Critique Ciné : Breeder (2021, VOD)

Breeder // De Jens Dahl. Avec Sara Hjort Ditlevsen, Anders Heinrichsen et Signe Egholm Olsen.

Au départ, je dois avouer que Breeder est tout ce qu’il y a de plus excitant. On retrouve ce rapport au corps de David Cronenberg (que Brandon a bien repris dans Possessor si jamais) mais rapidement le film tombe dans la série B des pays de l’Est. Tous les poncifs du film de viol des années 2000 sont là ce qui rend ce film presque désuet tant il n’apporte rien de neuf au genre. Breeder fait pourtant écho au cinéma de Xavier Gens (Frontières) ou de Pascal Laugier (Martyrs) ce qui permet aussi de le classer loin de tous les films d’horreur de torture porn américain (comme Saw ou Hostel). L’introduction est bonne mais la seconde partie du film le laisse répéter des schémas ennuyeux sans surprises. Surtout que le point de départ sur cette médecine expérimentale avait un véritable potentiel mais rien n’est fait pour aller au delà de cette belle introduction. J’adore les films d’horreur qui prennent plaisir à torturer les victimes car c’est aussi ce qui fait le genre en lui-même. Mais là, il n’y a rien d’inventif qui est proposé ce qui laisse le film divaguer dans tous les sens sans réellement apporter quoi que ce soit d’intelligent.

À la tête d'une entreprise renommée de compléments alimentaires, une femme d’affaires impitoyable ayant pour devise "vieillir est une maladie", sélectionne et enlève des jeunes femmes pour créer son produit miracle, qui permet d'inverser le processus de vieillissement. Lorsque Mia, la femme du plus gros investisseur de l'entreprise dont l'attitude lui paraît suspecte, part enquêter, elle se retrouve piégée, marquée comme du bétail, et torturée dans une installation souterraine sinistre...

Jens Dahl a le mérite de faire quelque chose d’intéressant visuellement mais le scénario ne parvient pas à lui rendre service. Le divertissement promis n’est pas présent, les dialogues sont ennuyeux et le tout se concentre ainsi sur les pires dépravations possibles. Mais si cela était fait au service du récit cela aurait peut-être quelque chose d’intéressant à apporter. Sauf que le film se veut choquant juste pour ce simple mot. Le torture porn aurait pu être remis au goût du jour par les danois mais ils sont coincés comme s’ils venaient de découvrir un genre que le cinéma d’horreur a déjà oublié. Le casting tente de faire oublier parfois la grossièreté du truc mais j’aurais peut-être mieux apprécié Breeder si celui-ci était sorti il y a quelques années quand le genre était encore en plein essor. Là c’est créer un univers qui n’inspire pas grand chose en oubliant toute la partie intéressante qui forgeait le point de départ : la médecine expérimentale afin de créer un produit miracle. Même si le point de vue féminin (qui est clairement l’angle d’attaque de cette histoire), Breeder manque cruellement de subtilité et se contente des basiques vus et revus.

Note : 3/10. En bref, le torture porn peut rester au placard si c’est pour reproduire ce qui a déjà été fait (autrement) il y a dix ans.

Sorti le 1er février 2021 en VOD