Dans une interview accordée aux confrères du journal ‘’Le Monde’’, le Chef de l’Etat tchadien n’a pas trouvé nécessaire de s’encombrer des facéties et des oripeaux de la diplomatie pour dire ses quatre vérités sur la politique interventionniste de la France en Afrique et particulièrement dans son pays le Tchad, dont il tient les rênes depuis plusieurs décennies.
« Idriss Deby Itno vous êtes à la tête de cet Etat depuis 27 ans, comment peut- on peut expliquer la longévité presque éternelle d’un certain nombre de Chefs d’Etat africains ? Vous êtes arrivé au pouvoir à l’âge qu’a Macron aujourd’hui, est-ce qu’on est président à vie quand on est président du Tchad par exemple ? ». À cette question plus ou moins insidieuse, Deby a, dans un fair-play inouï et déconcertant, pris ses interlocuteurs à contrepied.
Pour lui, sa longévité au pouvoir tient à deux choses. Tout d’abord il estime qu’il n’est pas un homme heureux, et qu’il n’a jamais été heureux. Sa jeunesse il l’a passé dans la guerre, et au sortie de celle-ci, il a eu la lourde responsabilité de diriger son pays. Néanmoins, il fait savoir qu’il aurait souhaité, comme il l’avait promis en 2002, s’arrêter au second mandat, c’est-à-dire en 2006. Malheureusement la guerre a éclaté, les rebelles étaient aux portes de Ndjamena.
S’il lui incombait la responsabilité de ramener la paix et la stabilité dans son pays, il avait toujours à cœur, de partir n’eût été la France qui a usé de tous les stratagèmes pour changer la constitution, ceci, à son corps défendant. « Je le dis haut et fort, la France a intervenu, je dis bien je n’ai pas demandé, j’ai dit, je ne peux pas changer la constitution… » il cite d’ailleurs le feu Président gabonais Omar Bongo comme témoin de la demande de la France ainsi de son refus de changer la constitution.
Mais en dépit de son refus, la France qui a des bras très long en Afrique, dit-il, est passée par les uns et les autres pour changer la constitution Tchadienne. « Maintenant ce sont ceux-là qui ont changé la constitution qui me critiquent… C’est toujours la France qui fait, c’est toujours la France qui critique et c’est toujours la France qui est derrière », a-t-il martelé au journalistes français quelque peu confus.