Parmi les différents usages très efficaces du storytelling : aujourd'hui, la façon dont les cartographes peuvent s'en servir.
Cet article a été réalisé à partir des travaux de recherche de Carolyn Fish, du département de géographie de l'université de l'Oregon aux Etats-Unis, et publiés dans la revue Cartographica en 2020.
Les cartes peuvent raconter des histoires :
Oui, des cartes peuvent raconter des histoires. Pour ma part, j'ai formé, au sein d'un groupe de créateurs d'entreprises, une illustratrice dont le coeur de travail s'articulait autour du média carte géographique au service de la communication des entreprises, des marques... En racontant des histoires évidemment. Son art a un peu évolué depuis, et ses projets aussi, mais on reconnaît toujours l'aspect carte dans ce qu'elle fait.
C'est une chose. Maintenant, est-ce que les cartographes peuvent eux-mêmes utiliser le storytelling au moment de concevoir leurs cartes ? C'est à dire comme méthode de travail et comme aide à la prise de décision. C'est ce sur quoi s'est penchée la chercheuse américaine. Bien entendu, la réponse est oui. Pourquoi écrirais-je cet article, sinon ?
Intéressant également : la chercheuse s'est intéressée à un thème particulier des cartes : le changement climatique. C'est donc sur ce sujet que je vais me focaliser. Bon, ça tombe bien, c'est d'actualité.
L'intérêt du storytelling pour des cartes traitant de sujets complexes tels que le changement climatique :
- Présenter des données complexes sous forme d'histoires réduit leur complexité
- Une visualisation sous forme d'histoire permet d'éclairer des chaînes de cause à effet. Cela fonctionne. Car, au lieu présenter des faits complètement déconnectés, ce sont des séquences d'événements qui sont présentées
- C'est la combinaison d'une exploration du sujet et d'une communication, le storytelling étant à la fois exploratoire (la data) et communicant (l'histoire)
La méthode storytelling des cartographes :
Il s'agit de trouver des pistes d'histoires pour lesquelles des ensembles de données sont disponibles. Ensuite, les cartographes déterminent comment l'intégration de cartes, d'éléments graphiques, de photos et de texte peut raconter l'histoire.
Tout cela se passe dans le cadre de séances de génération d'histoires à cartographier (ou de cartes à rendre narratives). Un peu comme des séances de créativité publicitaires.
Là, ce qui peut surprendre, c'est que ce sont des scientifiques qui s'occupent de cela. Oui, des scientifiques s'occupent de concevoir des histoires. Ils mettent en rapport les éléments de l'histoire et les données. En somme : identifier le récit de la source scientifique. Pas une mince affaire.
- Réduire la complexité de l'histoire :
Cela passe par des métaphores. Ces métaphores sont utilisées pour générer des idées de rendu visuel de concepts. L'objectif est de ne pas se contenter de reporter "littéralement" des mots sur la carte, mais d'avoir plus de créativité, avec des éléments cartographiés se situant plus dans une logique d'évocation que de transposition. Et cela passe encore mieux si la métaphore fait référence à quelque chose de familier pour le public.
Concernant le changement climatique, par exemple (sujet d'étude de la chercheuse de l'université de l'Oregon), la métaphore permet de rendre moins abstrait le concept.
Pourquoi vous parler de cartographie ? Il y a quand même peu de chance que vous soyez à la fois cartographe et que vous lisiez ce blog. Mais, vous devez certainement, soit faire vous-même, soit superviser des représentations graphiques. Illustrations, infographies... Et pour qu'elles soient efficaces, il faut absolument qu'elles racontent une histoire. Ok ?
Si, malgré cette recette issue de la recherche universitaire, vous ne vous sentez pas de réaliser vous même vos représentations visuelles narratives, et bien nous pouvez nous demander de le faire pour vous.