"Car c’est par l’écriture toujours qu’on pénètre le mieux les gens.
La parole éblouit et trompe, parce qu’elle est mimée par le visage, parce qu’on la voit sortir des lèvres.
Et que les lèvres plaisent et que les yeux séduisent. Mais les mots noirs sur le papier blanc, c’est l’âme toute nue."Guy de Maupassant
"Un perpétuel ressac
froisse et saque les thalles
rameux des goëmons
ponce un roc et le vent
prend le large et malmène
la calcifiée débâcle le labour
démantelé du ciel en démesure
qui fait merveilles
sur la mer à n’en plus finir
abolie par l’ombre désirable
éperdument natale
à nue mâture on s’y livre
à la voracité… à la hâte
hérissée de l’obscur"Henri Droguet extrait de: "Petits papiers (soliloque)\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[[[[{{{{{{{{{{
« Je n’éprouve pas de haine. Je souhaite simplement que le crime soit reconnu et que la justice soit faite »Tran To Nga " C’est le procès du premier écocide de l’histoire. Celui de l’« agent orange », un puissant défoliant dont 80 millions de litres ont été déversés sur le Vietnam par l’armée étasunienne entre 1964 et 1975. Le but : anéantir la forêt où se réfugiaient les combattants vietcongs et détruire les récoltes. Au total, entre 2,1 et 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés (selon une étude publiée dans la revue Nature en 2003), auxquels il faut ajouter des Cambodgiens, des Laotiens, des civils et militaires étasuniens et leurs divers alliés.
Parmi ces victimes de cette dioxine, Tran To Nga, une Franco-Vietnamienne qui se bat depuis des années pour que justice soit faite. Ce lundi 25 janvier, après six ans de patience et dix-neuf reports d’audience, elle fera enfin face aux responsables de ses souffrances. « Je n’éprouve pas de haine. Je souhaite simplement que le crime soit reconnu et que la justice soit faite », explique-t-elle d’une voie douce, lors d’une conférence de presse organisée par son collectif de soutien, Vietnam-Dioxine, le 21 janvier.
Ce procès au civil n’est pas seulement un combat individuel
Photos source ReporterreÀ la barre, quatorze sociétés de l’industrie qui ont fabriqué le produit chimique mortel [1], comme Monsanto (racheté par Bayer) ou encore Dow Chemical, défendues par une vingtaine d’avocats. Le combat de David contre Goliath. Mais Tran To Nga n’a jamais envisagé de baisser les bras. « Même si je suis fatiguée, je continue de me battre pour les millions d’autres victimes. » Car les conséquences sanitaires de l’agent orange ont non seulement ravagé la santé des personnes qui ont vécu la guerre, mais également celle de leurs descendants. « D’apparence, vous pouvez penser que je ne suis pas malade. Mais je le suis tout comme mes enfants et mes petits enfants », poursuit Tran To Nga. Les effets de l’intoxication se font aujourd’hui ressentir jusqu’à la quatrième génération : au moins 100.000 enfants sont atteints d’anomalies congénitales sérieuses. « Si je pouvais inviter les juges et les avocats des parties adverses à les voir, ils n’auraient plus le cœur à défendre des criminels. » Lary-Anne Chatez pour REPORTERRE
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