pus accéder aux œuvres dont j’avais raté le passage en salle. Mais aucune ne me laissa de souvenirs mémorables : ni la nouvelle adaptation en prises de vues réelles de Mulan, ni la farce historique qu’est Jojo Rabbit.

Il en alla de même pour les autres productions culturelles – certes très minoritaires – que je couvre pour Organiste. En février, j’eus la chance de visiter avant qu’elle ne ferme la très médiatique exposition Léonard de Vinci au Louvre. Quelle ne fut pas ma déception !... Mais, comme pour toutes les sorties culturelles cette année-là, ce fut l’une de mes dernières.

... pousse à investir d'autres activités

Au vu de ce tableau des plus sombres, on pourrait me croire verser dans la dépression, telle une plante privée de la lumière du soleil. Or, à la vérité, ne pas chroniquer de films ne m’a pas manqué. Au contraire : ce gain de temps m’a permis d’investir d’autres activités. D’un côté, l’absence de critiques cinématographiques n’a pas signifié l’absence de toute écriture ; tout au long de l’année, j’ai mis à profit mes talents de plume en recensant quelques ouvrages aussi bien pour la nouvelle revue Topophileque Le Monde diplomatique et Reporterre, le quotidien de l’écologie – dont je suis par ailleurs devenu le chroniqueur régulier mi-novembre. De l’autre, libéré du travail de critique, je pus accompagner dignement mon grand-père, atteint de graves problèmes de santé physique et mentale, jusqu’à la fin en octobre dernier, et soutenir au mieux les membres de ma famille durant cette rude épreuve. Par ailleurs, ma compagne s’étant lancée dans la dernière ligne droite de sa thèse – à savoir la rédaction de près de 400 pages –, j’ai passé bon nombre de weekends à relire ses chapitres, en lieu et place de ses directeurs.

Enfin, il faut dire que l’une des raisons qui me poussait à écrire autant s’est effacée en début d’année. Depuis mon entrée à l’EHESS en septembre 2018 et malgré quelques pics d’activité et d’intérêt, j’avouerai m’être assez souvent ennuyé dans mon travail, ne me sentant pas vraiment fait pour le métier de chargé de communication. Heureusement, une équipe géniale – que j’eus le regret de quitter il y a deux semaines pour entrer au CNRS – me procurait la joie nécessaire à l’accomplissement de mon travail. Or, début décembre 2019, un tout jeune et nouveau responsable prenait la tête du service communication de l’École. Jugeant – à juste titre – mes compétences rédactionnelles insuffisamment exploitées, il me confia la majorité des productions éditoriales de l’EHESS : actualités, communiqués et relations de presse, suivi de projets scientifiques, etc. Mes efforts culminèrent fin mars au lancement du premier Carnet de l’EHESS : perspectives sur le coronavirus. De sorte que je conciliais enfin plaisir d’écrire, de produire du contenu médiatique et scientifique et sens du service public. Par conséquent, ayant moins à compenser qu’auparavant, mon rythme d’écriture de critiques déclina.

Et pourtant, un blog résilient

Étonnamment, Organiste survécut à cette panne de nouveautés – et même, si l’on rapporte la fréquentation de cette année aux précédentes, traversa rudement bien cette série d’épreuves, n’encaissant qu’une légère baisse, aisément rattrapable les prochaines années. Cette résilience tient pour partie d’une stratégie de ma part de ne pas laisser le rythme de publications – en pleine forme depuis quelques mois – s’effondrer pendant le premier confinement. Je profitais ainsi de l’arrivée des films Ghibli sur Netflix pour ressortir mes vieilles critiques et chroniquer ceux qui manquaient. De même, je saisis chaque actualité filmique pour remettre en avant tel ou tel papier.

M’attribuer tous les mérites serait cependant déformer la vérité. J’eus beaucoup de chance, il faut dire. Premièrement, la longévité du blog (cinq ans déjà !) a permis d’enraciner certains papiers anciens, devenus sources d’autorité dans leurs domaines respectifs. Ainsi, l’une des premières sources de trafic reste jour après jour mon texte sur Caligula, vieux de bientôt quatre ans. Et pour cause : une rapide requête sur Google m’a fait remarquer que l’article figurait en tête de la recherche « Caligula absurde ». Je suis donc certain de bénéficier d’un public scolaire et professoral régulier. Dans le même ordre d’idées, les recherches « Perceval chevaleresque » et « Le Château ambulantsteampunk » ramènent respectivement au chapitre de mon mémoire de L3 consacré au héros de Kaamelottet au film de Miyazaki

Secondement, j’ai pu bénéficier d’un immense coup de pouce à la suite de l’adaptation sur YouTube en avril dernier de mon article « Les super-héroïnes se battent-elles comme des filles ? », paru en novembre 2019, par la vidéaste Léa Bello. Elle y citait notamment ma critique dithyrambique de Captain Marvel qui, naturellement, connut un pic de fréquentation les jours suivant la mise en ligne de la vidéo et tient la tête du classement de mes articles les plus consultés cette année.

En somme, 2020 aura d’ores et déjà accompli pour partie les perspectives que je dessinais en début d’année pour la nouvelle décennie. Ma cinéphilie aura muté ; mes pratiques d’écriture également. Reste à voir comment 2021, qu’on espère meilleure – ce ne sera pas difficile – que la précédente, infléchira les tendances à l’œuvre cette année-là.

Sur ce, je vous souhaite une excellente année, immensément plus riche que 2020 !

Maxime

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