J’ai persisté car je me suis dit qu’il y avait quand même des qualités à La Chronique des Bridgerton. Notamment ce côté Gossip Girl et certains dialogues assez sympathiques mais dans son ensemble, la première série Shondaland proposée sur Netflix depuis le juteux contrat signé par Shonda Rhimes avec la plateforme est loin d’être brillante. Basée sur les romans de Julia Quinn et adaptée par Chris Van Dusen (Scandal, Grey’s Anatomy), cette série a parfois eu du mal à m’accrocher. Pourtant il y a dans La Chronique des Bridgerton tous les ingrédients pour me séduire : l’esthétique pop où l’on sent que chaque couleur a été choisie spécialement pour faire briller notre rétine, le casting plutôt séduisant et une vision de l’amour moderne à une autre époque. Mais par moment je passais complètement à côté du récit car justement le point faible de La Chronique des Bridgerton c’est son récit. Car si les dialogues sont assez bien troussés et apportent un rythme à la série, les histoires des personnages sont guère palpitantes. C’est d’ailleurs assez creux là où la série aurait pu créer une narration plus palpitantes. Quand on voit ce que Shonda Rhimes produit ailleurs, j’étais en droit d’attendre plus de la part de cette série.
À Londres, pendant la Régence, Daphne Bridgerton, fille aînée d'une puissante dynastie, est censée se trouver un mari, mais la concurrence est rude et ses envies sont ailleurs...
La superficialité du récit aurait pu être amusante si justement La Chronique des Bridgerton assumait tous ses problèmes pour mieux les moquer. Lady Whistledown est donc Gossip Girl dans ce récit de l’Anglette du début du XIXe siècle. Elle publie un journal de ragots que les membres de l’aristocratie britannique adorent lire. C’est ainsi que La Chronique des Bridgerton déballe alors les prémices de son récit mais elle ne fait rien de bien étonnant pour autant avec tout ça. Daphne Bridgerton est au coeur de toute cette première saison et de l’attention de plus ou moins tous les personnages qui l’entoure. Mêlant parfois habilement son côté sarcastique avec des influences pop en tout genre, la série a des idées mais ce qui aurait été plus intéressant c’est qu’il y a autre chose que le vide derrière l’histoire de ces personnages. Peut-être que dans la tête de Chris Van Dusen il fallait surtout du sexe à profusion, des gens beaux qui n’ont de cesse de coucher ensemble pour intéresser les téléspectateurs de Netflix. De ce point de vue là, La Chronique des Bridgerton a les mêmes problèmes qu’une autre série récente de la plateforme : Tiny Pretty Things, dans un registre différent.
Mais la série reste superficielle là où elle aurait pu apporter un peu de profondeur sur l’époque, notamment sur les questions de luttes raciales. Plutôt qu’aller loin sur le sujet, La Chronique des Bridgerton préfère rester en surface et surnager avec plus de clichés que de vrais moments où les personnages auraient pu m’attacher à eux. Bien entendu, La Chronique des Bridgerton arrive à point nommé aussi dans une période sombre de notre époque. Elle est légère et c’est presque sa (seule) qualité. On se laisse prendre au jeu (après que j’ai quand même eu du mal à déguster les deux premiers épisodes) de ces personnages. Ça se consomme et ça s’oublie rapidement car je n’ai pas réussi à entrer dedans. Il y a des trucs sympathiques tout au long de la saison et notamment ces remix de titres pop connus de nos jours en version clavecin. Je dois avouer que la bande originale a le mérite d’être une vraie bouffée d’air frais qui réveille les oreilles (et le téléspectateur). Si La Chronique des Bridgerton lorgne clairement du côté de Gossip Girl, elle est loin d’être aussi bonne que l’ancienne série de The CW (dont le reboot arrivera sur HBO Max cette année).
Ainsi, je n’ai pas réussi à trouver de grandes qualités à La Chronique des Bridgerton si ce n’est sa capacité à ne pas briller et donc à être une série qui se consomme comme de la junk food. Il y a ici un plaisir coupable que je ne nie pas mais qui ne m’a pas embarqué comme j’aurais pu l’espérer. Une saison 2 a déjà été commandée par Netflix mais il serait bien de muscler le scénario et les intrigues. On retiendra peut-être que Daphne elle aime le cul et que la série ne le cache pas. D’ailleurs, tout ce que font les personnages peut d’un coup d’un seul partir en scène de sexe ou en partouze.
Note : 4.5/10. En bref, en dehors de dialogues parfois savoureux, La Chronique des Bridgerton n’incarne rien si ce n’est quelque chose de creux se reposant sur la plastique de son casting qui aime le sexe.
Disponible sur Netflix