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Billet n°1 : Sur les relations de couple et le désir d'enfant

Publié le 28 janvier 2021 par Maryelen

Les blogs personnels ne sont plus à la mode, peu importe.

La nécessité de coucher par écrit ce que je ressens s'est imposée de manière impérieuse.

L'écriture s'est largement démocratisée avec Internet. Contrairement à ce qu'on pensait, de plus en plus de personnes allaient écrire, se faire connaître, et même produire leurs propres ouvrages via l'auto-édition.

Lorsque j'avais 10 ans, j'écrivais comme je respirais et avais écrit plusieurs nouvelles. Ensuite, j'ai écrit sur ce blog quelques billets sur des séries ou des films.

J'ai poursuivi l'écriture sur des cahiers, à la façon "journal intime", après l'abandon de ce blog. Pourquoi? le sentiment de manquer de légitimité. Pourquoi parler de quelque chose sur lequel aujourd'hui tout le monde peut se prononcer? En quoi ma voix serait-elle utile ? L'écriture et la parole sont donnés à tout un chacun, et il semble que leur valeur diminue d'autant. Ce qui fait la force aujourd'hui, c'est le groupe, le nombre de personnes qui "likent" ou "retweetent" le propos, pas nécessairement la "voix" qui l'exprime.

Parler pour ne rien dire, écrire pour ne rien dire, ou des banalités.

J'écoutais un podcast sur la situation de confinement en couple, et c'est le déclencheur de ce premier billet.

Le podcast évoque les difficultés du couple et la posture à adopter en cas de décision de séparation durant cette période, vis à vis du conjoint et des enfants.

La question qui me taraude depuis quelques temps est : ai-je envie d'avoir des enfants ? et si j'en ai envie, est-ce une injonction de la société, un biais cognitif ou un véritable désir ?

Lorsque j'étais en couple, je l'ai été pendant 4 ans, nous ne souhaitions pas envisager le mariage, ni les enfants, tant que notre situation ne serait pas "stable". Nous plaisantions allègrement sur la chance que nous avions d'être "libres de toute contrainte".

La séparation n'a pas été difficile les premiers temps, mais s'est faite de plus en plus pesante au fur et à mesure que les mois passaient. J'ai connu une personne qui a tenté de me réconcilier avec l'idée du couple, et je l'aurais cru volontiers si cette personne avait souhaité aller plus loin. C'était tout ce que je désirais.

Par dépit, par frustration peut-être, j'ai commis des erreurs ensuite qui m'ont coûté très cher sur le plan psychologique. Je serais mère célibataire aujourd'hui, si je n'avais pas pris la décision de faire machine arrière. Dès que je tombe sur un article critiquant l'intervention volontaire de grossesse, je ne peux empêcher mon coeur de se serrer.

J'aurais tellement souhaité que les choses se passent autrement, "normalement" comme pour une partie des couples qui accueillent un enfant, sans que les premières semaines se passent dans une détresse totale, ponctuées de larmes chaque jour que Dieu fasse.

Certes, j'avais le choix mais à quel prix? N'était-ce pas faire preuve d'égoïsme que d'accueillir un enfant dans un environnement monoparental, relativement pauvre pour lui, juste pour le plaisir d'avoir "son" enfant ?

Si cela ne s'était pas produit, aurais-je envie d'avoir un enfant ? En ai-je encore envie aujourd'hui? Je n'en suis plus certaine. Je pensais à une époque que la "libération" et l'indépendance de la femme se matérialisait notamment par le fait qu'elle puisse avoir et élever un enfant seule, sans le carcan d'un couple.

Or, j'ai pu voir de jeunes couples, ayant désiré un enfant, et dont l'éducation est prise en charge par chaque membre du couple à parts égales (ou s'efforce de l'être).

Là aussi, mon coeur se serre lorsqu'en dépit des vicissitudes de la vie, je peux voir qu'un tel projet est possible.

J'ai rencontré aussi des couples qui ont pris le parti de ne pas avoir d'enfant, pour diverses raisons : la situation économique et sociale, les bouleversements climatiques, la démographie...D'autres encore ont choisi d'adopter. Plutôt que de faire naître une "bouche à nourrir", pourquoi ne pas aider ceux que l'on a abandonné?

J'aurais aimé être dans la "team option 1" mais ces dernières positions s'entendent et de manière raisonnée, je peux me ranger à leurs arguments. Une fois un certain âge passé, il peut sembler plus rationnel de ne pas avoir d'enfant ou alors d'en adopter.

Se mettre durablement en couple sans jamais avoir d'enfant, qu'il soit adopté ou non, me paraît être du gâchis. On abandonne toute idée de transmission et cela me serre le coeur, encore une fois.

Pour l'instant, je suis dans la "team option 0", pas de couple, pas d'enfant. Je suis pétrie de paradoxes. Je m'attache aux personnes qui ne sont pas en capacité de faire des projections pour l'avenir et lorsque je rencontre quelqu'un qui l'est, j'ai peur de m'engager avec cette personne et je détale en courant.

Je lisais un livre ces derniers temps qui s'intitule "La fin de l'amour" d'Eva Illouz. L'auteure met en exergue la consumérisation des relations. Le sexe et la relation avec l'autre de manière générale est devenu un objet de consommation rapide via les réseaux type Happn, Tinder, Adopteunmec, etc., sans même qu'il n'y ait à recourir aux "professionnel(le)s du sexe" ou à des escorts. Selon son étude, la liberté sans entrave emprisonne l'individu dans un cycle sans fin de "non-relations". L'idée selon l'auteure est que l'on applique le même raisonnement qu'avec n'importe quel autre bien de consommation : par exemple "Si je peux avoir accès à l'ensemble du catalogue Tinder, pourquoi me fixer avec tel ou tel individu?"

En outre, selon elle, ces horizons illimités conduisent à une évaluation lapidaire de n'importe quel individu. "Si 500 autres personnes sont disponibles, pourquoi perdre son temps avec une seule personne ?" Le moindre défaut ou petit accroc devient une fin de non-recevoir. Notre habitude du "like" nous rendrait moins patient, moins empathique, plus prompt à "zapper" à n'importe quel moment.

To be continued...


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