Au fil de l’actualité…Editorial par Stéphane Sahuc – Inhumain

Dans quel monde vivons-nous ? Comment est-ce possible qu’un préfet donne l’ordre à ses services d’aller, au petit matin, lacérer les tentes, pauvres abris de fortune de migrants qui n’ont que cela pour se protéger un peu du froid ? Nous ne parlons pas là de « mise à l’abri », mais bien d’une stratégie délibérée de destruction des quelques biens que possèdent des êtres humains qui ont tout abandonné pour venir chercher refuge sous de cieux qu’ils pensaient plus cléments.

L’objectif affiché de ces destructions est d’éviter les « points de fixation ». Une stratégie qui n’a ni queue ni tête…Qui peut penser que laisser ces hommes et ces femmes dans des conditions toujours plus invivables et anxiogènes fera disparaitre les raisons qui les poussent à partir. Non ! Rendre plus difficiles la vie et la survie des migrants n’a d’autres conséquences que …de leur rendre la vie plus insupportable. Cela fait maintenant plusieurs années que les réfugiés sont victimes d’une politique agressive visant à les dissuader de venir en France.

Cela fait des années également que ceux qui les aident, qu’ils soient des particuliers ou des associations, se voient mettre des bâtons dans les roues ou des procédures judiciaires dans les dents. Et pourtant, ni le « délit de solidarité » ni les « évacuations » et les expulsions n’ont entrainé la moindre réduction du nombre de migrants. Preuve de l’absurdité du théorème de « l’appel d’air » selon lequel « si on accueille mieux, plus de gens vont venir ».

A Calais, comme à Paris ou encore à la frontière franco-italienne, la question de la gestion des migrants est pensée non comme une politique de l’accueil qui permette aux migrants et aux populations de vivre en harmonie, mais comme une opération de communication gouvernementale avant tout. Car personne ne peut être dupe : la seule intervention policière ne règle en rien l’insuffisance structurelle des capacités d’hébergement. Mais ce message d’un pouvoir qui fait plus preuve de fermeté et d’égoïsme que d’humanité et de solidarité vise un but : concurrencer la droite et l’extrême droite en prévision des échéances de 2022.

Temps forts : Humanité du mardi 5 janvier 2021