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Au fil de l’actualité…. »A 19 ans, j’ai l’impression d’être morte. Je n’ai plus de rêves «

Publié le 16 janvier 2021 par Particommuniste34200

 » Monsieur le président,

A 19 ans, j’ai l’impression d’être morte. ( … ) Je dois travailler. Je n’ai que ça à faire non? C’est tout ce que l’on me demande, la seule activité qu’on m’autorise. J’ai 19 ans et mon bureau c’est ma chambre. C’est aussi mon lieu de repos, d’appel, de film, et même parfois de cuisine. Tout se confond dans mon esprit. Rentrer chez moi après une journée d’amphithéâtre n’est plus satisfaisant, les cours c’est ma chambre, ma chambre c’est les cours.

La réalité , Monsieur le président, c’est que je n’ai plus de rêves.

Tous mes projets s’écroulent les uns après les autres, au même rythme que mon moral décline.

Au début c’était drôle, au début c’était nouveau. (… )

Mais là, stop. Il n’y aé plus rien d’amusant.

Relativiser ça va un temps. Nous ne sommes pas des machines, vous ne pouvez pas nous demander de travailler et de la fermer. J’adore mes études mais je stagne, la productivité est à des années-lumière de moi, j’essaye de me reprendre mais c’est pire chaque jour.

Parfois je pleure devant mon ordinateur. Ma vie n’a aucun sens et mon avenir est bouché. Je ne me projette pas trop loin, pour me protéger, pour tuer l’espoir avant qu’une autre de vos mesures ne vienne le faire à ma place.

Si on n’a ni espoir, ni perspective d’avenir à 19 ans, il nous reste quoi ? ( … )

Je sais que je ne suis pas la seule, et je sais que je fais partie de ceux qui vont bien. Beaucoup sont en décrochage scolaire, en perte d’estime de soi, en souffrance. Ces jeunes qui vont mal, c’est l’avenir du pays Monsieur le président, et vous le fragilisez, vous le félez, vous le négligez.

Un étudiant s’est jeté du quatrième étage à Lyon il y a quelques jours. Une information qui passe, simple dommage collatéral d’une pandémie mondiale.

Mais nous les étudiants ne sommes pas mentionnés à la prochaine allocution, si des alternatives ne sont pas trouvées, si personne n’a la décence de nous faire retourner au moins en travaux dirigés, ce sont des centaines d’étudiants que vous retrouverez écrasés sur le bitume.

On existe bordel, faut-il qu’on meure pour que vous vous en rendiez compte? ( … )

Les centres commerciaux sont bondés, les gens se marchent dessus, et on ose nous dire qu’on ne peut pas se rendre en cours, ne serait-ce qu’en demi-groupe dans le respect des mesures barrières ?

Ce n’est tout simplement pas entendable, pas acceptable. ( … )On a fait notre part. Maintenant, rendez-nous un bout de vie. « 

Lettre ouverte devenue virale envoyée à Emmanuel Macron .

Heïdi Soupault  étudiante en deuxième année de sciences politiques à Strasbourg


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